Fyctia

Ceylian “perce-vent” Solifur, de taille moyenne, mais de carrure solide affichait un visage volontaire, les cheveux bruns coupés court, des yeux clairs déterminés, une barbe soigneusement taillée, venait d'atteindre l'orée de la masse noire imposante.

D'innombrables colonnes sombres vitrifiées montaient haut vers le ciel, se rejoignant à leurs sommets en de grandes ramifications ténébreuses.

Ensemble, elles formaient une gigantesque nef composée de multiples arches brillantes, ce qui lui valait d’ailleurs son nom, la cathédrale de verre.

Ceylian n'en connaissait que la légende, qu'il avait apprise comme beaucoup devant un broc de floriane, un alcool de fleur léger et très parfumé, servi dans toutes les tavernes des Contrées de Sous-la-Mer, au nord-ouest de l'Inaccessible Occident du Monde Connu.

Au temps des Âges Anciens, il y avait là une immense forêt, surnommée la forêt des Milles Géants, car la dimension de ses arbres atteignait des hauteurs jamais égalées dans le Monde Connu.

Cécick le Guide, un invocateur à la renommée légendaire, alors qu’il menait la première expédition en Terre de Feu, se retrouva bloqué dans sa progression par la barrière infranchissable des volcans.

Il décida de couper par la forêt des Milles Géants afin de contourner la chaîne volcanique par le sud.

Alors que l’expédition progressait au milieu des géants sylvestres, une violente éruption projeta des débris de roche incendiaires, transformant les arbres en de gigantesques colonnes de flammes.

L'expédition se retrouva alors prise au piège dans cette fournaise infernale.

En désespoir de cause, Cécick le Guide usa de son pouvoir d’invocateur afin de solliciter l'aide des Esprits.

Une tempête de givre glaciale s'abattit alors sur la forêt, cristallisant instantanément les arbres calcinés sous une fine couche de glace.

L'incendie prit fin aussitôt, mais l'expédition disparut corps et biens dans la tempête et plus personne n'entendit jamais parler d'eux.

Ceylian scruta avec méfiance les profondeurs de cette impressionnante architecture de verre, en même temps captivante, terrifiante, immense, sombre et silencieuse.

Puis il s'attela à la tâche qu'il était venu accomplir.

Plus tôt, il serait de retour au campement, mieux cela vaudrait.

Il extirpa d'une gaine de sa ceinture une lame courbe, dont la pointe se terminait par des petites dents acérées, cadeau d’un empereur du Lointain Orient, en récompense de ses services rendus.

À l'aide du pommeau en métal de l’arme, il pilonna l'une des branches mortes vitrifiées qui jonchaient le sol.

Des éclats brillants fusèrent, libérant de gros morceaux de charbon de bois qui constitueraient un excellent combustible pour le feu de camp.

Il enroula ensuite le tas de charbon de bois dans sa cape, jeta le ballot sur son épaule, puis entama le chemin du retour.

Il commença à se diriger vers son mammoth, un quadrupède au croisement d'un cheval et d'un bison, offrant un front bombé, une échine courbée, ainsi que des plaques de fourrure couvrant sa tête et son cou puissant, mais étant cependant entièrement glabre sur le reste du corps.

Très rapide sur de courtes distances, cet animal avait d'ordinaire un rythme de marche assez lent, et était capable de régurgiter sa nourriture, pouvant ainsi tenir plusieurs jours sans se nourrir ni s’hydrater.

Celui-ci était occupé à fouiller la poussière ocre en quête d’une quelconque nourriture.

Ses pas s'enfoncèrent légèrement dans le tapis moelleux de poussière rouge qui recouvrait à perte de vue les vastes plaines des Cendres.

Lorsqu'un cri strident déchira le ciel.