Fyctia
Chapitre 3 (1/2)
Le matin arrive avec un froid mordant. Le vent hurle à l’extérieur, frappant contre les fenêtres de la maison de Meera. Je me réveille avant tout le monde, le silence lourd autour de moi. À peine levée, je me glisse hors du lit pour ne pas déranger. Le froid m’enveloppe, et la lumière filtrée par les volets me semble irréelle, comme si je n’étais pas vraiment ici. Je laisse mes pensées divaguer, mais elles reviennent toujours au même point.
Que fais-je ici, exactement ? Pourquoi suis-je revenue dans ce village où je n’ai jamais su m’ancrer ?
Je me perds un moment à regarder par la fenêtre. Sundarleigh que j’ai fui me semble étranger, même si tout ici me rappelle mon passé. La vie à Londres me paraît maintenant comme une tentative de fuite constante, une échappatoire pour ne pas affronter mes racines. Mais tout ici semble figé dans le temps, et moi aussi. Je n’ai pas trouvé ma place.
Je pense à Meera. Elle, si ancrée, si sereine dans sa vie de famille. Ce contraste me déstabilise. Je me sens un peu jalouse de sa stabilité, mais surtout insatisfaite de ce que je suis devenue. Meera a trouvé sa voie, son équilibre, et moi… moi je suis là, dans cette maison, avec une sensation de ne pas être à ma place.
Je n’ai pas envie de déranger Meera encore, alors je me lève sans bruit, enfilant mes bottes et mon manteau. Je sors discrètement de la maison. Le vent me gifle le visage, emportant avec lui la chaleur de la maison. Une tempête approche. L’air est glacial, mais je n’y prête pas attention. J’ai besoin de sortir, de revoir ce village. C’est comme si la neige, la tempête, et tout autour de moi me criaient que je dois affronter ce passé, cette époque révolue. Je veux revoir les lieux, me rappeler les ruelles, les maisons que je connais si bien. Elles sont recouvertes de neige maintenant, mais certaines choses ne changent pas. Les maisons sont là, serrées les unes contre les autres, comme un vieux rêve que je ne peux pas oublier.
Je me dirige instinctivement vers l’église. Mon père y venait chaque année pour prier, pour rappeler les traditions de Noël. C’est une image vivante dans ma mémoire, celle de mon père, fasciné de ces coutumes anglaises qu’il voulait m’inculquer. Il ne comprenait d’ailleurs pas comment ma mère, anglaise de souche, ne soit pas aussi fascinée que lui. Il pouvait passer des journées à lui poser des questions sur son enfance, sur ce que ça faisait de vivre Noël, là-bas en Angleterre. Son plus grand rêve était d’y aller un jour avec ma mère, mais après la mort de ma mère dans un accident, il n’a plus jamais été le même, il avait perdu sa joie de vivre. Et la maladie l’a finalement emporté, il y a un an. Ces traditions de Noël c’est tout ce qui me reste d’eux…
On dirait qu'ici, tout est immobile, tel un décor de théâtre. Je repense à l'école, aux jeux d'enfants dans la cour... Le village est le même et en même temps si différent. Je me suis évaporée, et le village a continué d'avancer sans moi.
En traversant une ruelle, je croise quelques villageois. Certains me saluent, mais d’autres me regardent avec des yeux froids, pleins de reproches. Leurs regards me transpercent, et je me sens étrangère dans ce lieu. Comme si, après toutes ces années, mon absence était une blessure qu’ils ne peuvent pas oublier. J’essaie de leur sourire, mais ça me fait l’effet d’un masque. Je ne suis plus celle qu’ils ont connue, et eux non plus ne sont plus ceux que je connaissais. Quand j'ai décidé de partir à l'âge de 20 ans, personne n'a compris ma décision et beaucoup l'ont même condamnée. Pour eux, il était inconcevable de vouloir quitter Sundarleigh, où l'on naît, grandit, vit et meurt. Partir pour un autre pays était presque considéré comme un sacrilège. On m'a qualifiée de folle et d'enfant ingrate. Ils affirmaient que tout avait commencé lorsque mon père avait amené ma mère. À l'époque, ils avaient déjà eu du mal à accepter l'arrivée d'une étrangère dans le village, mais la douceur de ma mère avait finalement adouci leurs cœurs. Cependant, ma décision de partir après la mort de ma mère a renforcé leur conviction que les étrangers apportaient uniquement des problèmes. Mon retour ne doit donc pas les réjouir, eux qui sont tant attachés aux traditions.
Je repense à mon père. À Noël. À cette fête qu’il défendait bec et ongles. Même si les gens ici n’en voulaient pas, il s’accrochait à l’idée de célébrer, d’expliquer les traditions anglaises. Il avait tellement intégré les traditions de ma mère qu'on ne savait plus qui était véritablement originaire d'Angleterre.
NDA : j'avais presque oublié la frustration de ces foutus 7000 caractères haha 😅
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Soäl
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Il y a un jour
Farahon
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Il y a 21 heures
Aline Puricelli
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Farahon
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Leroux Ophélie
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Krissa Danos
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Farahon
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Patrick de Tomas
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Il y a 6 jours
petites.plumes
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Farahon
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Il y a 10 jours