Fyctia
Chapitre quatre - Olivia (2)
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La journée est passée au ralenti, je n’ai jamais imaginé vivre ainsi, dans la peur de dévoiler un secret, pourtant aujourd’hui, ça me ronge de plus en plus. Vautrée sur mon bureau, lunettes relevée sur mon crâne je masse mes tempes, les paupières clauses. Après le message de Jack je n’ai pas eu le courage de me changer et, en arrivant au bureau j’ai eu la joie de voir des centaines de regards rivé sur mon abdomen. Personne n’a fait de remarque, pourtant en fin de matinée les bruits de couloir se faisait déjà entendre. J’ai même surpris une conversation en salle de pause.
__ Puisque je te dis que je sais qui est le père…
__ Tout le monde sait que tu as inventé cette histoire avec Jake.
__ J’ai des preuves ! Mais écoutes-moi au moins, je…
Je suis sortie de ma cachette à ce moment précis, un large sourire étirant mes lèvres.
__ Tom, Jason, dis-je en quittant la pièce.
Mes jambes semblaient vouloir se dérober sous mon poids, mais c’est la tête haute que j’ai rejoint mon open-space et mes collègues. La journée a été ponctuée de conversation semblable à celle entre mes deux collègues, pourtant personne n’est venu me poser la question directement. Je ne suis pas stupide, je sais que le monde est rempli de langue de vipère mais est-ce que je m’attendais à ça de la part d’adulte dans la trentaine ? Certainement pas.
La sonnerie de mon portable me fait relever la tête. Mon chignon ne ressemble plus à rien et mon maquillage a coulé. Je soupire et décroche en me pinçant l’arrête du nez.
__ Olivia Kosav, que puis-je pour vous ?
__ Cesse de me répondre ainsi, je suis ton père, dit-il en grognant dans le combiné.
__ Que veux-tu ? Je suis occupée et, je ne suis pas à ta disposition.
__ Où es-tu, il me faut des réponses Olivia et vite !
__ Ne me cri pas dessus Gérard, j’avance comme je peux.
Un nouveau grognement me répond, puis la tonalité résonne dans mon oreille. Je lève les yeux au ciel et secoue la tête de gauche à droite.
__ Quelle maturité papa !
Je repousse ma chaise de bureau, me lève et attrape mes affaires. Il est temps que je rentre, je ne peux pas rester une minute de plus ici. Mon sac sur l’épaule, mon manteau sur l’avant-bras je me dirige vers l’ascenseur quand mon portable sonne à nouveau. Un long soupire s’échappe d’entre mes lèvres. Je ne décroche pas, tant pis pour mon correspondant.
Quelques minutes s’écoulent avant mon arrivée sur le parking et, un froncement de sourcil vient creuser une ride sur mon front. La voiture de Gérard m’attend avec Phil, l’homme à tout faire de la maison. Il se fout de ma gueule ! Je m’arrête net, une main sur mon ventre, mon regard va de la voiture à cet être que je dois protéger. Mon regard se pose sur Phil, ce dernier me sourit et me fait signe de venir à ses côtés. Les lèvres pincées, j’inspire profondément et secoue négativement la tête. Gérard a passé l’âge de faire des caprices et moi, je ne suis pas son chien d’attaque. J’extirpe mes clefs de mon sac à main et me dirige vers ma petite voiture. Assise à l’intérieur je relâche ma respiration, des larmes perlent à toute vitesse sur mes joues, terminant de faire couler mon maquillage sous mes yeux. La tête appuyée contre mon siège je reprends peu à peu mon souffle. Cette journée ne peut pas être plus affreuse, du moins en apparence. Un coup donné à ma fenêtre me fait sursauter, laissant un cri passe mes lèvres.
__ Bordel de merde ! On ne vous à jamais…
Ma voix se perd lorsque je contemple la personne a côté de ma voiture, je secoue la tête et tente de verrouiller les portières avant que tout ne se complique.
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