Laurence Chevallier Les amoureux de Montmartre Chapitre 13.1 - Zoé

Chapitre 13.1 - Zoé

Suis-je prête pour ça ? Je ne sais pas, mais je n’ai plus le choix. Mon cœur s’affole et je suis obligée de me mettre dos à Kaël pour me masser la poitrine et tenter de le calmer. Je clos les paupières, inspire, puis les rouvre. L’appareil dans une main, j’attrape mon pouf de l’autre et m’assieds face à lui. Quand mon regard se relève, j’en déglutis. Ses doigts retirent un à un les boutons de sa chemise, découvrant dans un long effeuillage son torse tatoué et sa musculature fine et prononcée. Le hâle de sa peau contraste agréablement avec le blanc pur de sa chemise.

Un à un, chaque bouton.

Le temps semble s’étirer au-dehors, mais pas ici, car chacun de ses gestes me paraît si lent que j’en oublie de respirer, suspendue à ses mains qui le déshabillent, comme mes yeux le font. Lorsqu’il ôte enfin sa chemise, je remarque un éclat brillant. Quelque chose que je n’avais pas aperçu sur l’image figée découverte sur le smartphone de Charlotte. La lumière scintille sur le piercing de son téton droit, et moi je refoule l’envie de me lever pour le toucher. Le toucher… Putain, Zoé ! Saletés d’hormones de grossesse, elles me rendent dingue ! Je secoue la tête et me reprends, tentant vainement de faire disparaître de mon esprit la magie voluptueuse de cet instant. Je crois que mes joues sont écarlates, alors je m’empare de mon appareil pour cacher mon visage. Au sourire en coin que m’adresse Kaël, j’imagine qu’il a deviné mon trouble.

— Peux-tu te mettre de dos ? demandé-je. Oui, voilà. Pose tes coudes sur la rambarde et tourne ta tête sur le côté. C’est ça…

Je m’approche et capture son image. Sait-il à quel point il est doué ? Certes, je ne suis pas experte dans ce style de photos, mais je peux reconnaître les âmes qui embrassent la lumière. Kaël rayonne tant que ça m’en brûle les rétines. Je me recule et m’agenouille à deux mètres derrière lui. Il est pieds nus, son jean élimé tombant sur ses hanches étroites et musclées. Le tatouage de la gueule d’un dragon remonte sa colonne, au milieu de diverses œuvres gravées à l’encre indélébile. Le toit du Sacré-Cœur le domine et la lumière est parfaite. Je sais que cette photo sera incroyable. Aussi incroyable que ses fesses délicieusement moulées dans son jean. Zoé !

— Je peux m’allumer une clope si je fume à la fenêtre ? s’enquiert-il.

Je hoche la tête. En temps normal, j’aurais dit non, mais son âme tourmentée se révèle à moi dans chaque cliché que je prends. Lorsqu’il fume et que son visage se pare du soulagement d’une dose de nicotine, son être exprime une sorte de tristesse qu’il m’est difficile d’ignorer, mais si belle à contempler. Oui, je le contemple… Je dois arrêter de me fourvoyer.

— Très bien, dis-je. On devrait… enfin, tu devrais…

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que Kaël porte ses doigts à la taille de son jean. Je me retourne, mal à l’aise. Bordel, qu’est-ce que je fais ?

— Zoé, si tu ne veux pas, je…

Inspire. Expire.

— Si, je… me prépare, c’est tout. Laisse-moi une minute.

J’entends le froissement de tissu de son pantalon qu’il retire, un bruit qui m’indique qu’il l’a jeté quelque part. Je m’apprête à lui faire face.

Inspire. Expire.

Au moment où mon regard percute le sien, mon souffle se coupe. Je n’ai pas encore parcouru son corps des yeux, mais ce que je lis dans les siens m’empêche de respirer. Mon cœur me martèle les côtes tandis que nous sommes là, l’un en face de l’autre. Puis je prends une grande inspiration, et détaille son anatomie de mes pupilles sans doute dilatées tant le désir me consume. Car c’est du désir… Je le ressens dans mes entrailles qui se tordent, dans mes mains qui tremblent alors que j’admire sa plastique irréprochable. Ses tatouages remontent ses bras, parcourent ses clavicules et son buste, se déploient sur ses flancs et se concluent au niveau de ses hanches. Une mince couche de poils sombres recouvre son torse et se termine en une ligne fine qui me mène à… Seigneur… son sexe au repos et d’une taille imposante. Ses jambes sont sculptées et vierges de dessins. Une cicatrice s’étire au-dessus de son genou gauche. Mon regard remonte lentement son corps et coule dans le sien. C’est à peine si je respire.

