VMOlympe L'héritage de Yanael : La Quête Partie 1 - Chap 2 - David

Partie 1 - Chap 2 - David

Notre organisation prend un tournant grâce à cette découverte. Non seulement c’est un nouveau pan du savoir de Yanael qui nous est dévoilé, mais il nous permettra aussi d’en découvrir beaucoup d’autres. Peut-être tous les autres. Même si je ne le montre pas, l’excitation s’empare de moi. Le contrôle de soi est un élément primordial dans notre travail ; la moindre faiblesse peut être utilisée contre vous. Je ne serais pas arrivé à ce poste en l’espace de neuf ans si j’avais agi différemment.


On me dit froid et calculateur ; c’est faux… ou plutôt pas entièrement vrai. Je me ménage dans le seul but de résoudre l’énigme de Yanael. C’était le rêve de ma femme, je me dois de le réaliser, comme une sorte d’hommage posthume.


Élisa me manque. Sa joie de vivre, son humour communicatif et ses espoirs me manquent… Elle faisait de ma vie une éternelle journée ensoleillée. Travailler au CEBY, parcourir les mêmes couloirs qu’elle par le passé me rassure, panse la plaie. Je ne me leurre pas, c’est devenu une nouvelle drogue, un remplacement de l’alcool. Est-ce moins destructeur ? Je me plais à le croire.

Ma détermination m’a vite fait grimper les échelons. Je gère à présent toute l’aile C, et suis arrivé au niveau trois de direction. Cela va sans dire que je suis énormément respecté, par tous, y compris Will.


Mon fils aîné… Il a toujours été si sérieux, si pragmatique. Je n’aime pas faire de préférence entre mes fils, mais Will est celui qui me ressemble le plus. J’ai toujours nourri de grands espoirs pour lui. J’en nourris aussi pour Devon ; je suis sûr qu’il s’intégrerait parfaitement au Centre. Cela dit, il me cause des soucis ces derniers temps. Sa nonchalance et son impertinence pourraient lui jouer des tours. Je soupire discrètement en repensant à ses jeunes années, avant la mort de sa mère. On était tous tellement proches et complices. On partait souvent en excursion au bord de la mer ou en forêt. Ce sont des journées mémorables… que je chasse pourtant rapidement de mon esprit. S’attarder sur le passé ne sert à rien. Seuls le présent et l’avenir comptent. Et pour l’heure, nous devons initier William au plus grand talent de son existence. Il ne me décevra pas, je le sais.


Nous avons pris place dans l’infirmerie. Ce n’est pas l’endroit que je préfère. Pour le moment, il n’a guère d’utilité si ce n’est administrer la substance d’anonymat. Quand certains de nos agents sont blessés, nous les soignons directement sur les lieux de leur mission. Les infirmeries du Centre sont en général peuplées de scientifiques trop maladroits dans leurs expériences.

J’ai hâte de tester les effets de cette nouvelle découverte. Nos missions vont pouvoir prendre plus d’ampleur. Nous pourrons enquêter plus efficacement, pister les indices que Yanael a laissés, démanteler les organisations pirates qui veulent accaparer ce savoir pour elles seules. Officieusement, nous prendrons aussi de l’avance sur la branche américaine de la recherche sur Yanael.


Après le départ des extraterrestres, le Centre international de Yanael s’est scindé en trois groupes, un pour chaque confédération. Trois groupes reconnus, mais beaucoup de réseaux clandestins se sont formés, poursuivant le même but. Des réseaux aux méthodes douteuses. Des réseaux que nous devons combattre.


Le médecin de garde conduit William jusqu’au siège de consultation. Les préparatifs commencent : sortir le flacon du placard, le poser sur la tablette, l’ouvrir, remonter la manche du patient, désinfecter la peau, remplir la seringue, chercher la veine, injecter la substance.

Will reste stoïque durant toutes les premières étapes puis regarde soudainement l’aiguille avec un rien d’angoisse dans les yeux.


— C’est douloureux ?


— Rien que tu ne puisses supporter.


Il n’est pas surpris par mon ton froid. Il a l’habitude, je suppose. Il sait que je ne supporte pas la faiblesse. Une légère grimace déforme ses lèvres quand le liquide infiltre ses veines, mais il trouve la force de demander :


— Combien de temps sont censés durer les effets ?


— Tu reçois la version générique, donc quelques jours. Pour la version améliorée, tu as entendu Muffray, des années.


Il hoche lentement la tête.


— Techniquement, comment est-ce que ça fonctionne ?


— Tu vas être formé là-dessus. C’est tout un système psychique qu’il va te falloir développer.


— Tu as déjà utilisé le don ?


Je lève les yeux au ciel.


— Évidemment, tu crois que je serais là où je suis si j’étais resté à me tourner les pouces derrière un bureau ?


Il se rembrunit, mais la curiosité est plus forte que son orgueil blessé.


— Comment sait-on que l’effet va prendre fin ? Ça peut être dangereux si ça arrive sans prévenir au milieu d’une mission.


— Ton organisme te le signale quelques heures avant. Tu ressens une faiblesse au niveau des articulations et ton cerveau s’embrume. Rien de vraiment douloureux, ça ressemble plus à une gueule de bois. En tout cas, ça te laisse le temps d’aviser, mis à part quelques exceptions.


— Exceptions ?


— Des missions qui tournent mal.


Il acquiesce et se perd dans ses réflexions. Le médecin retire la seringue et panse le bras d’un morceau de coton.


— C’est fait. Allongez-vous une demi-heure, vous risquez d’avoir le tournis.


Will s’exécute. Ma présence ne sert plus à rien ici, je dois le laisser se reposer. Je vais pour sortir quand je suis interrompu par Dany Fresnel, mon secrétaire.


— Monsieur ! J’ai une excellente nouvelle !


Deux bonnes nouvelles dans la même journée, serais-je en train de rêver ?


— Je vous écoute.


— Nous savons où il est.


— Où est quoi ?


— Le disque dur des instructions de Yanael. Il a été trouvé.


La convoitise éclaire mon regard. Ce serait une avancée gigantesque. Après tout, on trouve rarement le trésor ultime sans une carte pour se guider. Le disque dur est cette carte. Je maîtrise avec peine l’impatience dans ma voix.


— Venez-en au fait. Où est-il ?


Il se pince les lèvres d’un air gêné. Je m’en doutais ; une simple bonne nouvelle, ça aurait été trop beau. Je répète plus sèchement :


— Où est-il ?


— À Séville. Ce sont les membres du « Parchemin Ancien » qui l’ont retrouvé.


Je pousse un grognement. Encore cette fichue organisation ! Ils ne peuvent pas se contenter de leurs satanés manuscrits et de leur monastère et laisser la Quête à des personnes sensées !


— Si je comprends bien, nous devons organiser une mission de récupération.


— Nous avons toutes les informations nécessaires pour cela, Monsieur.


J’acquiesce sèchement.


— Je vous retrouve dans mon bureau d’ici une demi-heure. Vous me brieferez sur toute cette affaire.


— Monsieur ?


Je ne réponds pas à son interrogation muette et me dirige vers le médecin en soulevant ma manche.


— Injectez-moi ce fameux produit miracle.


Séville, à nous deux. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.


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