Mouna Les méduses ne vivent pas éternellement Chapitre 11 : Dorian Crowe 2/2

Chapitre 11 : Dorian Crowe 2/2



***


Oriana




Le silence lourd dans la pièce me donne une sensation d’étouffement. Pete, l’air satisfait de lui-même, s’installe plus confortablement dans sa chaise, comme s’il savait que c’était maintenant le moment de tout faire exploser. Il semble amusé par ma présence, comme si mon mal-être était pour lui un spectacle. Ses yeux glissent sur moi, scrutant chaque geste, chaque réaction, cherchant à me déstabiliser.


— Alors, Oriana, dis-moi, il a vraiment fallu que Dorian te menotte pour te tenir tranquille ? lui lance Pete d’un ton faussement innocent, en jouant avec une pile de dossiers devant lui. Je veux dire, c’est pas très classe tout ça, hein… T’as pas trouvé ça… excitant, peut-être ? De te retrouver sous son contrôle comme ça ?


Un frisson de dégoût me parcourt, mais je garde mon calme, mes poings fermement serrés sur la table. Je le regarde, les yeux remplis de défi. Il a l’air de croire qu’il peut m’humilier, de penser que je vais me laisser abattre par ses insinuations. Mais non. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction.


Il poursuit, d’un ton plus grave, comme si chaque mot était soigneusement calculé pour me troubler.


— Parce qu’après tout, Oriana, tu sais, les femmes comme toi, elles adorent ça, non ? Se retrouver dans une position où un homme peut les… contrôler. Où elles n’ont plus qu’à se soumettre, sans réfléchir. C’est ça que tu voulais, pas vrai ? C’est pour ça que t’es restée avec lui.


Je sens mes joues s’enflammer, mais je ne laisse rien paraître. Mon esprit s’agite, mon cœur tambourine dans ma poitrine, mais je ne veux pas céder. Pas devant lui. Pas devant ses insinuations sales et malveillantes. Mais il n’arrête pas, il insiste, il ne veut pas me laisser respirer.


— Alors, ce moment où vous étiez tous les deux là, menottés ensemble, tu crois que c’était juste un petit malentendu ? T’es sûre que t’as pas trouvé ça excitant ? Ou est-ce que t’es juste trop fière pour l’admettre ? Parce qu’on sait bien que certaines femmes, elles aiment bien quand un homme prend les choses en main. Quand il ne les laisse pas filer.


Je ferme les yeux un instant, m’efforçant de rester calme. Dorian... Il n’a pas fait ça pour me contrôler. Mais Pete ne le comprendra jamais. Lui, il voit une femme, et il ne pense qu’à la réduire à un objet. Et moi, je refuse de devenir ce qu’il essaie de faire de moi.


Je rouvre les yeux, le défi dans le regard. Je n’ai pas peur de lui, même si ses mots m'écœurent.


— Pour la dernière fois. Écrivez bien tout. Je n’ai pas été séquestrée. Oui les témoins ont vu des menottes. Oui c’était un jeu sexuel. Mais vous ne pouvez pas comprendre ça, vous, avec vos petites idées étroites. Non je ne suis pas une femme soumise trop apeurée par son mâle dominant. J’ai adoré ça autant que lui.


Pete éclate de rire, son rire rempli de mépris. Il semble prendre un malin plaisir à me mettre mal à l’aise, à déformer chaque mot que je dis. Ses yeux brillent d’une lueur malsaine.


— Ah, c’est mignon, vraiment. ça devient vraiment pathétique.


Je le fixe, mes yeux plantés dans les siens, mes poings serrés sur la table, mes ongles pressant la surface métallique. Il veut que je cède, qu’il voit de la culpabilité dans mes yeux, qu’il me fasse avouer quelque chose. Mais je ne vais pas lui donner ce qu’il cherche.


— Dorian n’est pas ce que vous pensez, Pete, dis-je d’un ton glacial. Et ce n’est pas parce que vous cherchez à faire de nous le Joker et Harley Quinn que ça rend la réalité plus simple. Je n’ai pas de syndrome de Stockholm.


Pete hausse les épaules, visiblement déçu par ma réponse. Mais il ne s’arrête pas. Non, il continue, plus insistant, ses insinuations devenant de plus en plus claires.


— T’sais, tu dis ça, mais je crois que t’as du mal à admettre que t’étais peut-être justement en train de te laisser prendre dans son petit jeu. Mais c’est pas grave, Oriana. On sait tous les deux que, parfois, tu peux vouloir ça. Être contrôlée. Parce qu’au fond, t’as toujours rêvé qu’un mec te prenne en main, pas vrai ?


J’inspire profondément, me concentrant pour ne pas perdre mon calme. Mais je sais ce que je suis, et je sais que je ne vais pas tomber dans son piège. Pour je ne sais quelle raison, ils veulent faire tomber Dorian.


— Vous pouvez penser ce que vous voulez, Pete, mais ça ne changera rien. Dorian ne m’a pas kidnappé, je l’ai suivi volontiers, il sait donner des orgasmes incroyablement électrisant, je sais que vous avez du mal à comprendre comme vous n’avez certainement jamais su donner cela à une femme ou à quiconque. Et je ne vais pas laisser vos insultes détruire ce qu'il reste de moi.


Je vois que Pete se redresse légèrement, cette lueur de frustration dans ses yeux. Il pensait avoir trouvé une brèche.


Je me redresse, mes doigts crispés autour de la table grise mais mes yeux emplis de détermination. Je n’ai pas à me justifier. Pas à lui.


— Vous pouvez continuer à me juger, Pete, mais je ne suis pas ce que vous voulez faire de moi.


La pièce devient lourdement silencieuse. Il ne dit rien, mais je sais que cette confrontation est terminée. Mais ce n’est pas lui qui a gagné.


— Très bien mademoiselle…


— Madame, le corrigeai-je.


— Vous êtes tous les deux libres mais tu vas finir par le regretter. Quand tu auras besoin d’aide un jour. C’est nous qui allons te tourner le dos.


— Vous l'avez déjà fait, finis-je.


Je tourne les talons et m’en vais.

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