Fyctia
Chapitre un - Olivia
Un an plus tôt
Etendue sur le lit, les jambes relevées sur ses épaules, je bascule la tête en arrière dans un profond gémissement de plaisir. Mes doigts agrippent ses cheveux dans un sursaut de dernière lucidité, laissant place à une vague de plaisir indéchiffrable. Mes jambes tremblent sous l’effet de l’orgasme que mon amant vient de me procurer. Le souffle court, je roule sur le ventre et ferme les yeux dans l’espoir d’effacer les raisons de ma venue ici.
Quelques minutes s’écoulent avant que le bruit de l’eau ne me fasse bouger du lit. Je récupère mes affaires sur le sol et me vêtis rapidement, cherchant du regard l’objet de ma convoitise. La mission est simple.
__ Trouve l’ordinateur et insère la puce, murmure-je.
Ma nervosité est à son comble, sa douche ne durera pas éternellement, je dois simplement réfléchir. Mes doigts ramènent mes cheveux au-dessus de ma tête dans un chignon approximatif. J’entends le clapotis de l’eau se réduire et cesser dans la seconde. Un profond soupir passe la barrière de mes lèvres alors que je rejoins le balcon jouxtant la chambre.
Appuyée contre le garde-corps je regarde la ville se dessiner à l’horizon. J’ai accepté de rendre ce service à mon père mais, au fond de moi je me demande ce qu’il peut avoir contre lui. Pourquoi éprouve tant de rancoeur envers un ancien ami ? Il me fait penser à Liam quand il s’obstine à ne pas vouloir écouter notre mère. Je secoue la tête de gauche à droite, étouffant un rire dans ma main.
Ses bras s’enroulent autour de ma taille, approchant mon corps du sien. Un frisson me parcourt entièrement lorsque ses lèvres dépose un baiser sur ma nuque. Je glisse une main sur les siennes, exerçant une faible pression dessus avant de me tourner, plongeant mon regard dans le sien.
__ Je devrais y aller, je ne souhaite pas croiser la route de ta fille.
__ Ne sois pas ridicule, dit-il en soupirant, tu peux rester ici.
__ Il faut que je rentre, j’ai encore du travail à rendre, tu sais que mon patron n’aime pas les dossiers rendu avec du retard.
__ Je lui en toucherais deux mots quand je le croiserais.
Un rire passe la barrière de mes lèvres. Je le regarde un instant, mes doigts remontent le long de son bras pour venir caresser sa barbe de quelques jours.
__ Peux-tu au moins me prêter ton ordinateur ?
__ Bien sûr, il est dans le bureau.
Il se détache de moi après avoir déposé un baiser sur mon front. Un faible sourire étire mes lèvres alors que je quitte la vue pour rejoindre la pièce adjacente à sa chambre.
Cette vue va me manquer.
J’enfile un gilet en grosse maille, glisse ma jambe droite sous mes fesses et ouvre l’écran de l’ordinateur portable. Mes doigts pianotent sur le clavier sans que j’ai besoin de le regarder. J’ouvre ma boite mail et regarde la liste qui s’affiche. L’un d’eux attire mon regard, je fronce les sourcils et avale difficilement ma salive. Il m’a fait parvenir des directives directement sur ma boite professionnelle.
On repassera pour la discrétion Gérard.
Un grognement sourd m’échappe alors que je le fais glisser dans mes indésirables. Je connais l’ampleur de la situation, pourtant je suis incapable de faire taire les sentiments que j’éprouve pour Jack. Le temps m’échappe, j’ai perdu le contrôle au moment même où nous avons fini au lit après un dîner d’affaires.
Les bras repliés autour de la tête j’inspire profondément et secoue la tête, un ricanement m’échappe quand je comprends la situation dans la qu’elle je me trouve. Les yeux clos je masse discrètement mes tempes à l’aide de mes pouces. Je sens la douleur irradier progressivement, je ne peux pas me permettre de subir une nouvelle crise, pas maintenant.
***
J’ai quitté le manoir de Jack en fin de matinée, lorsqu’il a lui-même demandé à son chauffeur de le conduire dans le centre-ville. Ne voulant pas prendre de taxi, je lui ai suggéré de me déposer à mon hôtel, ce qu’il a fait sans poser de question.
Il faudra que je m’en souvienne.
Mon smartphone n’a pas cessé de sonner, même après l’avoir passé en mode silencieux, ses vibrations se sont accentué. Je ne comprends pas pourquoi la technologie est aussi… Maladive pour la population, c’est quelque chose qui m’a toujours dérangée, encore plus maintenant que je dois jouer les espionnes pour Gérard. Assise au pied de mon lit je fais défiler les messages laissés par mon père dans une grimace exaspérée. Je lève les yeux au ciel et pince l’arrête de mon nez.
Si seulement tu pouvais comprendre…
Je laisse le téléphone sur la table de nuit et me dirige vers la salle de bain. Mes vêtements tombent négligemment sur le sol tandis que j’ouvre le robinet d’eau chaude de la baignoire. De profil, je regarde ma silhouette changer de jour en jour. Mes mains se posent de chaque côté de mon ventre rebondi, dessinant des cercles sur ce dernier. Un faible sourire étire mes lèvres tandis que je laisse mes bras retomber le long de mon corps.
__ Un jour je lui dirais, chuchotais-je, je te le promets, tu auras un père pour t’élever.
L’eau chaude m’accueille en silence, prolongeant mon instant de méditation. Le contre-rendu du gynécologue est épinglé dans ma boite mail personnel, je l’ai consultée il y a une semaine, elle m’a annoncé la nouvelle sans ménagement. Il m’a fallut quelque temps pour digérer l’information.
__ Je dois trouver le courage de lui dire. Tu ne seras pas seul, quelqu’un veillera sur toi.
Mes paumes de main se posent en coupe sur mon ventre tandis que des larmes roulent le long de mes joues. Rien de tout ça n’a été prémédité, Gérar m’a seulement demandé de lui voler son entreprise, pas de tomber amoureuse de lui et d’attendre son enfant.
Je secoue la tête et ferme les yeux, laissant des perles salés dévaler mes joues sans que la honte ne me submerge.
Je suis dans la merde.
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