Fyctia
Chapitre 8
Nicolas affronte la stupeur comme il peut. Tous les scénarii possibles et imaginables viennent heurter son esprit. Il en élimine les pires pour ne pas succomber à la terreur. Non, elle n’a pas été kidnappée, impossible. Pourtant, la réalité est bien là, devant ses yeux larmoyants. La fenêtre a été cassée et le grenier est sens dessus dessous. Difficile de nier l’évidence. Il voudrait se résoudre à l’idée que non, rien n’est arrivé à la chair de sa chair, qu’elle va bien, mais le rationnel prend le pas sur l’espoir.
Est-ce qu’il a bien vérifié dans toutes les pièces ?
Au pas de course, il descend les marches du grenier, vérifie une fois de plus toutes les pièces. Dans les moindres recoins. Même dans les endroits les plus invraisemblables (comme dans les tiroirs, des fois que sa fille soit redevenue le nourrisson qu’il tenait dans ses bras pour le biberon).
— Charlotte ! hurle-t-il.
Puis il revient dans le couloir principal et se penche sur la balustrade :
— Charlotte est en bas avec vous ?
Il entend les pas agités de Céline, elle vient se placer au bas de l’escalier et le fixe avec ce regard déconnecté, si caractéristique de son déclin mental.
— Non, elle n’est pas là.
C’est au tour d’Anaïs de bondir du canapé et de rejoindre sa mère, en gardant toujours une certaine distance avec elle.
— Il se passe quoi papa ? demande-t-elle sur un ton d’une neutralité affligeante.
"Je suis le seul dans cette foutue baraque à me ronger le sang ?".
— Ta sœur n’est pas en haut. Je vous ai entendues jouer dans la chambre tout à l’heure. Il s’est passé quoi ensuite ?
Anaïs déglutit difficilement, ses lèvres tremblotent et des bouffées de chaleurs rougissent son teint pâle.
— Après, articule-t-elle presque aphone, je lui ai dit que je descendais dans le salon. Elle … Elle m’a dit qu’elle me rejoignait. Ensuite … je … je suis partie aux toilettes et …
Voilà qu’elle s’effondre en larmes, comme submergée par un sentiment d’impuissance.
Nicolas ne perd plus de temps, il dévale les escaliers, manque de glisser sur la dernière marche, il pousse du bras sa femme et fonce attraper le téléphone filaire sur le meuble de l’entrée.
— Qu’est-ce que tu fais ? demande Céline.
Quelle foutue question lunaire ! Son mari peut la trouver étrange parfois, souvent même, mais là, c’est du domaine de la psychiatrie.
— T’es consciente de la situation là ? dit-il sans même attendre de réponse, premièrement parce qu’il s’en tape, et deuxièmement parce qu’il est étouffé par l’angoisse.
Allez, on compose le 17 ! … Que c’est long ! Putain, on a le temps de crever dix fois !
— Police secours bonsoir.
— Allô oui bonsoir ! Je vous appelle parce que ma fille a disparu ! Elle n’est plus dans la maison.
— OK Monsieur, je comprends la situation. Je vais avoir besoin que vous répondiez à quelques questions s’il vous plait.
"Il est sérieux là ? On a le temps pour les questions ?"
— Je viens de vous dire, reprend-il décontenancé, que ma fille a disparu. Elle jouait avec sa sœur à l’étage, puis sa sœur est descendue et lorsque je suis allé la chercher quelques minutes plus tard, elle n’était plus là.
— Monsieur, je vous assure que je comprends votre situation de détresse, mais si vous voulez que les choses aillent vite et dans le bon sens, je vous demande de garder votre calme s’il vous plait.
"Garder mon calme ? Garder mon calme ? Il comprend que dalle !".
— D'accord. Navré mais je suis à deux doigts du malaise.
— Et encore une fois, je comprends. Il faut être le plus précis possible pour que nous puissions vous apporter notre aide … Quand a-t-elle été vue pour la dernière fois ? Et par qui ?
— Je dirais que c’était il y a une vingtaine de minutes, peut-être un peu plus, répond-il en se tournant vers Anaïs, comme s’il cherchait une confirmation. C’est sa sœur qui l’a vue pour la dernière fois, elles jouaient toutes les deux dans leur chambre.
— OK et avez-vous entendu ou vu quelque chose d’inhabituel ? Des bruits ? Des gens dans le voisinage ?
— Oui, au grenier. La vitre a été brisée et tout est en bordel.
Céline se crispe de l’intérieur. Est-ce qu’elle va devoir se justifier ? Expliquer pourquoi elle n’a pas alerté la police plus tôt ? Après tout, est-elle obligée de mentionner cet épisode ?
Elle se pose toutes ces questions car la petite a disparu, et ça change tout.
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Kalehu
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