Fyctia
Prologue
Ma respiration est fracassante. Non. Pas encore. J'ouvre les yeux, mais je ne la vois pas. Normal, je suis dans ma chambre, pourquoi serait-elle ici ? Mais les fourmis dans mes jambes me forcent à me lever, mes mains tremblent dangereusement. J'ouvre la porte, les yeux presque fermés quand j'allume la lumière, la cherche mais ne la vois toujours pas. Je passe en revue le petit appartement de fond en comble en dérangeant tout sur mon passage. Mais putain, je la trouve pas. Mes yeux se posent sur la décoration de Noël que je veux enlever pour toujours. Inspiration : j'arrache les guirlandes, expiration : le petit sapin valdingue. Je retiens mon souffle, puis m'effondre.
L'impression de flotter ne me donne de repère sur rien Je ne sens plus les débris de guirlande qui me grattent le dos, ni ce qui m'entoure, tel que je ne sens même plus le sol froid de la pièce.
Alexa. On m'appelle. Mais ce n'est pas la voix que je cherche, alors je n'en fais rien. Un soupir, des pas, une larme coule sur chacune de mes joues. J'entends qu'il range, il doit comprendre. Demain, il n'en parlera sûrement pas. Il hésite à me prendre la main, ne sait pas si j'ai besoin de rester là ou si je dois retourner dans ma chambre.
Je ne l'ai pas trouvé, je murmure, en simple excuse. Je ne sais pas qui me reconduit dans ma chambre, je ne me souviens plus qui dormait dans la chambre à côté de la mienne. Mais je le remercie mentalement. En silence, il me porte et me pose sur mon lit, j'ai toujours les yeux fermés.
Dans une minute je dormirai et demain, ce ne sera plus qu'un mirage. Mais je ne l'aurai toujours pas retrouvée.
*
30 novembre
Quand je me suis levée, tout allait bien. Je n'avais pas encore regardé mon téléphone, le sourire aux lèvres, j'ai ouvert ma fenêtre et j'ai pu sentir le soleil qui inondait les petites rues à l'horizon et le froid qui fouette. L'hiver s'installe, me suis-je dit. Je n'y pensais pas encore et tout se passait pour le mieux. Je commençais dans deux heures et tout ce qui m'importait, c'était de finir le roman que je lisais. Tous les signes étaient présents pour me dire que la journée était en bon train : Simon, mon coloc' était parti, le bonheur. J'ai écouté de la musique - même si le voisin du dessous a tapé du balai pour que j'arrête -, j'ai lu - mais il me reste les toutes dernières pages, les plus importantes, car je n'ai pas vu l'heure passer -, je suis arrivée en retard. Du coup, j'ai fait la fermeture du magasin, alors que je ne voulais que de rentrer chez moi.
Et la journée est allée de mal en pis : on a rangé les sélections d'automne, que je chéris, pour laisser la place à celles de Noël. Je me suis pris la vérité en face : c'est bientôt Noël.
La clientèle a afflué toute la journée, chacun demandant le meilleur roman, pour se mettre dans l'ambiance "cocooning de Noël au coin du feu", comme si j'avais la moindre idée de ce que racontaient ces romans. Alors que la fin ne différencie jamais du bon vieux : Noël, c'est une fête magique, le père Noël en a même profité pour m'offrir le prince charmant dont j'avais toujours rêvé.
Rah ! Et puis tout est devenu Noël. Les décorations kitsch, les odeurs de pain d’épices partout, une playlist qui ne change pas depuis 10 ans. C’en était étouffant.
J’en rêvais depuis ce matin : me blottir dans mon lit et enfin être seule. J’avançais d’un pas pressé vers l’interphone pour appeler Simon mais un voisin m’a ouvert : le voisin qui tape avec son balai. J’avais prié pour ne pas le croiser mais il faut croire que nous sommes connectés. Il m’a sermonné le temps de monter 5 étages, pour la musique.
Nota bene : demander à Simon s'il est très chiant, ou si c’est juste avec moi.
