Fyctia
Explosion
- C'est. Andréa!
L’arme émit le bruit sec d’une bouteille qu’on débouche, suivi d’une brûlure sur la joue. La balle avait effleuré son visage, de quoi calmer sa colère instantanément.
- Calmé ? Lâche ton arme ou la prochaine est dans la tête.
Ses expéditions avaient confronté l’archéologue à des tas de gens. Certains étaient armés, en général des flics ou des voyous. Des situations simples, de celle qu’une liasse de billet suffisait à régler. Quelque chose lui disait que Marlène n’était pas de ceux-là.
- C’est bon... Appelle-moi comme tu le sens.
Andréa laissa tomber l’arme au sol, écartant les main en signe d’apaisement.
Joue-la tranquille. L’aide-soignante avec spécialité assassin garce aurait pu te tuer et elle ne l’a pas fait. Je lui suis encore utile. Enfin, jusqu’à ce que je ne le soit plus.
- C’est bien, Andy. J’ai quelques questions simples pour toi, mais avant j’avoue que j’ai toujours eu envie de savoir. Pourquoi t’as choisi d’être une femme? Je veux dire, t’es instruit: tu vois bien que c’est pas le cas.
- J’ai pas choisi d’être une femme. Je suis une femme, depuis ma naissance.
Marlène afficha une moue de dégoût. Un éclair de haine passa dans son regard. Désormais, le pistolet inquiétait moins Andréa que la personne qui le tenait.
- T’es un dégénéré et une sale fiotte.
- Dit la personne qui s’en prend à une vieille femme malade! Où est ma mère?
Les lèvres de l’assassin s’étirèrent en un rictus mauvais avant d’assener un violent coup de crosse dans le visage d’Andréa.
- Tu crois que t'es en position d’exiger? Ha putain ! J’en avais envie depuis un moment. Tu sais pas à quel point c’est bon!
La violence du coup avait fait tomber la jeune femme au sol.
- Je lui ai rien fait à ta mère, elle est ligotée et bâillonnée dans la cave. Bon, si tu veux pas en prendre un autre, dis-moi où est l’épée!
Qu’est-ce qu’ils ont tous avec cette épée ? D’accord, c’est un anachronisme... L’alliage, le rubis facetté. Mais ce qui est certain, c’est que c’est pas l’intérêt historique qui les motive.
- Si je parle, rien ne t’empêchera plus de me tuer.
- C’est vrai. Je vais vous buter toutes les deux. Les barjots qui foutent le feu, un fait divers banal et triste.
Andréa serra les dents. Son crâne lui faisait un mal de chien. L’épée était toute proche, mais cette garce la verrait venir.
- Elle a rien à voir dans tout ça! Laisse-la tranquille Marlène!
- Ho putain que si elle est dedans, et jusqu’au cou, ta vieille!
Les recherches de Maman! Ils cherchent à se cacher et on les a dévoilés!
- Si tu la laisses en vie, je te dis où est l’épée.
- Tu sais quoi? Si tu me dis pas ce que je veux savoir, je vais la taillader lentement devant toi, jusqu’à ce que tu craques.
- La touche pas, espèce de…
Un coup de pied dans le ventre l’arrêta net. Pliée en deux, Andréa vomissait de la bile.
- Reste poli espèce de sous-être!
La jeune femme essayait de reprendre son souffle. Les larmes coulaient, brouillant son champ de vision. Elle va me tuer! Et maman... Je peux rien faire. Elle s’effondra au sol, sur le flanc.
- Où est l’épée?
J’en sais rien bordel! C’est vous qui l’avez volée dans la voiture!
Une réalisation soudaine traversa l’esprit d’Andréa. Ils avaient pris ses affaires dans l’AX, placé des copies ici. Mais... L’épée était dans la voiture? S'ils ne l’avait pas trouvée, elle devait toujours y être!
- D’accord, je vais te le dire! Arrête de me frapper...
Elle avait parlé faiblement, feignant un état plus grave que la réalité, obligeant Marlène à se pencher.
