Fyctia
Chapitre 5 - Salomé
Le téléphone sonne. Une fois...deux fois...trois fois.... et c'est le répondeur qui décroche à la place de Gabriel. Je pousse un long soupir de soulagement.
"Oui bonjour Gabriel c'est Salomé - je m'entends bégayer - c'était juste pour discuter... Tu peux me rappeler je suis disponible ce soir. Enfin si tu veux ! Voilà passe une bonne soirée".
Sitôt le message enregistré, je fais glisser mon téléphone sur ma table de nuit, loin de mon moi, pour ne pas y penser.
Plus qu'à me lancer un petit épisode de Community pour me remettre cette journée éprouvante où j'ai foutu en l'air mon avenir. C'est fou comme j'adore cette série, elle me fait toujours rire, même en connaissant les épisodes par coeur.
Au bout de 15 minutes qui semblent une être éternité, je commence sérieusement à flipper. Peut-être qu'il ne veut pas me parler ? Je regarde ma montre : 21h15. J'hésite à un instant à rôder devant chez lui pour l'observer à travers sa fenêtre éclairée, mais c'est clairement trop tard pour aller toquer à sa porte. J'irai demain matin, avec un plan d'action en béton ; à coup de deadlines, next steps, roadmap et value proposition, j'en suis certaine, on parlera la même langue et j'aurai son attention !
J'ouvre une page Excel sur mon ordinateur et je me mets à écrire frénétiquement. Objectif : élaborer une stratégie pour réussir ces foutus chocolats.
Pendant deux bonnes heures et mon casque vissé sur les oreilles (merci Rammstein), j'élabore de quoi convaincre Gabriel que je ne suis pas une cause perdue. Heureusement, la dame de l'accueil accepte d'imprimer ces deux précieuses pages. Un euro cinquante, le prix de ma rédemption.
Je me sens à la fois sereine, vidée, surexcitée... et assez fière de moi. Je ne suis pas du genre à abandonner. Dans 5 ans, j'aurai accompli tous mes rêves et je lirai mon nom en gros sur des boîtes de chocolat.
Avant de me glisser sous ma couette chaude, je règle mon alarme pour 8h. Je prévois d'être chez Gabriel à 9h, ni trop tôt, ni trop tard. De toute façon, ça ne m'étonnerait pas qu'il ait une 6am morning routine où il se met des glaçons sur la figure en répétant dix fois qu'il va tout déchirer. Cette image me fait sourire. Comme quoi, tout le monde peut être ridicule.
Le lendemain matin, malgré ma très mauvaise nuit, je déborde d'énergie. J'attache mes cheveux blonds dans un chignon flou, souligne grossièrement mes yeux verts d'un trait d'eye-liner et applique une bonne couche de correcteur sur mes boutons au menton. Je prends toujours un café avant de partir, mais cette fois je déroge à mon habitude : je suis beaucoup trop nerveuse pour ça.
En ville, les commerçants commencent à lever le rideau de leurs petites échoppes colorées. Ils s'apostrophent bruyamment, impatients de se partager les derniers potins. Mes bottes à talons claquent sur les pavés encore humides de la brume du matin. Je m'enroule dans mon écharpe marine, espérant qu'elle me donne un peu de chaleur. Foutu climat semi-continental.
Ce charme si propre à la période de Noël m'aurait émerveillée si je n'étais pas aussi concentrée sur ma réunion avec Gabriel. Telle une actrice de théâtre avant la première, je répète encore et encore : "Ecoute Gabriel, j'aimerais repartir sur de meilleures bases. J'ai fait un plan d'action qui nous permettrait de tenir la deadline, je te le présente ? "
A forcer de ruminer, je suis presque arrivée chez lui. Un doigt sur la sonnette, j'appuie fébrilement, prête à déclamer ma tirade. J'entends une petite musique aiguë retentir à l'intérieur de la maison. En un millième de seconde, j'envisage plusieurs options pour éviter la confrontation qui va suivre, comme partir en courant ou me cacher derrière un buisson. Deux scénarios très peu matures et professionnels que je me dois d'écarter.
En entendant le grincement de la porte, je me raidis et commence :
- Ecoute Gabriel, j'aimerais repartir sur...
Ma phrase reste coincée : Gabriel n'est pas seul derrière la porte. Derrière lui, une femme brune me dévisage derrière son épaule. Sa mère ? Etant donné leur proximité physique, sa copine ? Mon cerveau bug de le voir dans ce type d'intimité. Je cherche mes mots, regardant l'un et l'autre tour à tour.
- Entre Salomé, tu tombes bien j'allais te rappeler. Désolé de ne pas t'avoir répondu hier.
- J'ai fait un plan d'action, je lui dis rapidement, comme essoufflée, en lui tendant les deux feuilles imprimées.
Il me regarde l'air un peu surpris, ne sachant comment réagir. Merde. C'est tout moi ça : trop de préparation, pas assez d'improvisation.
- Merci, dit-il poliment pour clore ce moment un peu gênant. Je te présente Jennie -il désigne du geste la femme derrière lui -, qui s'est occupée de moi pendant longtemps. Pour te la faire courte, on ne va pas pouvoir refaire les chocolats. - Il doit voir la tronche que je tire puisqu'il rajoute - Mais tout n'est pas perdu. La soeur de Jennie habite à quelques heures en voiture et c'est une chef très reconnue... avec un garde-manger gigantesque. Je suis certain qu'on pourra trouver de quoi refaire la recette. C'est un peu loin mais avec deux ou trois jours sur place ça devrait le faire.
Devant mon air perdu, il ajoute :
- Ca c'était la version courte. Je te propose de rentrer pour qu'on t'explique la version longue. Tu comprendras mieux.
Sans me demander mon avis, mon plan d'action froissé à la main, Gabriel referme la porte derrière moi, m'écrasant presque au passage. Il sent bon même à 9h du matin.
Wait ! I'm not that kind of girl !
--------
Et voilà pour ce chapitre ! Enfin la réunion de Salomé et Gabriel ! Et en avant pour la romance !
Sinon, je travaille sur un Fyctia Tracker, qui permet de suivre ses lectures et ses lecteurs sur Fyctia. Je commence à m'y perdre entre toutes mes lectures et j'ai besoin de m'organiser. 😅😅
Je devrais pouvoir aussi vous le partager rapidement.
@rian.delambre sur insta pour être informée de sa sortie ! (je me lance j'ai besoin de votre soutien pliz help)
A très vite pour la suite et merci à toustes !
12 commentaires
Ama Ves
-
Il y a 16 jours
Thalia B
-
Il y a 18 jours
mima77
-
Il y a 19 jours
Rian
-
Il y a 18 jours