Fyctia
4.Maéva.3/3
Je grimace en lui rendant son baiser. Justin empeste le parfum. De luxe ou pas, le résultat est identique. Il doit ressentir mon malaise puisqu’il recule tout en gardant les mains sur mes hanches.
—Qu’est-ce qu’il y a, bébé ? « Bébé » ? De mieux en mieux !
Je pense que le pire est passé quand sont regard s’illumine sous un éclair de génie :
—C’est bon, dis rien, j’ai compris. Tu as tes règles, c’est ça ?
Coral glousse à ma droite et je suis mortifiée: il le fait exprès ? J’en viens à prier pour que ce soit une putain de caméra cachée. Je balaye l’allée d’un regard honteux, pas plus en quête d’une caméra que pour m’assurer que personne n’ait été assez proche de nous pour l’entendre.
***
Nous revêtons nos tabliers derrière les longs plans de travail que mademoiselle Cook nous a désignés, le livre de recettes ouvert à la page des « Cupcakes Citrouilles Effrayantes ». Halloween approchant à grands pas, le directeur de l’université a eu l’excellente idée de nous faire participer à la confection de divers éléments pour la fête qui sera organisée entre ces murs. Beaucoup ont préféré s’occuper de la décoration ou encore de la musique. Coral et moi avons opté pour la pâtisserie. Les surplus seront revendus pour trois dollars pièces, dans les rues bordants l’université afin d’aider à financer de menus travaux de rafraîchissement. Certaines ailes annexes en ont bien besoin.
La professeur profite de nos préparatifs pour organiser son bureau. Je la vois ranger un document du coin de l’œil : certainement une information de dernière minute. Depuis la reprise des cours, il ne se passe pas une semaine sans que l’un de nos professeur ne se voit remettre de nouvelles consignes. Je n’aimerai pas être à leur place.
Quand son regard quitte le bureau, je fais signe à ma binôme de choc qui range son téléphone dans la poche avant de son tablier. Comme tous profs désireux de se faire respecter —surtout en début d’année— mademoiselle Cook a la punition facile. Puis je plonge mon attention sur les pages ouvertes sous mes yeux. J’ai hâte de passer à la pratique. Cela m’aidera à oublier la stupidité de mon petit copain, les obsessions de ma meilleure amie et les pensées que mon esprit ne cesse de remuer depuis dimanche matin.
—Précision et Timing sont les maîtres-mots de toute recette, clame notre jeune professeure. Cela est surtout vrai pour… Eh bien, voilà ce qu’on appelle « se faire désirer ! »
Je ne prête aucune attention à sa remarque, habituée aux retardataires qui se remettent péniblement de leur week-end. C’est le coude de Coral dans mes côtes qui me fait réagir en grognant, avant qu’elle m’indique le seuil de la porte.
— Bon, ne restez pas planté là et trouvez-vous une place, poursuit la prof en direction du couloir.
—Si vous y tenez, lui répond une voix nonchalante qui a le don de perturber jusqu’à ma respiration. J’avais en tête que nous ferions les présentations, indique-t-il en déposant une feuille sur le bureau de cette dernière.
—Je ne pense vraiment pas que ce soit nécessaire, décrète le jeune femme coiffée d’un haut chignon brun en inspectant le document.
Des murmures s’élèvent derrière chaque plans de travaille pour lui donner raison, entre gémissements et hoquet surpris. J’ai l’impression d’être prisonnière de l’un de mes rêves quand bientôt, le nom de Lenny Harington filtre entre toute les lèvres, rendant le moment on ne peu plus concret.
Mademoiselle Cook se pince l’arrête du nez, délaisse la feuille, demande le silence, mais se résout alors que quelques chuchotement persistent: faire taire une assemblée d’étudiants dont la quasi moitié est fan des White Crows, tandis que l’autre est constituée de jeunes femmes minaudant sous les yeux de ce Bad Boy à la réputation bien établie est pour ainsi dire « peine perdue ». Elle se contente donc de lui indiquer une place libre aux côtés de Paola, la fille du directeur et dont mademoiselle Cook devait être le binôme.
—Si c’est possible… souffle Lenny qui ne prête pas la moindre attention à la jeune femme aux origines latines qui le toise. J’ai toujours été plus à l’aise dans le fond de classe.
—Évidemment, je souffle pour moi-même. La place des éléments perturbateurs.
Pensée que semble partager la professeur qui ne proteste pas ; Lenny ayant déjà désigné une place coincée entre les fours et les étagères abritant les ingrédients et accessoires indispensables à la pâtisserie. Place que Taylor lui cède volontiers.
Après la surprise de sa présence que je ne réalise qu’une fois le calme revenu, c’est l’agacement qui prédomine dans mon esprit. Avec une pointe d’incompréhension. Il ne manque pas de culot, en revanche les neurones lui font clairement défaut. Je souris à l’idée que lorsque tous les fours se mettront à chauffer, il regrettera très vite cette décision. Ce n’est pas seulement pour les beaux yeux de Paola que Taylor était aussi empressé de changer de place.
Lenny hésite en passant à côté de moi, puis attarde un œil quand ses lèvres s’étirent :
— Tu as meilleure mine que samedi, il énonce en passant une main exaspérée dans ses cheveux, court sur le côté, plus long sur le dessus. Quand il la retire, une mèche retombe devant ses yeux.
Une scène digne d’Hollywood se dessine dans mon esprit. Une lueur minuscule, illumine ma poitrine et même si elle ne dure qu’une fraction de seconde, elle est suffisante pour que j’envisage —un très court instant— la possibilité de ne plus lui en vouloir, un jour.
— Le contraire aurait été improbable, tu me diras.
Mon souffle est coupé alors que je voudrais hurler. Je peux compter jusqu’à cinq Mississippi ; une éternité durant laquelle mes yeux sont restés écarquillés sur son rictus ravi. Comment est-ce que l’idée de ne plus lui en vouloir a-t-elle pu ne serait-ce que frôler mes pensées ? ce type nous a abandonnés ! Je le déteste pour tout ce qu’il a été, pour tout ce qu’il est, et pour tout ce qu’il deviendra. À supposer qu’il ait un avenir et que je ne l’assassine pas avant la fin de l’heure !
—C’est la charité qui se fout de l’hôpital ? Non, mais, tu as vu ta barbe ? Le look Bad Boy-barbe de trois jour c’est dépassé, au cas où tu ne le saurais pas ! À moins que ton barbier soit mort ? Ou pire ; tu as fait une croix sur les rasoirs !!
Lenny ne me quitte pas des yeux pendant ma tirade, qui —autant le préciser ici— sonnait bien plus tranchante dans ma tête. Coral observe l’échange, subjuguée, comme toute la salle. L’air crépite autours de moi et, quand Lenny rejoint sa place je pense —à tord— que le pire est passé.
—Sympa comme innovation, ricane Lenny quand, plusieurs minutes plus tard, une épaisse fumée noire se dégage du four qui m’était attribué et que j’en tire des cupcakes rabougris, difformes et totalement cramés. Si tu leurs cherches un petit nom, je te conseil « Régurgita Rex »
Je tique sur la température affichée : 200ºC.
5 commentaires
Silipina
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Il y a un an
Emeline Guezel
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Il y a un an
lea.morel
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Il y a un an
Christelle Emilie
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Il y a un an
Carl K. Lawson
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Il y a un an