Agathe De pas Les chroniques du 5ème âge Chapitre 9 - Partie 2

Chapitre 9 - Partie 2

Billie Wil, dans sa confusion, oublia de répondre. Akash lui montra ses crocs :


— Vous choisissez donc de vous taire… Si là est votre choix…


Cette grande tige mal lunée semblait s’être attendue à ce que Billie Wil lui tienne tête aussi farouchement.

L’Instinct de la myrne rugit à ce moment et, en un clignement d’œil, elle se transforma en flamby et se laissa couler au sol pour éviter Akash. Attraper un poisson frétillant aurait été plus facile. L’aisra lui prit la gorge au troisième essai et la souleva :


— Comprenez bien, myrne, que nous avons plus d’intérêt à vous garder vivante qu’à vous tuer, mais nous gardons cette dernière option en réserve...


Traduction : Si Billie Wil ne coopérait pas dans la bonne humeur, ils tenteront de la persuader à leur manière. Lélio posa sa main sur l'avant-bras d'Akash pour la forcer à relâcher la myrne, et il se tourna gentiment vers Billie Wil :


— Les questions que nous avons à vous poser, outre votre implication dans la traduction de ce document, concernent votre travail et vos employeurs.


S’ils avaient l’intention de tirer d’elle autre chose que les derniers ragots de son département d’étude, ils allaient vite déchanter. Il insista :


— Après cinquante ans sous très haute protection, le carnet est ressorti sans le moindre signe avant-coureur, pourquoi ?


Comment ces créatures avaient-elles réussies à savoir aussi vite que le carnet était sans surveillance à ce moment ?

Certainement avaient-ils un indic ou n’importe quoi qui les a prévenu aussitôt que le carnet est sorti de son carcan.

Billie Wil, dans un éclair de génie, comprit qu’ils ne savaient pas encore, pour Cephei, en fait.

Ils étaient venus pour le carnet.

En dire trop serait très malavisé, donc. Toutefois, bouleversée par la manière dont Akash en fond, très pro en tentative d’intimidation, faisait craquer ses doigts, Billie Wil consentit à répondre en croassant :


— Il s’agissait d’une initiative personnelle…


Avec un peu de chance, elle réussirait à donner des réponses floues sans trop s’épancher. Ainsi, elle sauvait sa vie sans accabler l’Alliance. Vidalïn la retrouverait avant que les choses ne deviennent vraiment tendues pour elle.

Elle comprit qu’elle avait certainement mal formulée quand les aisras échangèrent un bref regard. Thornton prit la parole à son tour, sceptique :


— Une initiative personnelle ? Donc vous avez à votre disposition les documents les moins accessibles du Conservatoire ?


Possédaient-ils une certaine forme d’intelligence supérieure ou bien était-ce Billie Wil qui disait exactement ce qu’elle ne voulait pas dire à son insu ?


— Non… C’est juste que… Cette carte fait partie de mon domaine d’étude… J’avais donc l’autorisation de l’étudier.

— Quel est votre domaine d’étude ?


Dans son malheur, elle avait la chance qu’ils étaient, depuis le début, partis du principe qu’elle était un peu simple d’esprit, voire carrément débile, car ils ne furent pas interpellés par les hésitations de ses mensonges maladroits. Donc quitte à être dedans, autant s’enfoncer un peu plus en assurant dans un sourire léger :


— L’Asirion… Entre autre.


Elle aurait pu mentir, si seulement elle y avait pensée. Et elle n’était pas responsable, pour le sourire. Elle était juste incapable de ne pas empêcher ses zygomatiques de se contracter. Cela conforta ce que ses ravisseurs pensaient d’elle.


— Entre autre ?


Poussant gentiment Akash et Lélio, Thornton vint se placer devant elle pour l’inviter à approfondir de son regard limpide. Un peu perdue, elle se demanda pourquoi, tout d’un coup, les deux plus jeunes s’écrasèrent comme si Thornton était, en fait, le véritable meneur du tri alors que depuis le début, c’était Akash qui dominait. Elle chercha ses appuis en souriant de plus belle et, allez savoir pourquoi, elle jugea bon de mentir sur ce point là :


— Les différentes écritures du quatrième temps, globalement.