- L’épée est dans…
Approche-toi encore un peu!
- Dans quoi?
Maintenant!
Andréa frappa avec un arrosoir posé au sol. Touchée en plein visage, l’assassin bascula en arrière, laissant échapper le pistolet.
Merde! Il a glissé sous le meuble!
L’archéologue s’était remise sur pied, mais déjà l’aide-soignante tueuse se relevait, le front en sang.
- Tu vas roter du sang la pédale!
- Surveille ton langage et fais table rase!
Andréa attrapa le bord de la table, la renversant sur son adversaire.
- Je vais te crever sale pédé!
Mais elle me fatigue! Ho, une pelle!
Des deux mains, la jeune femme asséna un coup de l'instrument sur le crâne de Marlène qui cessa de bouger.
- Voila! C’est mieux comme ça! Bon. Maintenant, l’épée et Maman.
La voiture avait été replacée dans l’allée. Andréa courut droit sur elle, actionnant la poignée en vain.
- Ouvre-toi ! Bordel, c’est pas vrai! La clé de secours!
À genoux dans la boue, elle se pencha sous l’aile avant, cherchant à tâtons la petite boite magnétique. Sa solution à sa manie de perdre et d'oublier ses clés.
Maintenant, l’épée! Je l’avais mise dans le coffre, calée derrière les sièges!
À la lumière blafarde du plafonnier mourant, Andréa cherchait dans l’habitacle, retournant le cache en contreplaqué qui masquait la roue de secours. L’épée n’était pas là! C’était impossible... S’ils ne l’avaient pas trouvée, elle devait être là!
Si j’étais une épée romaine dans un coffre d’AX, où je me cacherais? Me dis pas…
Prise d’une intuition soudaine, Andréa se pencha dans le coffre. Sous la banquette! Un espace étroit, à peine de quoi passer la main, mais suffisant pour une épée.
- Bingo! Te voilà ma grande!
L’arme était coincée mais elle la sentait du bout des doigts. Elle allait devoir ôter la banquette pour la récupérer.
Comme la fois où le neveu de ma cousine avait réussi à y coller son devoir d’histoire…
- Il me faut des fringues et Maman! Mon sac, dans le garage!
Au pas de course, elle retourna dans le garage. Marlène aka l’Agent Garce 355, était toujours au sol.
J’espère que je l’ai pas tuée!
Comme en réponse à sa prière, la femme grogna de douleur. Elle était inconsciente, mais plus pour longtemps. Rassurée, Andréa attrapa son sac de voyage d’urgence.
Bon, et maintenant? Où je peux me cacher? Appeler Mlle Locke? Faut que je me pose, que je réfléchisse.
L’archéologue passa la porte du garage en coup de vent, glissant à moitié sur le sol détrempé.
Au moins, Maman est en vie! Je sais pas comment j’aurais fait si…
Le souffle, la chaleur et l’explosion la projetèrent au sol. La cuve à fuel venait de prendre feu, pulvérisant une bonne moitié de la bâtisse. L’alarme de la voiture de sport du voisin hurlait dans la nuit.
Maman! Non!
Un crissement de pneu l’alerta. La silhouette d’un homme, une arme à la main, se découpait dans les flammes.
C’est pas vrai! Encore un?
Il lui cria quelque chose, mais les alarmes et le bourdonnement causés par l’explosion rendaient tout inaudible.
Vous allez le payer! Bande de salauds! Je vais vous sortir de votre putain de trou et vous mettre en pleine lumière!
L’instinct de survie avait pris le dessus. Sans trop savoir comment, Andréa était montée dans l’AX noircie par les flammes et les vitres brisées. Elle dérapa jusqu’à la rue et écrasa l’accélérateur.
Ça y est, je suis…
Quelque chose la frappa violemment à l’épaule. La douleur et le choc lui firent perdre le contrôle de sa voiture, et elle glissa contre deux ou trois véhicule avant de caler.
Ho mon Dieu, il arrive…
1 commentaire
CabaNne
-
Il y a 3 ans