Alsid Kaluende L'étudiant Chinois Soupe de Poisson (1)

Soupe de Poisson (1)

Le soir-même, ou plutôt le lendemain, vers deux heures du matin. Joe ouvrit la porte d’entrée de son appartement qui donnait dans le salon/cuisine. Il rentrait de soirée. Lui n’avait pas grand-chose à célébrer mais la plupart de ses amis fêtaient leur réussite ou le début des vacances. Appeler ses fréquentations des “amis” était un bien grand mot. Comme tout le monde, il avait noué de vraies amitiés à l’école secondaire. Au début, il avait eu du mal à trouver sa tribu. Mais il avait tout de même finit, vers sa troisième année, par se constituer un club d’amis avec certains élèves de son école qui habitaient son quartier. Petit à petit, il s’en était éloigné. D’abord c’était la honte de ne pas réussir ses études qui l’avait détaché de ses relations. Puis, il y avait eu les joints qui l’avaient rendu amorphe et sans réelle volonté de sortir. C’était enfin ses activités criminelles qui l’avaient définitivement empêché de garder le contact avec ses amis. Par on ne sait quel miracle, il avait tout de même réussi à garder Géraldine à ses côtés. Ils s’étaient rencontrés lors de sa première année d’université. Elle était d’abord réellement tombée amoureuse. Elle ne pouvait s’empêcher d’admirer son côté bad boy. A dix-neuf ans il n’y avait rien de plus excitant pour elle que de décevoir ses parents quant à sa vie affective. C’était la seule chose de sa vie qu’elle pouvait contrôler. Les règles ne s’appliquaient pas à Joe, qui naviguait le monde à sa façon. Un jour, c’était finalement le syndrome de la sauveuse qui avait pris le dessus, il était tellement difficile d’admettre une erreur qui durait depuis cinq années. En bonne catholique, elle s’était persuadée qu’un beau jour elle arriverait à changer Joe et le façonnerait à l'image paternelle. Dans son fantasme, Joe travaillerait dans l’entreprise de son père, qui le prendrait sous son aile. Ils finiraient par s’entendre et à la fin il deviendrait un bon petit bourgeois bien présentable et docile. Dans sa rêverie, Joe s'achetait lui-même ses chemises chez Massimo Dutti et emmenait les enfants au Hockey le dimanche.


Joe, lui, méprisait cette petite vie qu’on lui imposait. Accepter la médiocrité d’une vie moyenne lui donnait la nausée. Il ne pouvait s’empêcher de la vivre pourtant. Tiraillé entre faire ses propres choix et vivre la vie de ses parents par procuration. C’est peut-être pour s’offrir une alternative, bien que de courte durée, que Joe sortait toutes les nuits. Pas grand-chose à faire d’autre le soir dans une ville estudiantine. Avec quelques biftons pour payer les tournées, il était facile de se faire des amis d’un soir auprès d’étudiants fauchés.


Ce soir, il était rentré bien bourré, il l’avait réalisé par le temps qu’il avait mis à trouver le trou de la serrure avec sa clé. La soirée avait été un beau succès. On avait commencé par quelques jeux à boire et finalement on était tous allés à la grande Casa pour danser et continuer à picoler. Joe s’effondra dans le fauteuil du salon et remarqua enfin Wen qui était en train de cuisiner.


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4 commentaires

LUCAS

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Il y a 16 jours

😍

Patrick de Tomas

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Il y a 17 jours

Joe est sur la corde raide. J'ai hâte de voir comment il va s'en sortir.

Alsid Kaluende

-

Il y a 16 jours

J'adore suivre vos commentaires au fil de la lecture :)
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