Fyctia
Chapitre 21.2 Kaël
L’ambiance s’est légèrement détendue après cet échange avec le frère de Zoé. Nous regagnons la salle d’attente plus apaisés. Lorsqu’on y entre, un couple dans la soixantaine se lève aussitôt et vient enlacer Eliot.
— Oh chéri, c’est pour cette nuit ! s’exclame joyeusement la femme, dont la ressemblance avec Zoé et son frère est manifeste.
— Oui, maman. Elle doit avoir besoin de toi.
— J’ai prévenu une infirmière dès mon arrivée. On devrait bientôt venir me chercher pour assister à l’accouchement.
J’éprouve du soulagement à cette révélation. Zoé ne sera pas seule dans ce moment unique et effrayant, aussi beau qu’angoissant. Je n’imagine que trop la crainte qu’elle doit ressentir. Quant à la souffrance que je distingue dans les cris qui s’élèvent dans le couloir, elle ne fait que renforcer mon admiration pour les femmes. Pour Zoé.
— T’as l’air froissé, lance son père à Eliot.
— T’as pas l’air beaucoup mieux, papa.
Un sourire en coin se dessine sur les lèvres de ce dernier.
— La dernière fois que j’ai pris la route depuis la Normandie en pleine nuit, c’était pour venir te chercher à 4 heures du matin devant une boîte de strip-tease, parce que tu avais trop bu.
— Je regrette tellement de n’avoir aucun souvenir de cette soirée.
Son père se marre, puis il oriente sa tête vers moi, avant d'être imité par son épouse. Je le vois soudain plisser les yeux, sa femme forme un "O" parfait avec sa bouche. Merde…
Un silence gênant s’installe, jusqu’à ce qu’il soit rompu par Eliot.
— Sérieusement ? lâche-t-il. Putain, mais vous êtes dégueu !
Sa mère ne s’en remet pas. Son père se racle la gorge.
— C’est Kaël, le voisin de Zoé, me présente leur fils.
— K…Kaël.
— C’est lui qui l’a amenée ici, dès qu’elle a perdu les eaux.
— Oh.
L’embarras général n’a toujours pas disparu. La mère de Zoé semble muette.
— Merci, Kaël, déclare son père en me tendant la main.
— De rien, monsieur…
— Alain, et voici ma femme, Marie.
— De rien, Alain, terminé-je en le saluant.
— Madame P. ? demande une infirmière qui vient d’entrer dans la salle.
La mère de Zoé se reprend et se rue vers elle.
— Comment va ma fille ? s’enquiert-elle, aussitôt.
— Elle est dilatée à six centimètres et ne va pas tarder à recevoir sa péridurale. Je vais vous accompagner auprès d’elle.
Elles quittent immédiatement les lieux et nous laissent dans un silence pesant. Je retrouve ma place sur mon siège. Eliot et Alain s’installent en face de moi. Je ne suis qu’à quelques mètres et j’ai l’ouïe fine, leurs murmures ne m’échappent pas, contrairement à ce qu’ils croient.
— J’en reviens pas que tu regardes des films de cul avec maman, chuchote Eliot.
— Mon garçon, quand tu auras mon âge, tu comprendras qu’il faut parfois innover.
Son fils roule des yeux et soupire.
— Dégueu, répète-t-il.
— Il est qui, pour Zoé ?
J’hésite à me lever et à quitter la pièce.
— C’est le mec dont ta fille est tombée amoureuse, annonce Eliot.
Mon cœur se gonfle. Que le propre frère de Zoé évoque ses sentiments – sentiments qu’elle n’a jamais exprimés – le fait pulser plus vite.
— Mais il… il fait du X, murmure son père.
— C’est compliqué, papa. Pense pas à ça pour l’instant.
Cette fois, je me redresse, prétextant vouloir me restaurer un peu. Au moment où je les quitte, je croise Charlotte qui court vers la salle d’attente, ses cheveux emmêlés forment un nid d’oiseaux au-dessus de son crâne. Je me retiens de glousser. Elle m’adresse un clin d’œil, avant de rejoindre la famille de Zoé.
Maintenant que je suis seul à déambuler dans le couloir, je respire et repense aux paroles d’Eliot.
« Le mec dont ta fille est tombée amoureuse… »
74 commentaires
isabellemartinez
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Il y a 2 ans
Ersi_bookaddict
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Il y a 2 ans
40books
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Il y a 3 ans
Gwenaelle Teyssier
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bookofthesylph
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Gwenaelle Teyssier
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Laurence Chevallier
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StephanyM.C
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Alexandra PAQUET PREVITALI
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Laurence Chevallier
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Il y a 3 ans