Alsid Kaluende L'étudiant Chinois Le Califat (2)

Le Califat (2)


Le gouvernement chinois tenta tant bien que mal de dissimuler la révolte qui embrasait le Xinjiang. Malgré l’arsenal de censure du Parti, des images et des témoignages continuaient de filtrer, contournant la propagande d’État grâce à des messageries cryptées et des fuites anonymes vers l’étranger. Furieux, le Parti communiste chinois intensifia sa répression : descentes armées, ratissages méthodiques, arrestations arbitraires, tortures. Mais rien n’y faisait. Chaque jour, de nouveaux combattants rejoignaient les rangs de l’insurrection, galvanisés par la libération progressive des camps de travail


L’opinion publique belge bien que terrifiée à l’idée de voir débarquer des attentats terroristes sur son territoire, sympathisait avec la cause ouïghoure. De nombreux politiciens, de tous bords, minimisaient la menace du Califat. En période électorale, il était crucial de s'attirer les voix des communautés musulmanes du pays sans les aliéner.. Ainsi, bien souvent, le hashtag #freepalestine ressortissait allègrement pendant les campagnes. On promettait de ne plus vendre d’armes à Israël, ou d’imposer des embargos, ce qui n’arrivait évidemment jamais et qui servait uniquement à souffler sur les braises de la colère des islamistes.


Les Belges, par ailleurs, avaient été également soigneusement conditionnés pendant des années à se méfier des Chinois. Cette masse homogène et surpuissante, projetée comme une menace imminente, leur faisait peur. Les discours médiatiques avaient habilement instillé cette crainte, sculptant une image de l'ennemi chinois à travers des récits de domination économique, intellectuelle et d'espionnage industriel. Le peuple belge se considérait supérieur culturellement aux Chinois et de loin. Il n’existait dans la mentalité belge que deux types de Chinois. L'esclave docile du régime et le magnat milliardaire corrompu. Il était facile de ne s’identifier ni à l’un ni à l’autre. L’émergence des universités chinoises dans les classements internationaux et le nombre de prix Nobel décernés à des Chinois ne pouvaient rien y faire. Le Belge se reconnaissait plus dans le sort des Ouïghours opprimés, c’était aussi simple que ça. On avait dressé les esprits à percevoir les Ouïghours non seulement comme des victimes de la machine chinoise, mais aussi comme des symboles de résistance contre l'oppression capitaliste.


Dans ce contexte, la cause ouïghoure était habilement présentée comme une lutte contre les excès du capitalisme, avec ses surprofits et sa surconsommation destructrice. Les méchants capitalistes, ces ogres modernes, étaient dépeints comme les véritables coupables de la situation des Ouïghours. Cette trame trouvait un écho particulier en Belgique, où le sentiment anticapitaliste était déjà bien ancré. En fin de compte, les Ouïghours, réduits en esclavage pour fabriquer des produits de qualité déplorable vendus sur Shein ou AliExpress, devenaient les martyrs d'une lutte plus vaste contre un système économique pervers.


Et pourtant, cette même Belgique, si prompte à dénoncer les dérives du capitalisme, voyait des millions de colis chinois déferler sur son territoire, principalement destinés aux plus pauvres, souvent les communautés maghrébines de Belgique. Ceux-là mêmes qui, tout en critiquant le système, n'avaient d'autre choix que de consommer les produits bon marché fabriqués par les Ouïghours réduits en esclavage.


On ne sut très bien comment, mais pendant quelques semaines les Ouïghours firent la une des journaux. Un creux dans l’actualité médiatique probablement, ou alors un bureaucrate dissimulé dans les couches administratives du pouvoir de l’Union Européenne en avait-il décidé ainsi. On se mit à déblatérer sur leur situation et leurs tribulations. Bientôt les politiciens se creusèrent les méninges pour trouver des programmes et des solutions au problème ouïghour. Il fut décidé qu’on établirait un programme pour les accueillir. On accepterait les demandes d’asile en priorité aux ressortissants chinois persécutés dans le Xinjiang.Le gouvernement belge promit trois mille permis de séjour aux Ouïghours qui se présenteraient à la frontière belge. Ce qui était bien évidemment très compliqué, à moins d’arriver en avion ou par la route, tout en évitant les postes-frontières jusqu’à la Belgique. D'autres pays suivirent le mouvement : la France, l’Allemagne et les Pays-Bas mirent en place des programmes similaires, offrant asile et protection aux réfugiés fuyant la répression chinoise. Très vite, les réseaux de passeurs se mirent en place et les caravanes de réfugiés ouïghours débarquèrent en Belgique. Au début, ils arrivèrent au compte-goutte mais finalement ce furent des centaines qui établirent un campement en face de l’office des étrangers sur le parc Maximilien dans le Nord de Bruxelles.


Il va sans dire, tout le monde n’était pas d’accord pour accueillir les réfugiés ouïghours. Ceux-là même qui voyaient leur pays se faire dévorer par un mal religieux trouvaient cette promesse électorale tout bonnement insupportable. N’était-il déjà pas suffisant de voir des quartiers entiers aux mains des islamistes ? N’était-il pas suffisant de servir de la viande halal dans les cantines ou d'adapter les horaires de piscine ? Les immigrés maghrébins, en surnombre dans les quartiers en difficulté, votaient déjà les lois et imposaient leur culture aux Belges de souche qui se désespéraient de voir la société changer. La réaction des groupes extrémistes de droite ne se fit pas attendre. Les Combat 18 s’organisèrent rapidement pour faire bloc et semer la terreur dans les camps de réfugiés. Armés de battes de baseball et de cocktails Molotov, ils cherchaient à dissuader les migrants de venir en Belgique et à semer la discorde au sein de la société belge. Il n’y eut qu’un seul mort à déplorer, un réfugié qui n’avait pas pu sortir de sa tente à temps. Le cocktail Molotov avait enflammé la tente en plastique qui lui avait fondu sur tout le corps. Brûlé au troisième degré par le plastique, il fut emmené à l’hôpital de l’hôpital St Luc en urgence, où mourut avant d’avoir pu être examiné par un docteur.


La Belgique avait promis les permis de séjour mais le pays ne s’attendait pas à vraiment devoir les délivrer. Son administration catastrophique ne parvenait pas à les délivrer assez vite. On se mit à approuver les permis sans prendre le soin de vérifier la bonne foi des individus qui se présentaient. Ce fut une aubaine pour le Califat du Milieu. Il avait été décidé en haut lieu qu'on enverrait des frères, infiltrés parmi les migrants. Si les occidentaux pensaient que le Califat était trop loin et que cela ne concernait que l’Asie, ils se trompaient lourdement. Le Califat frapperait le cœur de l’Europe.

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