Jean-Marc-Nicolas.G Les Anachorètes L'arrière monde.

L'arrière monde.

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— Pour compléter notre explication, j’ajouterai, comme je te le précisais il y a un instant, du point de vue des humains chez qui tu évolues, que ce monde se situe nulle part. Afin de m’approcher au plus prés de la vérité, tu peux considérer que notre réalité, est composée de vos vibrations psychiques. Je veux dire, qu’elle est le produit de votre mental ou encore la conséquence de milliards de milliards de vos actes, et pensées générées par l’espèce humaine depuis le commencement. Mais en même temps, ce monde que tu appelles familièrement « Monde Noir », sert en quelque sorte « d’hébergeur », si je peux me permettre d’utiliser un terme contemporain de ton monde adjacent. Un lieu d’accueil si tu préfères. En quelque sorte, un refuge des « erreurs » engendrées par ton espèce, et celles provenant d’autres civilisations de ton univers physique.

Tu as déjà appréhendé notre monde. Tu l’as visité.


Oui, mais dans des conditions dramatiques, des gens se font massacrer, ce sont des visions de cauchemar.


Tu n’as fait qu’effleurer la réalité de ce monde. Tu n’as même pas idée de sa véritable substance !


— Que voulez-vous dire par « un refuge de nos erreurs » ? Et qu’entendez-vous par « sa véritable substance» ?


— La vérité risque de t’être insupportable et d’autre part, tu ne pourras jamais intégrer la vision globale de la signification et de l’utilité de notre monde. Tu es englué dans les préjugés de ta culture, et des règles anthropique, que ton espèce s’est fixé.


— Essayez toujours de m’expliquer votre réalité, je ferai un effort pour la comprendre.


Vos erreurs peuvent être considérés comme le produit de vos actes et de votre nature, elles prennent forme ici, et continuent à évoluer comme des consciences en devenir, jusqu’à ce qu’elles se réalisent ! Elles deviennent des entités à part entière.


— Tout ce que les civilisations rejettent, parce qu’elles estiment que certains actes, ou individus vont à l’encontre de leur morale, échouent ici. Chez vous les humains, tout ce qui est haïssable, détestable, répugnant intolérables continuent d’exister en ce lieu, aux milieux de nulle part.


— Nous hébergeons les anomalies, nous cultivons les dégénérescences de votre nature. De votre point de vue, vous pouvez considérer que ce monde est un dépotoir de toutes les civilisations planétaires, de votre Univers.


— En fait, vous êtes responsables de la création de ce monde. Vous l’avez conçu de manière inconsciente, mais vous en êtes néanmoins les producteurs et les acteurs. Une partie de votre espèce s’y réfugie régulièrement, certains avec ferveur, mais d’autres avec répugnance. C’est pour eux, l’occasion de réaliser pleinement leur nature de débauche ou ils peuvent laisser libre court à leur perversion, et à la jouissance dans sa plus large expression. Je veux dire, qu’ils expérimentent le plaisir dans la douleur et la délectation, au-delà du supportable dans votre monde physique. Mais ici, les corps physiques sont morts, et ont laissés la place à leur double virtuel tout aussi réel et palpable que dans ta réalité. Vous nommez ces corps « Corps astral ».


La salle dans laquelle nous nous trouvons est à nouveau envahit par cette épaisse couche noire et opaque, elle recouvre doucement tout l’espace faisant disparaître également les Émissaires, je n’entends bientôt plus que leurs voix.


— Ne cherche pas à savoir au-delà de ce que je t’ai dévoilé, car je crois que tu n’aimerais pas ce que tu y découvrirais. La vérité n’est pas toujours celle que tu crois.


— Ici, il n’y a personne pour venir à ton secours, personne pour t’entendre crier, si d’aventure tu te hasardais vers l’extérieur.


Puis tout s’éteint, tout devient mortellement lugubre ! Le lourd silence prend le relais. Sur ma droite, à une grande distance se distingue, une lueur comme une lumière au bout d’un long tunnel. Je n’ai pas d’autre choix que de me diriger dans sa direction.


