Fyctia
Épilogue : Oriana Delmar
Épilogue : Oriana Delmar
Quelques années plus tard
Je me tiens devant « Les ailes de la mer ». Le foyer est devenu un repaire pour ces enfants qui, comme moi autrefois, avaient perdu leurs repères. Mais ici, ils en retrouvent. Un endroit où ils peuvent enfin souffler, rire, être des enfants. Crowe signifie corbeau, un oiseau avec une connotation sombre mais qui a tout de même des ailes qui lui permettent de s’envoler. Delmar veut juste dire de la mer. Alors le nom « Les ailes de la mer » me semblait logique.
Je baisse les yeux vers la Ducati, toujours garée devant l’entrée. Elle est là, figée dans le temps, comme un rappel silencieux de ce que j’ai perdu… mais aussi de ce que j’ai gagné. Mes doigts glissent sur le guidon, effleurant le cuir usé. Je l’ai conservée, incapable de m’en séparer. Comme si, tant qu’elle était là, une partie de lui restait avec moi. Je continuerai à l’utiliser. Incapable de me séparer de l’adrénaline que me procure la vitesse.
Un bruit de pas derrière moi me tire de mes pensées.
— Toujours accrochée à cette vieille bécane, hein ?
Je me retourne et tombe sur Carlos, mon père. Il se tient là, les bras croisés, un sourire en coin. Il a vieilli, quelques rides marquent son visage, mais son regard est plus doux qu’avant. Plus apaisé.
Je souris, haussant les épaules.
— Elle fait partie de moi. Comme lui. Et ce n’est pas une vieille bécane c’est une Panigale V4.
Il hoche lentement la tête, son regard se perdant un instant sur la moto avant de revenir vers moi.
— Il serait fier de toi, tu sais.
Je détourne les yeux, le cœur serré.
— Je l’espère…
Le silence s’installe entre nous, mais ce n’est plus ce silence pesant et rempli de rancœur d’autrefois. C’est un silence qui dit tout sans mots. Celui de deux âmes brisées qui ont fini par se recoller ensemble.
Pendant des années, j’ai cru que mon père était mon ennemi. Que son absence, son incapacité à être là pour moi, était une preuve qu’il ne m’aimait pas. Mais aujourd’hui, je sais. Il était juste un homme perdu, lui aussi. Comme moi, comme Dorian.
Et quand j’ai voulu construire ce foyer, il a été le premier à m’aider.
— Allez, viens. Les gamins t’attendent.
Je hoche la tête et le suis à l’intérieur.
Des rires résonnent dans les couloirs. Des enfants courent, jouent, vivent. Et au milieu de tout ça, il y a lui. Mon père, qui supervise la construction d’un nouveau dortoir, qui donne des conseils aux plus grands, qui apprend aux plus petits à réparer un vieux vélo.
Il est là. Il a changé.
Nous avons changé.
Dans le jardin, un petit garçon court vers moi, tenant une trottinette rafistolée. Nicholas.
— Oriana, regarde ! J’ai réussi à la réparer !
Je m’accroupis à sa hauteur, un sourire tendre sur les lèvres.
— T’es un vrai mécano, toi. Je suis fière de toi.
Je me redresse, croisant le regard de mon père. Il sait, lui aussi.
Dorian vivra toujours dans mon cœur… À travers moi.
1 commentaire
lorrely
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Il y a 2 mois