L'être-pour-soi, où qu'il se situe dans l'espace et le temps, se trouve perpétuellement confronté à l'angoisse du choix. Cette liberté, parfois écrasante, peut signifier l'anéantissement de tout ce qui constituait jusqu'alors son existence, de tout ce pour quoi il s'était projeté. Ou bien, elle peut impliquer une rupture radicale avec la société, voire l’embrassement de la ruine. Est-il concevable d'assumer pleinement une telle liberté ? Mais que dire de celui dont la conviction s'est cristallisée au point de ne lui laisser d'autre alternative que l'action ? Ou de celui qui, soudainement, prend conscience de l'inauthenticité de son existence passée et pour qui la continuation devient insoutenable ? S'engager dans un tel choix pourrait être perçu comme une forme d'héroïsme existentiel. Paradoxalement, cette décision cruciale est souvent prise dans l'obscurité de la conscience irréfléchie, dépourvue du pathos que l'on pourrait attendre de celui qui la prend. Elle passe également inaperçue aux yeux des autres. Pourtant, ces victoires silencieuses sont peut-être les plus significatives dans la quête inscrutable de l'individu.