WendyC. Les fils rouges de Nina V.2.

V.2.

Nina regarda sa mère qui souriait. Elle aimait la voir dans cet état. Elle observa Lola qui, pour une fois, se tenait droite sur sa chaise. Elle n’avait pas l’air dans son assiette et ce n’était pas son habitude de ne pas passer le repas à écrire des petits messages d’amour à son petit copain. Cependant, elle ne dit rien. Elle aimait manger sans créer de drames. Les repas se passaient souvent de cette façon : chacun s’occupait de son assiette et les seules conversations autorisées étaient des conversations joyeuses. Le rôti fut délicieux et Willow, qui pourtant n’était pas fan de porc, se servit une deuxième assiette. Cécile cuisinait bien. Tellement bien qu’elle avait pensé à se reconvertir dans la restauration, quand elle s’était rendu compte que son petit diplôme de compatibilité ne la ferait pas avancer.


Puis, elle avait rencontré Lounis et avait décidé de mettre de côté sa carrière pour se consacrer à sa vie de famille. Quelle erreur ! Quand il était parti, elle n’avait plus rien et avait dû tout recommencer. Le cabinet lui avait ouvert un poste d’aide-comptable. Avec le temps, elle avait passé des formations et était désormais comptable. La restauration n’était pas une option pour elle ; les horaires ne lui conviendraient jamais. Cela ne l’empêchait pas de cuisiner avec attention pour sa petite famille.


***



La journée shopping s’annonçait mal. Une averse était venue contrarier les plans des deux amies, les incitant à rester au chaud pendant quelques heures de plus. Vers quatorze heures, la pluie semblait s’être calmé et elles en profitèrent pour sortir. Elles entrèrent dans le tram C. Nina habitait près de l’arrêt Observatoire et il leur fallait environ dix minutes pour se rendre à l’arrêt Winston Chuchill. Ensuite, il fallait longer les résidences étudiantes afin d’arriver enfin dans la zone commerciale. En sortant du tram, une nouvelle averse s’abattit sur elles et elles coururent, telles deux folles, à travers la rue.


Nina se surprit à ne pas faire attention à tous les fils qui volaient autour d’elle. Ils faisaient partie de son quotidien et ils l’incommodaient de moins en moins. De temps à autre, elle se retournait sur un couple mignon qui était lié et elle souriait. Dans l’ensemble, elle avait retrouvé une certaine normalité malgré le rouge qui parsemait tous les sols sur lesquels elle marchait. Elle riait à nouveau, elle se sentait enfin en vie. Son côté philosophe dépressif commençait à s’estomper pour laisser place à l’ancienne Nina, qui ne se souciait de rien.


Elles étaient complètement trempées quand elles arrivèrent enfin dans le centre commercial. Le plafond était immense avec une lumière qui se diffusait à travers. Elles étaient venues ici des centaines de fois, entre les cours, en vacances ou même le week-end. C’était un peu leur repaire. Leur endroit préféré se trouvait à l’étage inférieur, juste en face d’une grande enseigne de supermarché. Elles mangeaient régulièrement une gaufre chez Waffle Factory quand il faisait froid, ou une glace chez Les Affranchis quand il faisait chaud. Parfois, cela n’avait pas vraiment d’importance, elles mangeaient froid en plein hiver et chaud en plein été.


Vers dix-sept heures, Nina annonça à Willow qu’elle devait rentrer pour se préparer pour son rendez-vous du soir. Cette dernière leva les yeux au ciel et traîna les pieds jusqu’à la sortie. Elle prit le même tram, qui était en retard à cause d’un accident ayant eu lieu une heure auparavant. Nina souffla et essaya de se réchauffer tant bien que mal. Le tram arriva enfin, bondé, mais elles purent s’y glisser de justesse. Dans un lieu aussi bondé, les fils étaient encore plus présents et la rendait claustrophobe. Certains sortaient du véhicule, d’autres se baladaient à l’intérieur. Cela lui donnait le tournis.


