Fyctia
Chapitre 2 - Lewis
Comme chaque matin, je me réveille avec la boule au ventre. Il me faut un moment pour calmer les battements de mon cœur et faire redescendre la pression que je sens dans ma poitrine. Je reste allongé sur mon lit, les yeux fermés, et je fais des exercices de respirations. Lorsque je me sens un peu mieux, je me lève pour aller me préparer.
C'est idiot de ma part de me mettre dans des états pareils, je le sais. D'autant plus que je n'ai aucune raison d'être comme ça. Je suis juste un angoissé de nature. J'aime la routine, le calme... J'ai beaucoup de mal à me faire des amis tant je suis timide. Pour tout dire, je n'en ai que deux, et le premier n'est autre que mon grand frère. C'est dire si je suis asocial...
Alors pourquoi avoir décidé de déménager à prêt de trois heures de chez moi pour ouvrir une librairie dans une ville où je ne connais personne ? Tout simplement parce que j'ai eu un flash en voyant ce local, il y a deux ans, quand je suis passé devant pendant des vacances avec mon autre meilleur ami.
Ça faisait un moment que je voulais ouvrir ma propre librairie. J'ai toujours aimé les livres, et je me suis toujours dis qu'un jour je tiendrai une boutique comme celle-ci. En tombant sur ce petit bijou, j'ai pensé que c'était l'occasion rêvée. L'ancien propriétaire partait à la retraite et vendait son local à un prix tout à fait abordable. Sa seule exigence, c'était qu'il continue à servir de librairie. « Les gens ont besoin de lire, même s'ils n'en ont pas conscience », m'avait-il dit. Tout ce que j'avais eu à faire, c'était de remettre l'endroit au goût du jour, histoire que ce soit un peu plus cosy.
J'avais refais les peintures, acheté de nouvelles étagères, créé un petit coin lecture pour ceux qui voudraient rester un peu plus longtemps... J'avais aussi changé les luminaires et les lettres de l'enseigne. J'aurais pu changer le nom, mais celui-là me plaisait : Les milles feuilles. Je crois que c'est une des choses qui m'a séduit.
Mes parents ont été très surpris quand je leur ai annoncé que je partais m'installer loin de la maison pour ouvrir ma boutique. Ils pensaient, comme beaucoup de monde, que je finirais mes jours non loin de ma famille, à rester dans un environnement que je connaissais depuis toujours. Et c'est vrai que j'avais hésité à franchir le pas. Jusqu'à ce que Tom, mon meilleur ami, me pousse à saisir l'occasion. « On a qu'une vie, faut prendre des risques ! »
Mon frère aussi m'a encouragé à me lancer. Alors je l'ai fait.
Malheureusement, je suis toujours un peu anxieux quand je me réveille le matin. Je commence à connaître certaines personnes qui viennent régulièrement à la boutique, mais ça me stresse toujours de devoir les conseiller. J'ai peur de leur proposer des livres qui, au final, ne les satisferont pas, ou que les gens ne s'arrêtent même pas pour venir jeter un œil à mon magasin.
Je sais que, avec mes tatouages et mon air un peu renfrogné qui me colle au visage, on a tendance à croire que je suis une brute ou que je ne suis pas aimable. Une petite mamie qui vient souvent m'a d'ailleurs demandé un jour si j'avais fait de la prison. Je crois que je ne m'étais jamais senti aussi mal à l'aise de toute ma vie.
Rectification.
Il y a bien eu un moment où je me suis senti encore plus mal à l'aise. C'était le jour où j'ai rencontré la patronne de la chocolaterie d'en face. Elle est venu se présenter et moi, tout ce que j'ai su faire, c'est bredouiller quelques paroles inintelligibles. Je ne suis même pas certain qu'elle m'ait compris quand je lui ai dit comment je m'appelais. Elle avait dû penser que je l'avais envoyé balader.
J'ai juste été surpris quand elle est arrivée comme ça, avec sa joie de vivre et son regard pétillant. Et quel regard ! Des yeux bleus turquoise, je ne savais même pas que ça pouvait exister.
Depuis ce jour, je n'ai pas réussi à revenir vers elle pour m'excuser de mon comportement. Chaque fois que j'ai l'occasion d'aller lui parler, je me dégonfle à la dernière seconde. Et ce petit manège dure depuis plusieurs mois, maintenant. Elle va vraiment finir par croire que je l'évite.
Si Tom et Zack me voyaient, ils se foutraient bien de ma gueule.
7 commentaires
Ivaloo
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Il y a 4 ans
Angèle G. Melko (ColibriJaune)
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Il y a 4 ans
Charline Morel
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Il y a 4 ans
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Roxy427
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Il y a 4 ans
Sabrina A. Jia
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Sonyawriter
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Il y a 4 ans