De toute les manières, je n’ai aucun autre repaire tant il fait noir. La source de luminosité est si loin, qu’elle me donne l’impression de reculer. Seul le bruit entêtant de mes pas retentit dans ce long boyau. Des pas, qui claquent sèchement sur le sol de dalle dure.


Je m’impatiente de sortir de ce couloir, qui n’en finit pas, alors je me mets à courir ! Courir, courir à m’entêter. Mon cœur martèle ma poitrine, et mes tempes, la source de lumière semble enfin grossir !


En m’approchant, je constate que la clarté est plutôt fluorescente, et opaque. Elle est peu rayonnante, mais de l’antre noirâtre, où je me trouvais, par contraste, elle semblait plus lumineuse, plus brillante.


Après tout qu’importe l’éclat de cette lumière, je suis soulagé de sortir de cette « anfractuosités » obscure. Je débouche sur une vaste terrasse, qui surplombe une cité étendue, en ruine, mais dont l’activité semble importante. Devant moi, une large et profonde rampe, qui s’incline en profondeur vers la ville plus basse. Je me retourne, et je contemple l’imposant édifice, je le reconnais, c’est de celui-ci que s’extrayaient les hommes et les femmes poursuivis par les Artrides. C’est la plus grande bâtisse de cette lugubre métropole, elle est si imposante, que sa masse cyclopéenne semble écraser tout le reste de la cité.


Je dois me décider, que dois-je faire ? Vers ou dois-je me diriger ? Vers le palais aux multiples colonnes sculptées, dans lequel vivent les Anthropophagus ?


Après tout, c’est au cœur de ce bâtiment en passant par la grande salle hypostyle, au fond du couloir que se trouve l’un des passages qui me permet de rejoindre mon monde, même si l'Émissaire m’a révélé la vérité sur ma nature. Je suis attaché à ce monde.


C’est là que j’ai grandi. Et puis il y a Carole qui m’attends. Et mes parents, ces pauvres bougres ! Il y a bien longtemps, que je ne les ai pas serrés dans mes bras.


Avant de dévaler cette rampe qui semble avoir été conçue pour des processions, je contemple une dernière fois la vaste cité du monde Noir. D’où je me trouve, les créatures que j’aperçois semblent si petites. Et la métropole s’étend à perte de vue.


Au-dessus de moi, le ciel est toujours aussi noir, et ses nuages anthracites semblent toujours aussi lourds. Avant d’amorcer l’imposante descente, je me tourne une dernière fois vers le passage de sortie par laquelle, j’ai pu m’extraire.


C’est une colossale entrée, qui semble avoir été construite pour des géants. Mais au-dessus une plaque gravée sur laquelle est inscrit :


« LES DIEUX S’AMUSENT, NOUS SOMMES LE SOUFFLE DE LEURS PENSÉES ».


Je tourne les talons, et commence la descente de la large rampe dallée.


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17 commentaires

Leoden

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Il y a 6 ans

j'avais vue juste, fan de Berserk oblige, le corps astrale, d'ou le soin instantané des blessures, tant qu'elle reste légère. dommage qu'il se fasse tard, je lirais la suite demain.

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Oh la ! ET son présent est bousculé mais il s'y accroche avec fièvre. Puis ses réalités basculent pour se retrouver dans la large rampe dallée qu'il va redescendre. Encore trois chap et je frôle la crise cardiaque.

HaliBerrah

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Il y a 6 ans

Un chapitre qui me plaît, entre une forme de paix avec les émissaires et une angoisse avec le corps médical dans le précédent chapitre. Une façon d'inverser la peur. le monde de Pierre est peut-être plus terrible que le monde noir.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

Peur être .Finalement chaque monde a sa part de noir

IrisL

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Il y a 6 ans

Je viens de finir de bosser et je me mets sur ce bouquin pour rattraper les derniers chapitres pas encore lus, j'assiste à une grande partie qui aligne toutes les réponses de ce monde Noir, le pourquoi ce lien avec Pierre. C'est captivant et une part de réalité dans nos cauchemars. Je me sens ce soir, épuisée, un peu une femme Pierre.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 6 ans

on se sent tous à un moment ou à un autre un peu comme comme Pierre
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