aerju Les Brûlés Liro

Liro

Au bout de quelques heures de marche, le loup commençait à avoir faim, et se mit donc en tête de trouver quelque chose à manger. Il s’arrêta, et huma l’air autour de lui, attentif à la moindre odeur. Il s’avança discrètement en direction de l’odeur qui semblait être celle d’une biche. Celle-ci était de plus en plus forte, et lui permit de trouver la biche. Elle broutait de l’herbe et ne l’avait pas vu. Il se prépara donc à sauter sur sa proie, toutes griffes dehors, lorsque la biche sentit quelque chose et s’enfuit. Aussitôt le fauve la poursuivit. La biche était légèrement plus rapide que lui, mais celui-ci faisait tout pour ne pas se laisser distancer. Au bout de quelques minutes de course, la biche parvint enfin à prendre de la distance. Sans se décourager, il continua de la poursuivre sans accélérer. Soudain la biche s’effondra, dans une explosion de sang. Le fauve s’arrêta net. Un enfant se dressait sous les restes du cadavre de la biche, couvert de sang. Il avait les cheveux longs, bruns, et sales, les yeux grands ouverts, et des sourcils marqués. Il était de petite taille, et n'était vêtu que d'une chemise qui semblait avoir été blanche, déchirée et trop grande pour lui au point qu'elle descendait jusqu'à ses genoux.

Ni le fauve ni l'enfant ne bougeait. Chacun se demandant s'il était chasseur ou proie. Le loup sorti les dents, prêt à bondir sur l'enfant. Celui-ci n'avait toujours pas bougé, immobile. Soudain, il dit d'une voix claire :

"Bonjour, moi c'est Liro. Comment t'appelles-tu?"

Le fauve resta immobile, puis sa forme devint floue, ses poils se rétrécirent, ses oreilles s'arrondirent, son museau s’aplatit, ses yeux s'arrondirent, sa queue disparut, ses pattes devinrent des jambes et des bras, un nez apparut sous les narines, et enfin il ne resta du loup qu'un petit enfant nu comme vers.

L'enfant nu ouvrit lentement la bouche :

"Un nom? articula-t-il.

-Oui, tout le monde en a un, moi par exemple c'est Liro.

-Je... je ne sais pas.

-Quoi? Tu ne connais pas ton nom? Tant pis, je n'aurais qu'à t'en donner un. Et puis s'il ne te plaît pas tu n'auras qu'à en changer, s'exclama Liro joyeusement. Moi c'est mes parents qui ont choisi mon nom, mais j'y suis trop habitué et je ne pourrai pas en changer. Même si ces temps-ci je ne l'utilise pas souvent. Faut dire que dans la forêt il n'y a pas grand monde avec qui parler, hein? Enfin, tu es là donc nous pouvons rester ensemble et parler autant que nous voulons. Après tout, contrairement à la vie en ville, en forêt nous pouvons faire ce qu'on veut tant qu'on trouve de quoi manger et de quoi boire. Tiens au fait, tu n'as pas soif? Hier j'ai trouvé un cours d'eau près d'ici, et si tu as faim, il y a beaucoup de lapin tout autour. Tu aimes le lapin? Moi je préfère le toulin, c'est plus dur à chasser mais la chaire est bien plus tendre. Sinon j'aime bien le saumon aussi, il y en a parfois dans la rivière. D'ailleurs peut-être que le cours d'eau d'hier rejoint la rivière, je regarderai demain. Tiens à propos de nourriture, tu chassais cette biche? Tu peux la manger si tu veux, je l'ai tuée par réflexe. Enfin je t'ai peut-être épargné une longue chasse n'est-ce pas? Tiens finalement j'ai un peu faim je pourrai t'en prendre un peu? Ne t'en fais pas si tu ne veux pas, je trouverai bien de quoi manger, ici ce n'est pas le gibier qui est dur à trouver. Je trouverai peut-être même du toulin. Mais je devrais peut-être les épargner pour qu'ils puissent se reproduire et être plus nombreux. Non, si je ne les chasse pas, d'autres le feront et au final je n'aurai rien gagné..."

En face de Liro, l'autre enfant était immobile, une expression de surprise et d'incompréhension sur le visage.

"Qu'est-ce qui t'arrive? demanda Liro."

L'enfant secoua la tête comme pour sortir de sa torpeur:

"Rien, balbutia-t-il, c'est juste que ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu un humain parler."

Soudain l'enfant fut pris d'une quinte de toux. Du sang sorti de sa bouche.

"Tu ne devrais pas parler autant si tu n'en as pas l'habitude, dit Liro d'un air supérieur, tu pourrais te blesser et ne plus jamais pouvoir parler après. Enfin ce n'est pas grave. Je te montrerais le cours d'eau que j'ai trouvé hier, tu pourras boire, cela devrait te faire du bien. Un jour dans mon village, un groupe de bûcheron avait ramené un vieil ermite qu'ils avaient trouvé évanoui, et lorsque..."

Le reste de sa phrase resta bloqué dans sa gorge, et il se figea. L'enfant était à nouveau devenu et loup et il paraissait prêt à bondir sur lui.

"Qu'est-ce qui t'arrive? demanda Liro inquiet. Il ne faut pas s'énerver, si tu trouves que je parle trop je me tais, ce n'est pas la peine de..."

Une nouvelle fois Liro s'interrompit. En face de lui, l'énorme fauve grondait. Liro n'osait plus bouger. Comme quelques minutes auparavant, ils se regardaient l'un l'autre, immobiles. Soudain, le loup bondit.

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1 commentaire

Gaulier

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Il y a 8 ans

C'est daar
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