Dacia Les bonnes résolutions 14.Lenny.1/3

14.Lenny.1/3

6 Novembre 2022.


Trevor Harington est un enfoiré de première.


Ce n’est pas comme si je venais de le découvrir, néanmoins je n’arrive pas à déterminer s’il est juste amer parce que je viens de lui tenir tête pour la première fois, ou bien si il est réellement décidé à mettre sa menace à exécution.


Et ce n’est pas la vision de son dos qu’il m’offre en regagnant sa Mustang flambant-neuve qui va me donner une réponse.


Je le savais, putain ! J’aurai mieux fait de m’occuper de ce qui me regarde et de laisser Candy se démerder avec ses problèmes. Mais, non ! Au lieu de ça, il a fallu que je joue les bons samaritains : ça m’apprendra.


Après de longues minutes passées à me sermonner intérieurement, le visage enfouit dans mes mains, je fais la promesse qu’on ne m’y reprendra plus : « manger ou être mangé. C’est la dure vérité de la vie ». Et je n’ai pas l’intention de me faire bouffer.

Je pourrai peut-être préparer une contre-offensive ? Un démentit, ou ma version de l’histoire ?


Je secoue la tête pour oublier cette idée aussi stupide, qu’inutile ; il ne fera jamais une chose pareille, pour la simple et bonne raison que mon père ne désir qu’une chose : prendre la place de Candy et se faire encore plus de pognon en gérant mon image et celle du groupe.

Ce n’est pas dans son intérêt de tuer la poule aux œufs d’or.

Et, quand bien même : C’est à Candy de s’occuper de ce genre de chose : elle est payé pour ça après tout !


Sur cette bonne résolution je me retourne, car j’ai autre chose à faire que de m’apitoyer sur mon sort, quand je tombe sur le joli petit minois qui me toise de ses yeux turquoises depuis la double porte vitrée du hall. Mon regard se perd sur ses lèvres entrouvertes au moment où je m’apprête à retrouver le groupe qui a certainement débuté les répétitions.


—Je ne veux pas en parler, je lance alors que je me demande depuis combien de temps Maéva m’espionne. Trop longtemps, sans doute.


Ce que me confirme son regard craquelé.


—Évidemment que non ! Elle crache et mon cœur se brise quand elle laisse échapper dans un souffle : Mais je ne te laisse pas le choix, espèce de Chocapic.


Encore ce surnom ridicule ! Franchement, je ne sais pas d’où Maéva a sorti un truc pareil. En revanche je sais une chose : il fut un temps où c’était ces céréales favorites.

Information dont je dispose depuis peu. Grâce à sa meilleure amie et à la clé USB qu’elle m’a donné, tout à l’heure.

Soudain ces mots prennent un sens particulier. Une ampleur qu’ils ne devraient pas prendre. JAMAIS !


—C’est pas le moment, je grogne en reprenant ma route.


Je stoppe net pour ne pas la percuter alors que Maéva me barre le chemin. Elle croit vraiment que c’est son mètre soixante-dix qui va m’empêcher de passer ?

Je lorgne sur un arbuste aux racines profondément enfouies dans un énorme pot de terre.


—N’y pense même pas ! Marmonne Maéva en suivant mon regard, ses Converses s’agitant sous son petit corps comme si elle s’apprêtait déjà à se débattre.


—Putain, Maé… ne m’oblige pas…


—Ne pas t’obliger à quoi, au juste ? À me pousser ou à me planter dans un pot de fleur comme une vulgaire plante ? Tu vas encore me reprendre sur tes épaules, peut-être ? Elle raille tandis que sa cravate en satin noire monte et descend sur sa poitrine au rythme de sa respiration.


Le souvenir de son cul à côté de mon visage ressurgit, alors que mes yeux sont attirés par des miettes éparpillées sur son chemisier blanc, déboutonné en haut, m’offrant une vue imprenable sur la peau fine de sa gorge. Elle est rose, échaudée.

Par quoi ? La colère ? Le désir ? La sang afflue dans mes veines à cette vision que mon corps n’apprécie que trop.


T’es con, Lenny ou quoi ? Tu es là, à te demander si tu vas pouvoir te contenir sans savoir si elle a envie que tu l’embrasse ! Et, putain ! La question ne se pose même pas. C’est Maéva.


— Tu joue à un jeu dangereux dont tu ne connais pas les règles, je grogne en prenant mon air menaçant.


— Qu’est-ce qui t’arrives ? Le grand Lenny Harington aurait-il peur de perdre ? Rétorque Maéva en me défiant de ses perles couleur lagon.


« Lenny Harington… » c’est la première fois que ces mots sonnent si doux à mes oreilles.


Oui, bien sûr que j’ai peur de perdre, parce qu’elle ne sait pas. Maéva ne sait pas qu’il n’y a jamais de gagnant à ce petit jeu. Seulement des miettes de souvenirs douloureux et de cœurs brisés.


Soudain, Maéva avance d’un pas, jouant le provocation, sans se rendre compte que je suis à deux doigts de perdre le contrôle. J’ai une furieuse envie d’emprisonner entre les miennes, ces lèvres qui me tentent en remuant, ce trait de rouge-à-lèvres qui me provoque. Ces lèvres qui me font perdre toute notion de bien et de mal quand elles s’étirent pour libérer des dents blanches, parfaites.


Je craque au moment où elle avance deux paumes vers moi.


Je saisi la menace que représentent ces mains qui veulent me toucher, agrippe ses poignets délicats que je plaques dans son dos en avançant d’un pas ferme, jusqu’à ce que Maéva se retrouve collée à la paroi vitrée.


—Arrête ça, de suite ! Je bougonne, aussi bien pour Maéva qu’à l’attention de mon corps.

Je presse mon front contre le sien au moment où elle hoquette, surprise, et je ferme les yeux pour ne pas avoir à affronter le mélange de douleur et de confusion qui rougit ses pupilles. Sa peau, son parfum et même ses doigts serrés entre les miens sont bouillant et enivrant, tant la distance qui nous sépare est minime. Si bien que je peux sentir sa poitrine se gonfler au rythme de nos respirations saccadées, avant de s’affaisser. Nous partageons le même air et le même temps durant une délicieuse éternité.


— Il faut… vraiment… que tu t’arrêtes, je souffle à quelques millimètres de ses lèvres entrouvertes.


—P-… pourquoi… ? Elle bredouille d’une voix radoucie, alors que mon corps est traversé par une armée de fourmis. Maéva cille, tandis que je me retiens pour ne pas avancer ma bouche de quelques centimètres.


—Parce que tu mérites le prince charmant, je grogne en appuyant davantage mon front contre sa frange blonde, en espérant que ma voix ne trahira pas le désir qui monte.


J’ai remarqué du coin de l’œil que son perfecto a glissé le long de son épaule; délivrant sa chemise blanche, presque transparente, et que je devine qu’elle n’a pas mis de soutien-gorge.


Ce serait si facile… Je n’ai qu’à…

Sauf que le prince charmant, ce n’est pas moi.


Et après le numéro qu’elle vient de me faire, à vouloir jouer les provocatrices, j’ai tout sauf envie d’être un prince. Et encore moins d’être charmant. Sans le vouloir, mes yeux se portent sa bouche pendant quelques secondes. Ensorcelante. Et j’essaye de toutes mes forces d’être fort.

Je ne franchirai pas cette limite.


—J’ai gagné, soupire-t-elle doucement, un petit sourire ravi sur ses lèvres parfaites.


Son rictus s’évanouit lorsque je plaque ma bouche contre la sienne.

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