Elle rentra rapidement, troqua son jean délavé par une paire de collants noires et enleva sa chemise pour la remplacer par une belle robe pull, jaune moutarde, agrémentée d’une ceinture à diamants. Elle se contempla un moment dans le miroir et décida d’opter pour un maquillage sexy mais discret. Un petit train d’eyeliner pour donner à son regard un petit côté mystérieux. Et une touche de rouge à lèvre rouge. Elle sourit et se trouva plutôt jolie et en conclut qu’elle était prête.


Elle attendit le message de Thomas pour se rendre en bas de son immeuble et rejoindre le bel homme qu’elle allait tenter de séduire. Un regard rapide à son doigt lui rappela son fil coupé, mais elle chassa ses idées noires. Ce soir, elle allait lui montrer quel genre de femme elle était réellement : le genre que l’on n’oublie pas.


Elle le rejoignit d’un pas nonchalant et lui fit la bise. Il sourit à la vue de sa tenue qui changeait de la seule fois où il l’avait vu. Elle lui faisait déjà tourner la tête.


« Alors, où va-t-on manger ?


— Tu as déjà faim ?


— J’ai toujours faim !


— Je pensais qu’on pourrait marcher un petit peu. J’ai réservé pour dix-neuf heures.


— Il fait froid, constata-t-elle


— Oui, je pensais pas que tu sortirais comme ça.


— Elle ne te plaît pas ma tenue ?


— Si, elle est très jolie. Mais pas forcément en raccord avec la météo. »


Il se mordit la lèvre en la détaillant. Elle détourna le regard.


« Sinon, je peux te montrer mon studio et on peut y boire un verre ?


— Tu habites où ?


— A cinq minutes d’ici. Juste en face de la fac.


— Ah oui je vois que Monsieur n’aime pas faire de longs trajets. »


Elle pouffa de rire et il la regarda intensément. Il n’avait jamais vu une femme aussi belle qu’elle. Il était presque sûr d’avoir eu le coup de foudre le jour où elle s’était assise à sa table.


« Alors on y va ?


— Je te fais confiance, mais n’oublie pas que je sais me battre si tu tentais de m’enlever.


— Je n’en doute pas ! »


Ils se dépêchèrent, pour éviter la pluie qui menaçait de tomber à tout instant. L’immeuble de Thomas se situait bien en face de l’Université, sur l’Avenue de la Forêt Noire. De sa pièce à vivre, il avait vu sur les murs en grès rouge du bâtiment qu’ils côtoyaient tous les jours. Ce n’était pas moche, mais pas non plus la vue idéale. Il jouissait d’un petit balcon où il avait planté des tomates cerise dans une petite jardinière. Son appartement était propre, son lit était plaqué contre le mur et était caché du reste de la pièce grâce à un paravent classe fait de verre opaque. C’était petit, mais confortable.


Nina se surprit à regarder son fil qui s’étendait jusqu’à la porte d’entrée. À quoi s’aurait-elle attendue ? Ils n’étaient que tous les deux dans le studio. Il lui servit un exquis chocolat chaud et opta pour un thé au citron avec un peu de miel pour lui. Il commençait à tomber malade et détestait cela. Il avait bien trop de choses à faire pour tomber malade de la sorte.

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17 commentaires

clecle

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Il y a 2 ans

Bon, elle est sceptique sur Thomas, elle n'a pas l'air troublée par lui. Est-ce à cause de cette histoire de fils ? Elle se dit que de toute façon ce n'est pas son âme soeur, ce qui la rend un peu cynique.

Héloïse Outtier

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Il y a 2 ans

Et voilà je suis à jour pour les coup de pouce.

Malika Schmitt

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Il y a 2 ans

J'aime toujours autant ton histoire. C'est intriguant. Seul petit bémol, tu donnes beaucoup d'informations dans tes moments de narration, c'est parfois lourd a lire. Comme le passage avec la carrière de sa maman. C'est intéressant mais là dans le contexte ça casse un peu le rythme.

WendyC.

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Il y a 2 ans

Oui c’est vrai!

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

Salut ! Petit coup de pouce ;)

Emmy Jolly

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Il y a 2 ans

Ton histoire se lit toujours aussi bien Nina se fait a l'idée de voir des fils rouge partout... Et nous aussi💖 je me questionne pourquoi son fil est coupé ?

WendyC.

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Il y a 2 ans

Le mystère 😬 on le saura dans un long moment
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