Affirmer cela lui laboura la gorge, elle qui avait tant d’animosité envers le Quatrième Temps et son ignoble variation Epsilon, mais elle se dit que ça restait l’explication la plus probable pour justifier ce qu’elle faisait avec un tel document. Un peu plus à l’aise maintenant qu’elle sentait les trois brutes se calmer sensiblement, soulageant son sixième sens, elle insista :


— Ce carnet possède un certain intérêt linguistique et c’est la raison pour laquelle je me suis penchée dessus.


Leur dire que Vidalïn lui avait débloqué tous les accès à tous les documents qui concernaient les aisras ne seraient pas une bonne idée. Thornton échangea un regard avec Akash, avant de reculer d’un pas pour laisser la plus jeune reprendre l’interrogatoire :


— Donc, vous savez bien lire l’asirion ?


Non. Non, non, non.


— Je connais les bases…


Akash tourna un regard indéchiffrable vers Thornton en se tordant les doigts :


— Je ne sais pas si mon oncle en sera satisfait… Peut-être n’aurions-nous pas dû nous encombrer avec ça ?


Billie Wil était peut-être gentille, molle et flasque, mais elle n’était pas sourde et n’appréciait pas forcément être traiter de « ça » avec autant d’indifférence. Cette Akash lui sortait plus par les yeux que l’asirion et ce n’était pas peu dire.


— Revenir ici lui prendra deux jours au plus, d’ici-là, tu auras le temps d’en tirer quelque chose et justifier pourquoi tu l’as convoqué comme ça.


S’il vous plait, était-il possible de prendre la présence de la dite myrne en compte plutôt que de faire des messes basses directement face à elle, dans le langage courant et à voix haute ?

Et puis si Vidalïn voulait bien prendre la peine de venir la chercher d’ici deux jours, elle en serait bien aise. Akash était déjà une plaie en soi, rencontrer son oncle ou n’importe quel individu en famille avec elle ne l’enchantait pas le moins du monde.


Elle fut tirée de ses pensées par un raclement de gorge de Lélio qui s’approchait, des beignets Naïopéens, spécialité de Cirthe-al-Arraï, dans les mains. Il était définitivement son préféré.

Elle goba les deux plus gros, qui avaient la taille de son poing, avant qu’il ne mette le plateau hors de sa portée en lui lançant un regard sévère, comme s’il était outré par tant de discourtoisie.

Comme si les aisras avaient des notions de courtoisie… 


— Il n’y a que ça pour tout le monde !


Vraiment ? Mais ils ne se nourrissaient donc de rien ?

Son regard suffit à lui seul à inspirer la pitié de cette harpie d’Akash qui lui mit deux autres beignets dans les mains avant de s’éloigner pour entamer une conversation à voix basse avec les deux autres, ne se préoccupants plus de la myrne qui se boulottait tout le plateau dans son coin.

Toujours ignorée, elle se rassit sur son fauteuil. Elle se sentait encore très fatiguée et sous le choc.

Maintenant qu’elle avait l’estomac plein, qu’elle ne se sentait plus en danger de mort imminente et que ses assaillants étaient passés à autre chose, elle fit comme tout myrne en état de stress : elle s’endormit.


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2 commentaires

leslie26

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Il y a 2 mois

Salut !!!!! Je suis très en retard pour commencer à lire mais mieux vaut tard que jamais !!! Ton résumé est vraiment accrocheur et j'ai envie de me plonger dans l'histoire tout de suite !!! J'ai liké ton chapitre au cas où ça puisse t'aider. Je vais essayer de lire le plus vite possible!!

Agathe De pas

-

Il y a 2 mois

Merci à toi, J'espère que l'histoire te plaira ! (la version que je poste sur fictya est différente de l'originale donc il y a peut-être des problèmes de découpage, de fluidité et d'infodumping par ci par là)
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