Fyctia

Les poumons en feu, Ceylian sentit une onde de chaleur brûlante le dépasser.

Un liquide orange feu vint s’écraser contre le sol à quelques mètres de lui.

Une roche qui se tenait malheureusement à cet endroit fondit en un tas visqueux et fumant.

– Elles crachent leurs laves, pensa Ceylian, j'ai encore une chance de m'en sortir !

Les vouivres n'utilisaient jamais cette attaque directement contre leurs proies afin d’éviter de gâcher leur nourriture.

C'était en quelque sorte un tir de semonce afin de provoquer la peur et le désarroi et ainsi pousser les proies terrorisées à chuter d'elle-même.

Mais il n'eut pas le temps de se questionner plus longuement sur le sujet.

Il se sentit brusquement propulsé en avant, poussé par un puissant courant aérien.

Aussitôt après, l’énorme masse ailée de la vouivre le frôla sur son flanc droit.

Fonçant vers le sol, celle-ci faillit s'y écraser.

D'un ultime coup d'aile, elle rattrapa de justesse sa chute et repartit vers les hauteurs dans un claquement d'aile désordonné.

Dans le même temps, un cri strident retentit dans son dos.

La seconde vouivre venait également de se faire déporter de sa trajectoire par ce courant aérien incertain.

Ne pouvant résister à la force de cette rafale de vent qui la propulsait vers le sol, celle-ci changea de cap.

Heureux de pouvoir s'en sortir indemne, Ceylian ne réalisa pas qu'il s’était déjà rapproché grandement des deux montures de ses compagnons pourtant élancées à vive allure à travers la plaine.

Ses pieds touchaient à peine le sol, transportés par ce vent divin.

D'une prise assurée, il agrippa l'encolure du mammoth d’Ivanhoé, puis d'un geste souple, bondit sur sa selle.

Ivanhoé et Arthur saillirent alors les flancs de leurs montures à grands coups de talon rageur, s’éloignant au grand galop en direction de la mer.

Agrippé au corps d’Ivanhoé, Ceylian jeta un bref coup d'œil derrière lui.

Les deux formes ailées monstrueuses disparaissaient déjà au-dessus des cimes de la Cathédrale de Verre.

– Elles ne sont que deux, des éclaireurs probablement, avant la grande battue. Et si les Esprits sont cléments, il y a peut-être une jeune progéniture parmi elles...

Cette pensée le galvanisa.

Le roi Mandréal de la citadelle des Azalées lui avait promis une belle récompense s'il parvenait à capturer vivante l'une de ses bêtes monstrueuses.

S'il s'en sortait vivant, bien évidemment !