Fyctia
Souvenir n° 7 : Chloé
Amusé par cette amourette secrète et en bon Cupidon que j’étais, je mis en place une fois de plus moult stratagèmes pour permettre à mon amie de réaliser son rêve. Le fait est que Julien était déjà épris d’une fille habitant un autre département. Je dus le travailler au corps durant des heures pour lui faire prendre conscience que le véritable amour était très certainement bien plus proche que cela.
Le secret de la manipulation c’est en réalité simplement de mettre en lien la personne avec ce qui pourrait correspondre à son désir. On enrobe le tout, on en rajoute pas mal et ainsi le tour est joué. On passe d’un « tu lui plais » au fameux « vous êtes faits pour être ensemble, ne passe pas à côté de l’amour de ta vie ».
Et ça a putain de bien marché.
Si le Karma était une salope, je dirais que c’est une salope qui ne supporte pas l’amour et encore moins les Cupidons. Inutile de préciser que tout ceci nous a carrément explosé à la gueule.
Mes intentions étaient pourtant bonnes, à la base, je ne voulais que permettre à mon amie d’accéder à l’homme de ses rêves. Mais ça ne fonctionne pas comme cela, je l’ai bien compris maintenant…
Dès les premières semaines, on voyait bien que quelque chose clochait. Ils se tenaient difficilement la main, ils restaient côte à côte sans cesse, mais d’une façon froide et presque mécanique. Un couple, ça marche par deux, mais le leur s’arrêtait à cette simple évidence.
Après, il faut bien leur concéder que tout le monde les tannait pour en voir plus et je peux comprendre que cela les ait bloqués davantage.
« Ils sont simplement réservés », disait-on. Et, encore une fois, je me sentis obligé de rajouter mon grain de sel…
Lors de notre fameuse soirée au bord de la rivière, juste à côté de chez mes parents, assez éméché, je rentrai dans le vif du sujet avec Chloé.
— Mais qu’est-ce que tu attends ?! la grondai-je. Tu ne vois pas qu’il attend que ça ! Vous vous êtes embrassés au moins ?! Vous n’avez plus dix ans !
— J’attends que ce soit lui qui se lance. Moi je n’ose pas.
— On n’est plus en 1930 Chloé ! C’est aussi aux femmes de faire le premier pas ! Tu vois bien qu’il en meurt d’envie, mais qu’il est juste bien trop coincé ! Il faut que tu l’aides !
Elle ne répondit pas, mais je la voyais perplexe. Il lui en fallait plus pour la motiver. Les cinq verres de vodka-orange n’étaient clairement pas suffisants.
— Franchement, j’avais promis de ne rien te dire, mais là j’ai plus le choix ! Julien est trop mal de ne pas réussir à faire le premier pas. Ça le bouffe de l’intérieur et il a trop peur que tu l’abandonnes parce qu’il n’assure pas.
— C’est vrai ? me demanda-t-elle soudainement toute bouleversée.
— Si je te le dis ! Alors vas-y ! ordonnai-je en la poussant. Mais promets-moi de ne jamais lui dire que j’ai tout balancé ! Il me tuerait !
Elle partit le rejoindre en me lançant des regards affolés. Je ne sais pas si elle m’aurait cru sans l’alcool dans le sang, elle n’était d’ordinaire pas aussi naïve.
Et, encore une fois, voilà comment on manipule les personnes.
1 commentaire
ELise
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Il y a un an