Scarlett G. Les MALEUR de Zélie Chapitre 6

Chapitre 6

Les Bienfaits du Ménage

Maxence


J’ai réussi à lui arracher quelques sourires au cours des quarante-cinq minutes les plus courtes de ma vie, et c’est ma plus belle victoire depuis… J’ai beau me creuser les méninges, je ne crois pas me souvenir avoir été aussi fier de moi depuis quelques années. D’autant plus qu’avoir eu le privilège d’être le témoin de si beaux sourires était une récompense immédiate à mes efforts. Il est possible que leur rareté participe à leur beauté, mais je pense que même si je pouvais la voir sourire à longueur de journée, je ne m’en lasserais jamais. Sérieusement, comment est-ce possible d’avoir des lèvres aussi magnifiquement charnues et dessinées ? Et alors quand ces lèvres parfaites s’entrouvrent légèrement, que ses commissures se relèvent pour découvrir de belles dents parfaitement alignées… Je m’extasie sur son sourire, sa répartie, ses références à certaines de mes œuvres préférées et ses brillants traits d’esprit pendant tout le trajet du retour, qui ne me prend cette fois qu’une petite trentaine de minutes. En arrivant à l’appartement, je suis soulagé que les autres soient partis se coucher, je sais qu’ils ne pensent pas à mal mais ils auraient certainement tout fait pour m’agacer en faisant des allusions peu subtiles sur mes intentions concernant leur… notre nouvelle amie. Une fois douché et après avoir revêtu un jogging, je me jette dans mon lit et attrape mon téléphone dans l’intention de lui envoyer un message. Je sais qu’elle n’a pas mon numéro alors c’est à moi que revient la lourde tâche de lui envoyer le premier message. Mais dois-je le faire immédiatement ? Elle va sûrement me trouver lourd… Et pour lui dire quoi ? Que je suis bien rentré ? Que j’ai hâte de la revoir ? Je ne me suis jamais autant pris la tête avec mes ex.

Je n’en ai pas non plus des centaines, mais les trois relations que je considère sérieuses que j’ai eues jusque-là n’étaient pas aussi intenses. Ce sont elles qui sont venues vers moi dans les trois cas et la plus longue a été d’un peu plus d’un an. C’est moi qui y ai mis fin. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer pourquoi, je n’ai donc fatalement pas pu lui expliquer à elle non plus. Je sais que je l’ai blessée et qu’elle aurait mérité de plus amples explications que les classiques “tu n’y es pour rien”, “je ne t’aime plus”, “j’ai besoin d’un nouveau départ”. La vérité, c’est que je ne l’ai jamais vraiment aimée. Je suis certainement bien trop fleur bleue mais j’espère que l’amour est plus que ce que j’avais avec elle. J’espère vraiment. Je suis convaincu que si mes parents avaient connu cet amour, jamais mon père ne serait parti sans plus donner de nouvelles depuis des années. Jamais ils n’auraient divorcé après la mort de Martin, ils se seraient soutenus et auraient traversé cette terrible épreuve, sûrement la pire à laquelle un être humain puisse être confronté, ensemble.

Je verrouille finalement mon téléphone et le garde contre ma poitrine en fixant mon plafond. Je ne veux pas précipiter les choses ni la brusquer alors je vais devoir faire preuve de patience. Je vais déjà essayer d’être son ami, ce serait un bon départ.


***


Je dors presque pendant mon deuxième cours du matin, je meurs de faim et j’ai la gueule de bois alors que je pensais avoir été raisonnable hier soir malgré notre drinking bowling. C’est officiel, je ne suivrai plus jamais Lauriane dans ses conneries un lundi soir. La voix du professeur annonçant la fin du cours me tire de ma torpeur et mon cœur bat plus fort dans ma poitrine quand je me rappelle que la pause déjeuner signifie que je vais la revoir. Au temps pour la patience.

Je suis le premier à sortir de la salle et j’essaye de mesurer mon pas pour atteindre notre cantine quelques rues plus loin. Les MALEUR ne sont pas encore arrivés, et elle non plus. Je prends un plateau et m’installe à notre table habituelle pour les attendre en tapant impatiemment du pied. Ils arrivent un par un et Lauriane me gratifie d’un câlin comme si nous ne nous étions pas vus ce matin avant de partir. Nous commençons à manger, Lauriane commence l’exposition de ses potins du matin et je l’écoute d’une oreille distraite et balayant l’ensemble de la grande pièce des yeux toutes les trente secondes.

– Tu cherches quelqu’un ? me demande Lauriane en affichant de grands yeux innocents.

Je ne prends même pas la peine de lui répondre mais ne parvient pas à réprimer un sourire en coin. Esteban, qui est arrivé seulement pour son deuxième cours de la matinée pour s’octroyer un peu de repos après le travail, ricane quand il comprend de qui Lauriane parle.

– Désolé mec mais je pense pas qu’elle vienne avec nous ce midi.

- Comment ça ? Tu l’as vue ? demandé-je, perplexe.

– Ouais en arrivant ce matin, je l’ai vue sortir de sa salle.

Je suis tellement déçu que je n’ai plus d’appétit, mais je finis quand même mon plateau parce que je l’ai payé et que ma mère déteste le gaspillage. Est-ce le bon moment pour lui envoyer un message ? Je meurs d’envie de savoir ce qui lui est arrivé. Peut-être Esteban l’a-t-il confondue avec une autre ? Ou qu’elle avait simplement quelque chose de prévu ? Un rendez-vous chez le médecin ? Est-elle malade ? Je secoue la tête pour arrêter de fabuler, je pars toujours trop loin dans mes spéculations inutiles. La journée passe ensuite dans un flou gris, je crois que j’ai besoin de me reposer. Je prends quand même le temps de passer par la salle de sport avec Uriel à la fin des cours pour me défouler. Nous nous débrouillons en ne payant que deux abonnements pour tous les cinq car nous avons pris les options où le titulaire du compte peut emmener une personne avec lui à chaque séance. Je n’en suis pas fier mais il n’y a pas de petites économies, et si je n’avais pas les moyens d’aller à la salle, je crois que je deviendrais vite fou à lier. Alors avec un planning méticuleux, nous arrivons à nous débrouiller pour avoir accès à la salle au moins trois fois par semaine chacun. Je fais ma séance de musculation, je travaille les jambes aujourd’hui, puis je cours une vingtaine de minutes sur le tapis. Je ne suis pas très endurant quand il s’agit de courir, mais je persiste pour améliorer mon cardio. Malgré ma fatigue, je suis tellement perdu dans mes pensées que je cours quelques minutes de plus que d’habitude sans m’en rendre compte, jusqu’à ce que j’aie envie de vomir et que mon cœur batte trop fort dans mon crâne. Je descends du tapis en nage, et nous rentrons à pied avec Uriel.


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2 commentaires

François Lamour

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Il y a 10 mois

Like du "Connard romantique" 😁

KBrusop

-

Il y a 10 mois

💕🙏
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