millo_books Les ailes du corbeau NOA

NOA

Je ne sursaute pas, je ne cille pas, rien. Je reste totalement figée, espérant secrètement que si je ne bouge pas, il ne me verra plus.

Je jette un coup d'œil discret dans le reflet de la vitre contre laquelle je reste pour découvrir la silhouette d'un homme à peine plus grand que moi. À sa fine barbe et à ses vêtements décontractés, j'imagine que nous avons à peu près le même âge. Je perçois un fin accent dans le ton de sa voix, ce qui ne me rassure pas : je suis certaine de ne pas le connaître.


– Je commence à m'impatienter, là.


Quand il prend de nouveau la parole, je décide de me résigner. Non sans pousser un soupir qui laisse sa trace de buée sur la vitre, je me retourne face à lui en ôtant ma capuche. Ses sourcils s'arquent brièvement quand il pose ses yeux sur moi, mais je comprends à son air renfrogné qu'il n'est pas ici pour plaisanter, et que ma présence lui déplaît.


– Je suis simplement venue m'assurer que mes voisins ne sont pas ici.


Les mains dans les poches, il ne bouge pas d'un pouce. Il jette seulement un regard en direction de la maison.


– D'après ce que je sais, non, ils ont quitté le navire.


Je suis assez choquée par ses propos et je pense que cela se lit sur mon visage puisqu'il entrouvre de nouveau les lèvres pour parler.


– Vous êtes sur une scène de crime là, vous êtes au courant? Je ne vois que deux solutions : soit vous êtes la coupable, soit vous êtes une de ces folles fans de faits divers. Dans tous les cas c'est négatif.


Je fronce les sourcils en m'approchant d'un pas, assez agacée par ses commentaires puérils.


– Ou peut-être que je cherche simplement ceux que j'apprécie et qui sont devenus des amis parce que je m'inquiète? Cette possibilité n'a pas effleuré votre petit esprit?


Un sourire naît sur ses lèvres, et je sens qu'il se moque éperdument de ma petite pique.


– Non, sans déconner, ils ont des amis? marmonne-t-il sarcastiquement.


Je hausse un sourcil, lui faisant comprendre que je ne capte absolument rien de son baratin. Mais d'où sort ce clown? Soudain, sa phrase refait écho en moi et je comprends que je suis passée à côté d'un détail important.


– Vous les connaissez?


Je fronce les sourcils, changeant considérablement d'attitude. Je suis plutôt perplexe, désormais. À bien y réfléchir, s'il est ici et qu'il connaît les Baron, c'est qu'il les recherche lui aussi. C'est peut-être mon seul allié dans cette histoire.


– Malheureusement.


Tous mes espoirs s'effondrent à ce simple mot et mes épaules s'affaissent comme si tout le poids du monde venait de me tomber dessus. Me laissant là comme une idiote, le type s'approche de la maison et commence à en faire le tour en jetant des regards curieux à l'intérieur.


– Elle ne s'est rien refusé... C'est marrant ça, je suis sûr que ça aurait pu me plaire à moi aussi à l'époque.


Je l'entends marmonner dans sa barbe pour lui-même, et je suis encore plus perdue.


Qui est ce type, et surtout, pourquoi a-t-il franchement l'air de les détester?



Je fais volte-face dans sa directement avant qu'il ne me remarque enfin, et pose mes mains sur mes hanches comme si je pouvais l'impressionner. C'est raté, il me détaille de haut en bas comme si j'étais une petite puce insignifiante.


– Vous êtes qui, et qu'est-ce que vous foutez chez les Baron si vous ne pouvez pas les voir?


Je n'ai plus envie de déconner avec qui que ce soit et j'adopte un ton qui a l'air d'un peu le surprendre. J'aurais apprécié l'ébranler plus que ça, mais il n'a pas l'air d'être aisément intimidable.

Il rigole doucement à ma phrase, mais c'est un rire peu perceptible, ironique. Je ne doute pas une seconde qu'il reste néanmoins très sérieux.


– Alors déjà c'est pas Baron, c'est Baròn, avec l'accent. Je crois que tes chers amis ne t'ont pas tout dit sur eux.


Je déteste ce type, son comportement, le ton qu'il prend avec moi, et le doute qu'il laisse sans cesse planer comme si nous étions dans un film à suspens.


Écoute, arrête de tourner autour du pot et crache le morceau. Je n'ai pas le temps pour ces conneries.


Il hausse les épaules et s'approche de moi sans détourner le regard, avant de me dépasser pour sortir de la propriété.


– Ok. Mais j'ai fait un long voyage et j'ai soif, tu as dit que tu étais leur voisine, tu veux pas me payer un café?


Cet homme est le culot en personne. Je suis tellement sur le cul que je ne sais quoi répondre pendant quelques secondes, avant de réfléchir à la proposition. Techniquement, Arnaud ne devrait pas se réveiller avant bien quatre heures, ce qui laisse le temps à ce tocard de tout m'expliquer.


– Très bien, finis-je par capituler. Mais évite de faire du bruit, mon compagnon dort.


Il ne réagit pas et j'abandonne le jardin de mes voisins pour lui montrer le chemin jusqu'à mon domicile. Cette journée n'aurait jamais dû commencer ainsi, et je n'aime pas ne pas avoir le contrôle des choses.

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5 commentaires

Eva Boh

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Il y a un an

A quelques jours de la fin du concours, j'ai fait le deuil de découvrir de nouvelles histoires. Je suis donc bien obligée de me contenter de liker tous tes chapitres sans avoir l'opportunité de venir les lire et les commenter. Tu m'en vois désolée... Je te souhaite bon courage pour les derniers jours. Bonne continuation, Eva. 🫶🏻

millo_books

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Il y a un an

c'est quand même gentil d'être passée😊

Eva Boh

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Il y a un an

🥰

OréeSilencieuse

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Il y a 2 ans

Je soutiens!

millo_books

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Il y a 2 ans

merci beaucoup!
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