Fyctia
Chapitre 18
Andréa attendait seul dans le hall des amphis. Sur son visage une barbe légèrement rousse pointait. Pétronille marcha droit vers lui. Ce vendredi soir viendrait leur dernier cours de la semaine. Ils n’eurent pas le temps de se parler qu’on les appela pour le « théâtre en grec ancien ». Hassen et Elaïa étaient déjà installés dans la petite salle. Un homme au masque blanc se tenait devant eux. Sa peau était laiteuse. Ce n’était pas Frantz. Il toisa la salle, puis vint trouver Pétronille.
— Il manque quelqu’un dans votre bagaude, s’étonna le nouveau professeur.
Pétronille se retourna. Elle n’avait pas remarqué l’absence de Stéphane. Elle tenta de se remémorer la dernière fois où elle l’avait vu. Il n’y avait pas eu de séance de « Guicomte » le jeudi soir. Ils ne s’étaient pas croisés à La Sorbonne. Le cœur serré, elle demanda à son équipe :
— Vous avez vu Stéphane ?
Les mouvements de tête confirmèrent ce qu’elle pensait. Personne n’avait vu Stéphane. Hassen et Elaïa avaient été trop occupés à la couver et Andréa avait vaqué à ses obligations. Cela ferait bientôt une semaine et…
— La bagaude est de votre responsabilité, expliqua le professeur. Elle doit être au complet pour cette séance. Je ne peux donner ma leçon si vous n’êtes pas au complet.
Pétronille sentit une boule poindre dans sa gorge. Elle voyait les trois autres chefs des bagaudes esquisser un regard narquois. Prenant ses responsabilités, elle se leva et s’adressa à l’ensemble des participants. Il ne manquait que deux personnes, Corentin qui avait été blessé et Stéphane.
— Excusez-moi, annonça-t-elle en se raclant la gorge. Quelqu’un aurait-il vu Stéphane ?
— Il est sûrement avec ta sœur, lâcha Sébastien.
— Pardon ? demanda Pétronille.
— On sait tous ce qui lui est arrivé, répliqua Sébastien narquois.
— Ah oui ? répliqua Pétronille.
— S’il vous plaît, la coupa le professeur. J’aimerais savoir où se trouve Stéphane.
Pétronille se retourna, ce n’était pas Sébastien à qui elle voulait parler, mais Constance. La jeune femme esquivait son regard. N’obtenant pas de réponse, elle se tourna vers le professeur.
— Vous n’avez pas le choix, annonça-t-il. Il vous faut le retrouver. Utilisez la magie s’il le faut. Ça vous fera un bon exercice.
— Je croyais que vous nous suiviez ? réagit Andréa.
— Pardon ? le reprit le professeur. C’est une blague ? Nous avons autre chose à faire. Si quelqu’un vous a dit le contraire, c’est qu’il a menti. C’est ce qui s’est passé ?
Andréa déglutit. Il se demanda si ce professeur avait le même pouvoir que Frantz. Ne pouvant deviner les mouvements sur le visage du professeur, il lança :
— L’autre jour, vos amis ont bien ramené Pétronille…
— Parce qu’elle représentait un objet d’étude. Depuis, si elle n’était pas venue, c’est sa bagaude qui aurait dû aller la chercher.
— Peut-on savoir ce que vous ferez durant notre absence ? s’inquiéta Elaïa.
— Vous n’aurez qu’à demander à vos camarades de vous transmettre ces informations… expliqua le professeur.
Elaïa ne perçut pas l’ironie de la situation. Hassen, lui, se tenait la tête. En général quand il faisait ça, c’est qu’une douleur croissante lui barrait le front. Cette fois-ci, au lieu de prendre son casque, il se leva et saisit le poignet de son voisin immédiat, qui s’appelait Youssouf.
— °afouan frère, lui annonça-t-il.
— J’suis pas ton frère ! cracha Youssouf. Et arrête de me parler en arabe, OK !
— Oui pardon, °afouan, sourit Hassen, qui ne parvenait pas à séparer les deux langues.
Youssouf s’écarta, comme si un crapaud lui avait touché le bras. Hassen s’avança et trébucha en direction de Sébastien. Il lui tint le poignet pour éviter de tomber et l’autre poussa un juron.
— Mais il est con ou quoi ?
— Où est Stéphane ? répliqua Hassen.
— J’en sais rien où il est ce minable ! pesta Sébastien. Va te faire foutre !
Hassen recula. Ses amis voyaient les veines apparaître sur ses tempes. Il devait souffrir le martyre. Pétronille comprit immédiatement. Elle revint à la charge.
— Tu en sais plus que tu ne veux le dire ! Parle !
— Il ne vous dira rien, Pétronille, s’interposa le professeur. Dans la guerre des rois, tous les coups sont permis. C’est de votre faute, si votre équipier a été écarté par les autres rois. Vous auriez dû protéger vos pièces. À présent, quittez la salle, je vous prie et retrouvez l’absent.
L’étudiante fit signe à ses camarades de la suivre. Elle jeta un dernier regard noir à Sébastien. Lorsqu’ils parvinrent sur les pavés de la cour d’honneur, Pétronille arrêta ses amis.
— Que savez-vous ?
— Il y a une sorte de magasin sombre, expliqua Hassen en cherchant ses mots. Il y a aussi un jeune, il prend de l’argent que lui donne Sébastien. C’est dans une gare, parce qu’il y a les appareils pour passer les tickets.
— Comment sais-tu cela ? s’étonna Andréa.
— En touchant les autres, expliqua Pétronille. C’était Youssouf ?
— Non, lui, il a rien à voir avec ça. C’était l’autre, celui qui te connaît, le Sébastien.
— Pas besoin de chercher qui l’a aidé, grogna Pétronille. Il a sûrement été aidé par les autres brutes.
Pétronille s’en voulait. À cause de ses somnolences, elle avait totalement baissé la garde. Ce n’était pas comme si elle ne savait pas. Les types avaient attaqué Stéphane à La Sorbonne. C’était évident qu’ils allaient recommencer. C’était évident qu’ils « avaient » recommencé. Mais où ?
— Andréa, tu devais l’escorter ? enclencha Pétronille.
— Ah non, juste le premier jour… Après, il m’a dit que ça allait.
— Tu n’avais que ça à faire ! s’énerva Pétronille. Et d’ailleurs tu faisais quoi ?
— Je… j’avais du travail à rattraper, s’excusa Andréa.
— Bon, on a un entrepôt, gronda Pétronille. Ça nous avance bien.
— C’est pas ce qui manque en Ile de France… énonça Elaïa, qui n’avait pas perçu l’ironie de la phrase. C’est comme les gares.
C’est alors que le téléphone de Pétronille vibra. Un message venait d’arriver alors qu’elle retrouvait du réseau. Le nom de Stéphane s’afficha.
Hey, j’ai récupéré mon tel. Je t’appelle dès que
Le message s’arrêtait là. Un détail frappa Pétronille. Le S.M.S. était daté de la veille, jeudi. Comment se faisait-il qu’elle ne le recevait qu’aujourd’hui ?
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Rozpacz
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MarionH
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