Fyctia
Intrusion (3)
Après son altercation avec les policiers, qui refusaient obstinément de reconnaître les éléments suspects de la mort inquiétante de Wen, Joe avait décidé de mener sa propre enquête. Dans les jours qui suivirent, il se posta à la sortie des différents amphithéâtres fréquentés par les étudiants de sciences politiques et posa des questions à ceux qui passaient. Les réponses étaient intéressées, voire préoccupées mais souvent dénuées d'intérêt.
— Oui, j’ai entendu qu’on l’avait retrouvé dans le lac, quelle horreur.
— Non, on ne le connaissait pas vraiment. Je ne lui ai jamais parlé.
— Quelqu’un est venu nous annoncer sa mort dans l’auditoire, cela devait être un opérateur ou une secrétaire, pour être honnête je ne l’avais jamais vu.
Personne ne semblait vraiment se souvenir de lui. Il était de toute évidence rarement en cours.
— Je ne sais même pas à quoi il ressemble, dit une élève de son groupe de projet. Pour les travaux, les autres lui avaient suggéré de profiter de la Belgique pendant qu'on s'occupait du reste. Je trouvais cela un peu facile mais parfois c’est mieux de travailler entre nous pour éviter les mauvaises notes.
Ainsi, même dans les sessions de groupes obligatoires, il était invisible. Joe était stupéfait. Que pouvait-il bien faire de ses journées ?
Alors, Joe essaya aussi les professeurs. Sans succès. Aucun n’avait eu de contact significatif avec lui. Juste un nom sur une liste, Li Wen, de Wenzhou, étudiant Erasmus totalement transparent. Il rendait ses travaux à temps, et n’avait causé aucun problème, c’est finalement tout ce qui comptait pour eux.
Frustré, Joe fut tenté de retrouver les parents de son colocataire. Après une conversation où il feint d’être dévasté auprès de la secrétaire de la faculté, il put obtenir son adresse en Chine et le numéro de téléphone de ses parents. Il appela, mais en vain, le numéro était non attribué, personne ne répondait. Il ne put même pas retrouver la “Wengzhou School of International Business” où Wen avait étudié. Il y avait un site internet, en chinois, et là encore personne ne répondait ni mails ni au téléphone
— Si on avait voulu créer une fausse université, on ne s’y serait pas pris différemment. D’ailleurs difficile de choisir un plus mauvais nom, pensa Joe.
Il envoya des emails à peu près à toutes les écoles de commerce internationales qu’il put trouver dans rayon de mille kilomètres autour de Wenzhou et soit il ne reçut aucune réponse soit l’on n'avait jamais entendu parler de Wen Li. Après exactement une semaine, il finit par laisser tomber, agacé et déçu. Il savait que quelque chose n'allait pas, mais il ne pouvait pas mettre le doigt dessus.
4 commentaires
Patrick de Tomas
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Il y a 3 jours
LUCAS
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Il y a 7 jours