Fyctia
Chapitre 39.1 Zoé
Plus tôt, en début d’après-midi,
Je viens de coucher Lilou quand on toque à la porte. Je suis épuisée. Ses dents la font souffrir et elle dort peu en ce moment. J’aime ma fille plus que tout, mais je reconnais que je souhaiterais parfois retrouver ma vie d’avant. Celle qui me permettait de faire ce que je voulais sans contrainte. Je secoue la tête à cette pensée. Je me fourvoie, car avec Adam, je n’ai jamais pu faire ce que je voulais…
Je repense à ce jour où j’ai explicitement avoué mes sentiments à Kaël. J’espérais enfin faire l’amour avec lui et vivre pleinement notre histoire. Je suis décidée désormais. Impatiente, même ! Je ne fais qu’y penser… Sans doute aussi parce que cela fait un an que je n’ai pas touché un homme. La perspective de fusionner avec le corps de Kaël me remplit constamment de désir. Une pulsion qui ne me quitte plus et qu’il me tarde tant d’assouvir. Ça fait si longtemps…
ais ce jour-là, à peine sommes-nous rentrés du parc que Lilou a décidé qu’il n’était pas l’heure que sa mère s’envoie en l’air. Ses pleurs ont interrompu une étreinte torride dont je me souviens encore. À ma deuxième tentative de rapprochement, elle s’est de nouveau réveillée, et j’ai abandonné l’idée…
Avec le recul, je n’ai pas vraiment eu l’impression que Kaël était aussi empressé que moi. En réalité, j’ai eu assez peu de contacts avec lui après lui avoir dit « Je t’aime », et cela commence à m’inquiéter. Il n’a pas répondu à ma déclaration. Pas avec des mots en tout cas. Bien sûr, je me souviens de la première nuit où nous avons dormi ensemble, lorsqu’il m’a dit « Je suis fou de toi », mais il était ivre, et j’étais encore enceinte. Peut-être s’est-il lassé, depuis ? Peut-être se dit-il que Lilou est un obstacle à notre relation ? Peut-être que je ne lui plais plus…
En ouvrant la porte, un peu désemparée par ces pensées qui tournicotent en permanence dans mon esprit, je ne peux réprimer l’élan d’enthousiasme qui me saisit en imaginant que c’est Kaël derrière elle. Lorsque je tombe sur Eliot, mes épaules s’affaissent de déception.
— Ah bah, super ! Je vois que tu es ravie de voir ton frère, ingrate !
Je lui souris et l’enlace. Notre étreinte dure plus longtemps que d’ordinaire, Eliot resserre ses bras autour de moi.
— Quelque chose ne va pas ? me souffle-t-il à l’oreille.
Je m’écarte et le rassure d’un regard.
— Tout va très bien, dis-je en le faisant entrer.
Eliot m’adresse une œillade circonspecte et se place au milieu du salon, ses yeux s’attardant sur la caricature de Kaël et moi, que j’ai fait encadrer et suspendue près de la fenêtre.
— Si tout va bien, pourquoi sembles-tu si maussade ?
— Je ne suis pas maussade, contré-je, je souris depuis que tu es arrivé.
— Je les connais tes sourires, Zoé. À l’instar de tant de gens, tu te protèges avec eux, comme tu le faisais durant ta relation avec Adam.
Sa remarque me désarçonne. Pour autant, quand il se retourne pour me faire face, mon fameux sourire ne m’a pas quittée.
— Je suis juste un peu fatiguée.
À ces mots, il sort son portable et tape dessus avant de le ranger dans sa poche. Quand il relève la tête, ses lèvres s’incurvent étrangement.
— Quoi ? lâché-je.
— Ne me la fais pas à l’envers, ma sœur, je te connais trop. Ce petit air de déception quand tu as ouvert la porte, tu crois que je n’ai pas compris d’où il te vient.
Je l’observe, ahurie.
— T’aurais voulu que ce soit Kaël, ajoute-t-il. Ça ne va pas entre vous ?
Je m’assieds sur le divan et baisse mon regard sur la table basse. Je repense à ce jour où j’ai débarqué au studio de tournage, aux images qui envahissent mon esprit. Cependant, je les ai digérées depuis. Je l’aime, ma décision est prise, et cela peu importe son métier. Certes, je voudrais bien savoir qui nous a fait un coup pareil, mais je ne souhaite pas gâcher notre relation avec mes doutes qui n’en sont plus. Au contraire, j’aspire à aller plus loin, car il n’est pas question que je le perde. Puis mes songes me ramènent à ce texto d’Adam : « Je ne peux pas ». Sans doute que j’ai si peur que Kaël m’abandonne que j’ai besoin qu’il me rassure. Or depuis que je lui ai avoué mes sentiments, je crains m’être fait des illusions. Si c’est le cas, je crois que mon cœur ne s’en remettra pas. Je relève mes yeux sur Eliot.
— Je ne pense pas qu’il soit amoureux de moi.
— Tu parles de Kaël ?
— Eh bien, oui ! De qui d’autres, franchement ?
Il me toise d’un air blasé.
— Lève-toi, m’ordonne-t-il.
— Je suis bien assise.
— T’es surtout bien relou !
Puis il part du côté de la porte et l’ouvre. Soudain, Gina, Mattéo et Charlotte s’écrient « SURPRISE ! » et Lilou se met à pleurer. Les sourires crispés de mes amis expriment un « oups ! » qui me fait lever les yeux au ciel. Je porte mon index sur ma bouche en soupirant d’amusement et vais replacer le doudou de ma fille près de son visage. Elle se rendort, ouf !
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