— Tu es magnifique.

Un sourire s’immisce sur son visage. Ses dents blanches éclairent ses traits d’une lueur si sincère que je prends immédiatement mon appareil pour saisir ce moment. Une fois cette première photo capturée, je décide de me montrer plus professionnelle et laisse mes émois de côté. Les clichés s’enchaînent. « Mets-toi, ainsi. Non, plutôt comme ça. ». Il rit, sourit, baisse les yeux, les relève. L’instant est chargé d’une tension inexplicable, en particulier quand je lui demande de poser dans mon lit.

— Pourrais-tu lever le drap et couvrir ta…

Je n’arrive même pas à terminer cette phrase. Je m’échauffe. L’idée de prendre un cliché de lui, dans mon lit, nonchalamment adossé sur un coussin m’a paru bonne, sur le moment. Dans mon lit…

— Laisse ta hanche nue, dis-je encore. Enfin… cache juste ton…

Il éclate de rire en se passant la main dans ses cheveux. J’emprisonne cette image parfaite, m’en abreuve derrière mon objectif, jusqu’à ce que je réalise que j’en ai pris tant que je vais mettre des heures à choisir lesquelles développer.

La pellicule est terminée. La séance aussi. Un long silence s’abat dans mon appartement.

— C’est fini ? demande-t-il.

Je hoche la tête, car une part de moi est déçue que les minutes se soient égrenées si vite. Je n’ai pas le temps de m’attarder sur cette pensée qu’il me prend l’appareil des mains. Un nouveau sourire ourle ses lèvres avant que ses yeux d’un bleu captivant viennent se glisser dans les miens.

— Tu m’autorises à te prendre en photo, Zoé ?

Hein ?

— Non !

— Allez, s’il te plaît. Tu as passé l’après-midi à me mater, tu pourrais…

— Je ne te matais pas !

Il s’esclaffe.

— Un peu quand même.

Mes joues virent cramoisies, puis j’abdique. Je l’ai tellement maté !

— Peut-être un peu.

— Donc tu me dois bien quelques clichés, termine-t-il.

— Tu ne serais pas en train de me manipuler pour que je cède ?

— Je suis totalement en train de faire ça, ouais.

Je ris et insère une nouvelle pellicule dans mon appareil argentique. Le numérique ne me plaît pas, la qualité ne sera jamais la même. Aujourd’hui je ne regrette pas mon choix. Kaël mérite le sublime, le formidable, le parfait. Je lui tends et prends la pause.

— Non, pas comme ça, déclare-t-il.

— Comment, alors ?

— Je voudrais immortaliser ton ventre nu.

— Quoi ?! Ah, non, non, non.

— Ton ventre, Zoé. Uniquement ton ventre.

— Pourquoi veux-tu prendre mon énorme bide en photo ?

— Je trouve ça beau.

J’en reste pantoise.

— Et ça te fera un joli souvenir de ta grossesse, tu ne crois pas ?

C’est pas faux, mais…

— OK, laisse-moi me préparer, cédé-je en pensant avec émotion qu’un jour je montrerai ces clichés à mon bébé.


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84

84 commentaires

Gwenaelle Teyssier

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Il y a 3 ans

Pensez à liker, partager pour débloquer les chapitres suivants 😍 Merciiiii

vertdemousse

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Il y a 3 ans

J'adore Laurence !!! J'ADORE

Laurence Chevallier

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Il y a 3 ans

Et moi J’ADORE ton enthousiasme 😍😍😍

Bibliotheque.de.Philotes

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Il y a 3 ans

La température est montée en flèche 🥵🥵 J'ai adoré la séance photo et la façon dont Kael veut immortaliser avec Zoé est trop chou. Je pense que la galerie va bien fonctionner. Je pourrais me tenter à acheter un portrait

Laurence Chevallier

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Il y a 3 ans

🖤🖤🖤

Nessie_book

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Il y a 3 ans

J'ai chaud d'un coup moi.. J'ai toujours pas choisi si je voulais être la rembarde du balcon ou le draps... 🤤🔥

Laurence Chevallier

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Il y a 3 ans

😂😂😂

Alexandra PAQUET PREVITALI

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Il y a 3 ans

Quelle chaleur!!!! 🤪 Avec délicatesse et pudeur il se dévoile doucement t mais sûrement. Je lui aurait arraché sa chemise moi....🤣🥰

Laurence Chevallier

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Il y a 3 ans

🤣🤣🤣 tu m’as tuée 🤣🤣🤣

User196540

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Il y a 3 ans

🥰🥰
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