Fyctia

Le nom de Lucile s'affiche, ce qui ne m'étonne pas le moins du monde.

— Alors tu as fait bonne route ?

— Elle était plutôt calme, alors je pense qu'on peut dire que oui.

— Ah, moi qui pensais déjà que tu allais avoir un grave accident et que je toucherais ton héritage, se lamente-t-elle d'un ton théâtral.

— Je suis fauché, je te rappelle. La seule chose dont t'aurais hérité , c'est de Patate.

— C'est déjà bien, je l'aime bien, moi, ce pouffe vivant.

— En parlant de pouffe, tu n'as pas intérêt à le gaver de merde pendant que je ne suis pas là, il suit un régime strict, l'avertis-je pour la centième fois en deux jours.

— Même pas une petite gourmandise de temps en temps ? Même quand il me fait ses yeux de chien battu ?

— Si ça reste exceptionnel, soufflai-je en sachant déjà que, quoi que je dise, mon chat aura pris au moins un kilo en rentrant à la maison.

— Yeees ! s'écrit-elle dans un cri perçant qui me pète les tympans.

Patate a beau être mon chat, parfois je me demande si ce n'est pas à elle qu'il appartient tant elle l'aime. Mais au moins, elle est toujours partante pour le garder, et Patate qui est plutôt insociable, n'accepte que elle hormis moi. C'est du gagnant-gagnant finalement : elle est heureuse et moi, je n'ai pas à payer quelqu'un pour le garder et retrouver mon chat traumatisé à vie.

— Tu l'as revue ? demande ma meilleure amie d'une voix plus douce cette fois-ci.

— Pas encore… Je me dis qu'il est peut-être parti. Ça serait mieux comme ça, non ?

— Coline, tu devrais lui dire.

— Je sais, mais… Nous ne nous sommes pas quittés en bons termes. Enfin, je suis partie et je l'ai bloqué sans explication. Comment pourrait-il vouloir me parler après ça ?

— Je pense que te livrer sur la cause de ton départ te ferait du bien, m'explique-t-elle.

Je reconnaissais bien là ses conseils de psychologue.

— Colline ! M'appelle ma mère.

— Je dois te laisser.

— Pense s'y.

Je raccroche et descends les marches. Ce que j'y vis en bas me glace le sang.