Et quand je rentre dans l'appartement, je me fige : Simon et une fille dansent au milieu du salon, sur Despacito. Ugh ! Je regarde pas ! Je cours presque vers ma chambre, me change, prends deux, trois affaires et sors de l’appartement, quand Simon embrasse la fille, alors que le voisin tape de son balai.
Nota bene : il est juste chiant.
J'avais décidé que j'allais passer la soirée au café de Lina. Lina que j’adore pour son désamour de Noël, comme moi. Je savais que chez elle, j’allais avoir une bulle de tranquillité et de normalité.
J’y ai mes habitudes : la place au fond du café, que personne ne prend parce qu’elle est isolée, à côté de l’animation du comptoir. Et puis Lina m’apporte le chocolat chaud au caramel, qui a une place sacrée dans mon cœur, que je choisis été comme hiver.
Au final, la fin du livre est pourrie. Même le plaisir d'une bonne fin, j'y ai pas le droit.
Froissée, je m’apprêtais à attraper ma tasse quand quelqu’un m’envoie un coussin en pleine face. Alors ma tête tape contre la vitrine dans un grand POC et tout le café me regarde. Et quand j’ai entendu deux garçons rire comme des cons, j’ai tout de suite deviné que c’était Rémy et Loïc.
Super.
Quand ils m’ont rejoint, regarder les douces lèvres de Loïc me sourire avec ses yeux pétillants m'a calmé.
Ils ne pouvaient pas rester, mais ce bref moment a été le plus joyeux de ma journée, avec Rémy, le plus drôle - c’est pas pour rien qu’on est meilleurs amis -, et Loïc, que je pourrais admirer des heures durant.
Et je suis la seule à avoir remarqué le regard de Loïc qui s’accrochait au mien quand il est parti avec Rémy ? J’en ai rougi.
*
-Et du coup Loïc, c’est le grand qui te faisait les beaux yeux et que tu remarquais à peine ?
-Pas du tout, c’est le musclé. Le grand, c’est Rémy.
-En même temps c’est difficile de les différencier quand ils te regardent de la même manière.
J’aide souvent Lina à fermer boutique, notre amitié est venue comme ça. Elle n’a jamais vraiment vu Loïc ou Rémy alors que je lui parle souvent d’eux. Rémy est vraiment drôle et attentionné envers moi. Loïc, je pense que je dois être amoureuse, je ne lui trouve pas de défaut.
Vaut mieux laisser tomber ses allusions sur leurs regards, s’il y avait eu quelque chose de bizarre, je l’aurais vu.
*
J’appelle Simon, qui me fait entrer, je prie pour ne pas encore croiser le voisin du dessous. Et en montant les escaliers, je prie plus fort pour que la fille de tout à l’heure ne reste pas dormir à l’appart. Pour une fois que Rémy ou Loïc ne s’y invitent pas, je voudrais me reposer.
Essoufflée, j’arrive sur le palier et vois… une boîte rouge. D’abord, je l’inspecte sur place, dessus il y a écrit : “Ceci n’est pas un calendrier de l’avent”, et quand je l’ouvre, il y a 24 boîtes pour chaque jour du mois de décembre jusqu’à Noël. Je bug, mais ne peux pas empêcher un rire de s’échapper.
La personne qui m’offre ça a de l’humour.
Dans l’appartement, Simon est affalé sur le canapé, la fille doit être partie. Il paraît aussi perplexe que moi sur cette boîte, que je décide de mettre de côté.
Il me propose une part de pizza, met un film qu’on aime bien.
C’est lorsque je pique du nez qu’il me couvre d’une couverture et me demande :
-Tu vas en faire quoi, du calendrier ?
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Alsid Kaluende
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Il y a 5 jours
User345907
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Il y a 9 jours
Emma Car
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Il y a 9 jours
Livia Thomson
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Emma Car
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lovelover
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Emma Car
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Zéphir Hayda
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Maëlle~•
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Zelda Jane
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Il y a 16 jours