Fyctia
Chapitre 8 : Oriana Delmar 1/2
Chapitre 8 : Oriana Delmar
- ¿Tiene hijos Cristóbal?
(Est-ce que vous avez des enfants Cristóbal ?)
- No realmente. Me gustaría, pero mi vida me gusta así también, ¿sabes? Estoy rodeada de personas que quiero, hago lo que quiero. Es todo lo que necesito.
(Pas vraiment. J’aimerais bien, mais j’aime ma vie telle qu’elle est, tu sais. Je suis entourée des gens que j’aime, je fais ce que je veux. C’est tout ce dont j’ai besoin.)
- ¿Pero nunca lo echaste de menos?
(Mais ça ne t’a jamais manqué ?)
- ¿Cómo podría echar de menos algo que nunca he tenido? Pero entiendo lo que quieres decir. Claro que es un duelo, pero mírame. ¿Parezco infeliz?
(Comment pourrais-je regretter quelque chose que je n’ai jamais eu ? Mais je comprends ce que tu veux dire. Bien sûr que c’est un deuil, mais regarde-moi. Ai-je l’air malheureux ?)
- No, répondis-je d’une voix à peine audible en souriant.
C’est un brave homme. J’aimerais être comme lui et parvenir à être heureuse, malgré tous les vides dans ma vie.
Soudain, un bruit sourd retentit. Il vient de notre chambre. Nous sursautons à l’unisson.
- ¿Has oído?
(Tu as entendu ?) demanda-t-il, surpris.
- Tengo que dejaros. Muchas gracias.
(Je dois vous laisser. Merci beaucoup.)
Putain, à tous les coups, ce con est en train de retourner la chambre en croyant que j’ai pris mes jambes à mon cou. Et dire que j’y ai pensé si souvent. Je ne sais même pas ce qui m’a poussé à rester finalement. Peut-être cette vague idée d’un nouveau départ ? Peut-être ce minuscule espoir ?
Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que j’ai assez touché le fond. J’aimerais mentir et dire que j’ai tout fait pour survivre, mais ce serait faux. En réalité, je l’ai tant haï que je n’ai cherché qu’à rendre cette vie moins amère, plus douce.
Désormais, je ne laisserai plus rien en suspens. Même si pour cela, je dois tout affronter.
J’entre dans la chambre en roulant des yeux, prête à éclater. Mais la scène que je découvre me coupe net dans mon élan. Le chaos règne. La chambre est méconnaissable, tout a été retourné. Mes affaires jonchent le sol, éparpillées comme des fragments de ma vie.
Puis je le vois, caché derrière le lit. Sa posture d’ordinaire intimidante a disparu, remplacée par une fragilité désarmante. Il semble tellement vulnérable.
Je m’accroupis et tente de le réveiller. Aucune réaction. Mon cœur s’emballe, mais je chasse la panique. Plus de peur, plus de haine. À cet instant, il n’est qu’un être humain en détresse. Et moi, je veux être une bonne personne. Je refuse de porter un poids de plus sur ma conscience.
Je saisis mon téléphone et cherche rapidement sur Google : Comment réveiller une personne inconsciente ?
« Placez une main sur le front de la victime et basculez délicatement sa tête vers l'arrière. Soulevez son menton avec l'autre main pour dégager les voies respiratoires. Ne touchez pas la région molle sous le menton au risque de bloquer la respiration. »
Je m’exécute, ma respiration saccadée. Il commence à respirer, difficilement, par la bouche. Mais son corps perd de la chaleur. Sa peau froide et moite m’effraie.
Je rehausse ses jambes avec les coussins du lit, puis pars en quête d’un verre d’eau. Dans ma précipitation, mes mains tremblent, et je le fais tomber. Mon esprit vacille. Je craque. Les larmes coulent alors que je cherche frénétiquement un autre récipient.
Quand je reviens, ses yeux sont ouverts. Ils disent tout, mais je refuse d’y plonger. Je le fais boire, mes larmes toujours là. Mes mains tremblantes versent plus d’eau sur ses vêtements que dans sa bouche, mais je continue.
Il lève une main, faiblement, et tente d’essuyer mes larmes du bout de son pouce.
- Je ne fais que mon devoir de citoyenne, dis-je d’une voix rauque, en aidant quelqu’un qui en a visiblement besoin. Ne t’avise plus jamais de me toucher.
2 commentaires
Salma Rose
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Il y a 3 mois
DIANA BOHRHAUER
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Il y a 3 mois