Justine Faria da Cruz les héritiers de Saint-Germain Chapitre 3

Chapitre 3

Paris était en effervescence, les rumeurs et les murmures circulaient en même temps que le numéro de la chronique de l'observatrice masquée. On les lisait partout. Dans les salons et les marchés et chaque détail de la soirée était disséqué avec une minutie presque scientifique. Le bal avait été un succès retentissant, mais les événements qui s'y étaient déroulés continuaient de faire battre le cœur de la haute société.

Juliette de Saint-Germain encore émue par l'attention de la reine Éléonore, se promenait dans les jardins de leur demeure avec sa grâce naturelle. Sa mère, la comtesse Mathilde la rejoignit, le visage empreint de fierté et de tendresse.

_ Ma chérie, dit Mathilde en prenant la délicate main de sa fille. Vous avez été splendide hier soir, même la reine était sous votre charme !

Juliette sourit à sa mère, repensant aux mots aimables de la reine et à sa conversation empreinte d'une affection presque maternelle.

_ Maman, pourquoi pensez-vous que la reine s'intéresse autant à moi ? Est-ce à cause de l'absence de sa propre fille ? Dites, vous le croyez ?

Mathilde soupira.

_ Peut-être mon enfant. La princesse est en province et il est de notoriété publique qu'elle est absente pour des raisons... délicates. La reine cherche peut-être à combler ce vide. Mais il est sûr que vous avez fait sensation hier Juliette, vous étiez la plus belle d'entre toutes, beaucoup de soupirants vont se présenter à notre porte après cela.


Pendant ce temps, les discussions dans les salons parisiens tournaient autour des mêmes sujets. Les invités du bal ne cessaient de commenter la grâce de Juliette et l'attention que la reine lui avait accordée. Une attention qui n'était pas passée inaperçue et qui soulevait bien des interrogations pour certains.

Quelques jeunes femmes étaient même jalouses et envieuses, elles auraient bien voulu être à la place de Juliette. Pour les femmes plus âgées, leur préoccupation était tout autre. Après le succès de la jeune débutante, quelle chance avait leurs filles de voir des prétendants se bousculer à leurs portes pour être leurs soupirants ?


Juliette rejoignit ses frères, Alexandre et Charles dans la bibliothèque. Alexandre était l'aîné de la fratrie de Saint-Germain, d'un an l’aîné de Juliette, il était devenu comte à la mort de son père. Il était en pleine lecture d’un épais volume tandis que Charles, semblait perdu dans ses pensées, assis sur un fauteuil.

_ Alors, comment te sens-tu après ta grande soirée ? demanda Alexandre, les yeux toujours rivés sur son livre.

_ Comment as-tu su que c'était moi qui entrais et non mère ? S’étonna Juliette.

_ Tu as le pas lourd ma chère sœur.

Tous les trois se mirent à rire.

_ Cette soirée était magique ! reprit Juliette avec un sourire. Mais je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi la reine était si... attentive.

Alexandre haussa les épaules.

_ Peut-être a-t-elle des plans que nous ne connaissons pas encore, répondit Charles.

Juliette se tourna vers sa sœur cadette, Sophie, qui était assise près de la fenêtre, brodant avec soin.

_ Sophie, tu étais si discrète hier soir, as-tu remarqué quelque chose d'étrange ?

Sophie leva les yeux de son ouvrage.

_ La reine semblait vraiment intéressée par toi Juliette, je suis d'accord avec notre frère, je pense qu'elle voit quelque chose en toi et pas seulement cette absence qu'elle essaie de compenser comme le dit l'observatrice masquée.

_ Qui ça ?! S’exclamèrent Alexandre, Charles et Juliette en chœur.

Sophie regarda ses frères et sa sœur comme s’ils étaient devenus fous.

_ Vous ne savez donc rien ? Les questionna-t-elle.

Et sous leurs yeux effarés, elle sortit

la chronique de ce matin.

Dans l'après-midi, Juliette reçut la visite de sa meilleure amie, Clara Duval. Les deux jeunes femmes se retrouvèrent dans le salon principal, où elles prirent place sur un canapé confortable.

Juliette était si heureuse du retour de son amie.

_ Quel bonheur de vous retrouver ma chère Clara !

_ Le plaisir est partagé Juliette et vous étiez si éblouissante hier soir. Toute la ville ne parle que de vous et de cette attention particulière de la reine.

_ C'était une soirée merveilleuse Clara, mais la reine...

_ Vous, vous avez lu la chronique de l'observatrice masquée ! l'interrompit Clara.

_ Mais qui est-elle ? Et toutes ces choses qu'elle a dites...

_ N'y pensez pas, fit Clara en posant une main qui se voulait rassurante sur celle de son amie. La reine Éléonore a toujours été une figure complexe et l'absence de la princesse Sidonie laisse un vide que personne, je dis bien personne ne pourrait combler, pas même une belle jeune femme brune aux magnifique yeux bleus ! Peut-être qu'elle voit autre chose en vous, quelque chose qu'elle seule a compris.

_ Sophie et Charles le pensent également.

_ Vous voyez ! Je ne suis pas la seule à vous le dire !

Leur conversation fut interrompue par l'arrivée d'un messager portant une lettre scellée avec le sceau royal. Mathilde qui était à deux pas se rapprocha et le messager lui tendit l'enveloppe crème qu'elle ouvrit avec précaution.

_ C'est une invitation, annonça-t-elle. De la reine elle-même. Elle souhaite nous recevoir au palais pour un thé demain après-midi.

Juliette et Clara échangèrent un regard.

_ Pourquoi nous ? demanda Juliette un peu inquiète.

_ Peut-être souhaite-t-elle approfondir sa connaissance de notre famille. Ou peut-être a-t-elle des questions sur notre récente réapparition dans la haute société, il est vrai qu'après la mort de votre père, nous nous sommes repliés sur nous même en province pendant un long moment.

Clara prit la main de Juliette.

_ Quelle qu'en soit la raison, c'est une opportunité pour vous de briller encore davantage. Montrez à la reine la jeune femme remarquable que vous êtes.

_ Oh mère, est-ce que Clara peut nous accompagner demain ?

_ Eh bien pourquoi pas ma chérie.

Juliette sentait qu'elle pouvait compter sur l'amour et la fidélité de son amie Clara, aussi avait-elle besoin de son soutien pour son rendez-vous chez la reine.

C'est pleine d'appréhension que Juliette se coucha ce soir-là, soufflant la bougie, dernière lueur dans la grande ma

ison Saint-Germain.


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