Fyctia
Chapitre 25.2 Kaël
Une fois ma douche prise, je fonce récupérer mon téléphone. Mon cœur se serre quand j’y lis les mots :
Mon esprit me ramène aussitôt à la scène que je viens de tourner, incapable de m’en empêcher. Un nœud se forme dans ma gorge, mais je suis tiré de mes réflexions quand Mattéo me tape sur l’épaule.
— T’as assuré, dit-il.
Je soupire de soulagement. Si j’avais été moyen, je pense que mon réalisateur fétiche m’aurait saqué.
— Merci, mec.
— Micka est content. Les affaires reprennent pour Neil Jordan.
— Ouais.
— C’était une belle scène, me lance à son tour Lisa en m’adressant un clin d’œil. Merci pour ce moment.
— À ton service, poupée.
Elle pouffe à ma réplique ridicule, puis reporte son attention sur son portable, alors qu’elle est encore à poil.
Je les quitte et vais rejoindre la chambre d’amis que Micka m’a préparée pour le séjour. Je m’étends sur le lit et rive mes yeux sur le plafond. J’ai l’impression que le matelas m’engloutit tels des sables mouvants. Lorsque mon smartphone me signale un appel, mon cœur s’emballe soudainement en pensant que c’est Zoé. Mais ce n’est pas elle…
— Kaël ?
Merde…
— Oui, papa.
— Je suis surpris de réussir à te joindre en pleine journée, tu t’es trouvé une situation respectable ?
J’inspire. Je sens qu’il va me gonfler.
— Non.
— Comment le pourrais-tu de toute façon ? crache mon père.
Le fiel dans son ton ne m’étonne pas. Depuis mon adolescence, il croit que me rabaisser attisera en moi le désir de me surpasser. Ça fait longtemps que je sais que je ne serai jamais à la hauteur pour lui, et je n’ai plus la force de lutter.
— Qu’est-ce que tu veux ? lâché-je, soulé.
— Ta mère, elle…
— Quoi ? m’énervé-je subitement. J’ai envoyé le fric, putain. Tu sais l’argent que je me fais en baisant à longueur de journée.
J’apprécie lui rappeler que mon job qu’il déteste permet à ma mère de recevoir les meilleurs soins. Il a trop tendance à l’oublier.
— C’est pas ça…
Là, je m’inquiète, car j’ai perçu sa voix se briser.
— Elle va devoir être transférée, m’annonce mon père après un silence.
— Comment ça ?
— Ils lui ont diagnostiqué un cancer du pancréas.
Le sang quitte mon visage. Mon cœur rate un battement. Des larmes me montent aux yeux.
Non, putain, non…
Pourquoi le sort s’acharne sur elle ? Pourquoi, pourquoi…
— Ils ne vont pas la soigner, termine-t-il.
— Quoi ?!
— Kaël…
— C’est une blague, papa ! C’est quoi cet établissement de merde !
— Tu te calmes !
— T’es sérieux, là ? Maman va…
— Elle va mourir, m’achève-t-il alors qu’un sanglot étreint sa voix. Et… c’est le mieux pour elle, tu le sais.
— Va te faire f…
— Kaël ! Tu crois vraiment qu’elle voudrait être soignée si elle avait toute sa tête.
— Mais c’est ma mère, putain !
— Et c’est ma femme ! Tu penses que ça me fait quoi, à ton avis ? Tu imagines que c’est facile ? Je veux le mieux pour elle, et le mieux c’est qu’elle parte, et tu le sais. Elle a déjà assez…
— Souffert…
Un silence. Cette fois, mes larmes débordent. La colère me picote les doigts, remonte mes bras et envahit ma gorge. Ma main se resserre sur mon portable.
— Son état va se dégrader, reprend mon père dans un murmure désespéré, et ils n’ont pas assez de personnel, là-bas. Elle doit être transférée dans un autre endroit. Mais il… L'hébergement coûte plus cher. Il va falloir plus d’argent pour…
— Quelle somme ?! crié-je, à bout.
— Kaël…
— Quelle somme, bordel !
Quand il m’annonce le montant que je vais devoir débourser, je lâche un hurlement de rage et balance violemment mon smartphone sur le mur. Mes yeux se figent sur l’écran en morceau et je tombe à genoux, ne retenant plus le torrent qui assaillit mes joues. Parce que je sais ce que je vais devoir faire pour réunir ce fric, et que ça me file la gerbe. Comme je n’ai pas tourné récemment, je n’ai plus assez d’économies, et je ne vois qu’un moyen de renflouer les caisses au plus vite.
Mattéo, qui a entendu mon cri se précipite dans la pièce et s’agenouille près de moi. Il pose doucement une main derrière ma nuque et approche mon visage qui se plonge sur son épaule. On reste là, un moment. Sa présence me fait du bien, mais je ne peux retenir les sanglots qui m’étreignent. Quand je suis suffisamment apte à exprimer un mot, mon regard se plante dans celui de mon ami, et je dis :
— Je dois contacter Andrew. Je vais devoir accepter ces tournages, en Californie.
64 commentaires
isabellemartinez
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Il y a 2 ans
bookofthesylph
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Il y a 3 ans
flob
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Il y a 3 ans
Magali DS
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Audrey c
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Il y a 3 ans