Fyctia
Ch 5b : sérieusement joueur
Déjà installé sur l’une des chaises de la salle à manger, il pousse sur ses pieds jusqu'à ce qu'elle tienne en équilibre et croise les mains derrière la nuque. Le geste fait remonter son tee-shirt, laissant entrevoir une fine bande de peau.
— Fais comme chez toi, surtout.
— Allez, ne sois pas timide. Je ne mords pas. Enfin, pas trop, ajoute-t-il, narquois.
Je lève les yeux au ciel tandis que June pouffe de rire depuis la cuisine ouverte.
— S’il te plait, abrège mes souffrances et dis-moi ce que tu veux, dis-je.
Je le regarde avec horreur lever un premier doigt.
— Admets enfin que nous sommes faits pour travailler ensemble.
Mes paupières se plissent dangereusement.
— Ce n’est pas comme si j’avais le choix, Reid. Tu t’es imposé et maintenant, je dois faire avec.
— Oh, pas de ça avec moi, ricane-t-il. J’ai vu tes beaux yeux gris étinceler quand j’ai mentionné mon idée.
— C’est seulement obtenir un article sur plusieurs pages qui m’intéresse. Et ça ne te donnait pour autant pas le droit d’envoyer un mail au prof.
— Je nous ai fait gagner du temps, m’assure-t-il. Tu aurais bien fini par comprendre que tu ne pouvais pas passer à côté d’un coéquipier tel que moi.
— Tu veux dire : un type lourd, casse-pied, et envahissant.
— Hum, fit-il mine de réfléchir. Je dirais plutôt déterminé et super drôle.
Mouais. Je préfère ma définition.
— Peu importe. Crache le morceau, Montgomery.
Reid se tourne vers June qui fait semblant de ne pas s'intéresser à la conversation.
— Elle est autoritaire, non ? Putain. J’adore ça.
— Reid, aboyé-je.
— Tes clés en échange d’un match, dit-il plus sérieux.
Je ricane.
— Non.
— Tu ne veux pas récolter des infos pour ton reportage ? Je t’en offre l’occasion sur un plateau d’argent. Et même plus.
Je reste de marbre, mais dois bien m'avouer curieuse. Le milieu sportif plaît au public. Mettez des hommes taillés comme des armoires, de la violence, et des culs rebondis dans des pantalons moulants, et le peuple ne répond plus de rien.
En plus, les Trojans – les chevaux de Troie – sont appréciés au sein l’université, mais également dans l’État. On ne peut douter de leur niveau et on ne compte même plus le nombre joueurs ayant intégré la NFL.
— Au fil de l’année, l’équipe va participer à plusieurs matchs, mais, sur le côté, on a plein prévu d’autres évènements. Comme des journées organisées par des œuvres caritatives.
— Vous faites ça ? demandé-je, dubitative.
— Ivy, on ne fait pas que courir après un ballon. Ça ne te choque pas quand des grands noms effectuent des visites dans les hôpitaux, mais c’est le cas dès que ça nous concerne ?
— Ne dis pas ce que je n’ai pas dit, rétorqué-je, piquée.
Parce qu’il a en partie raison. Mais c'est juste difficile de croire que les gars de son genre peuvent s’impliquer dans autre chose que le football.
— Bref. Malgré tout, le plus important reste le jeu. C’est pour ça que je t’ai dégoté une place de choix pour le match de vendredi.
Durant deux secondes, j’espère avoir mal entendu.
— Ce vendredi, répété-je.
— Celui-là même, ricane-t-il. Pas dans les gradins ni au bord du terrain. Mais bien au cœur de l’équipe.
C’est un cauchemar.
— J’ai dû un peu négocier avec le coach et, encore maintenant, je ne suis pas certain qu’il soit emballé par l’idée.
— Ça nous fait un point en commun.
— Mais, continue-t-il en m’ignorant, c’est à cet endroit que tu percevras le mieux l’ambiance d’une telle rencontre. En plus, c’est contre l’Utah. Ils sont invaincus cette saison, et ça va être un sacré accrochage entre les deux équipes.
Bon sang.
— Génial. Mais c’est toujours non.
— Allez, princesse. Tu verras, les gars sont plus bruyants que méchants. Et puis, je serais là pour te protéger, dit-il avec un clin d’œil.
— Tu ne joues pas ? demandé-je sans relever le stupide surnom.
On parlait de Reid. L’étoile montante de la ligue universitaire du football américain. Le quaterback chéri de l’USC. Ne pas le voir jouer, c’est comme se trouver face à un vin bouchonné.
Durant une infime seconde, son visage s’assombrit avant de reprendre son éclat habituel. Hum.
— J’ai préféré me consacrer à toi, répondit-il avec un grand sourire. Un petit tête-à-tête, rien que tous les deux.
— Ma journée n’en sera que plus belle, ironisé-je.
— Je n’en doute pas un seul instant. Si tu te comportes bien, il se pourrait même que je te file l’un de mes maillots.
Ma moue dégoûtée le fait rire.
— Sans façon.
— Parfait ! L’affaire est réglée.
— Je n’ai pas dit que je ven… commencé-je avant d’être coupé par son lancer.
Mes clés rebondissent sur mon bras puis s’échouent sur le sol.
— Ouais, ça aussi on va essayer de l’améliorer, dit-il, amusé.
Il engloutit le reste de son thé glacé et remercie June qui… mon Dieu. Est-ce que c’est un rougissement qui s’étale sur ses joues ?
— Ce n’est pas que votre compagnie ne me plaît pas, les filles, mais le devoir m’appelle.
Il se relève, tire sur son tee-shirt pour le replacer correctement, et s’avance vers le hall.
— Oh ! J’ai failli oublier. Ivy, laisse tout… tu sais, ton barda habituel ici.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? l’interrogé-je, perdue.
— Ta dégaine de princesse et la tenue qui va avec. Disons que les talons et la terre battue ne font pas bon ménage.
Moi qui ai cru pendant un instant que nous pourrions peut-être trouver un terrain d’entente.
— Va en enfer, Reid.
— On s’y retrouvera, s’esclaffe-t-il.
Il disparaît comme il est venu, c’est-à-dire avec sa petite attitude de branleur qui a le don de me mettre en rage.
Le silence ne dure pas très longtemps.
— Il est… intéressant.
— Élégante manière de dire qu’il est insupportable.
— Remarque, continue June, tu l’es aussi et ça ne m’empêche pas d’être ton amie.
Mon air blasé la fait glousser. Pourtant, il faut avouer que nous formons une paire étonnante. June vient d’une famille où l’amour est le ciment de tout. Elle est un rayon de soleil, là où je suis bien plus lugubre et distante. Elle adore être entourée de monde, là où je mets des barrières avec les autres pour les empêcher de m’approcher.
Nous ne pourrions être plus différentes et pourtant, je n’échangerais notre amitié pour rien au monde. Dire qu’elle a débuté par une simple erreur de réservation, alors enregistrée dans le mauvais dortoir.
En fin de compte, ce dernier s’est avéré complet et plus aucune place n’était disponible. La voir, misérable, les yeux bouffis d’avoir trop pleuré, m’a fait de la peine. Allez savoir pourquoi, mais j’ai proposé à l’université d’ajouter un lit dans ma chambre, le temps de trouver une solution.
Les jours et semaines passants…
— Tu crois que Reid m’infiltrerait aussi ?
— June.
— Quoi ? Juste de quoi me rincer un peu l’œil !
Au moins, il y en a pour s’amuser de la situation.
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25 commentaires
Ludivine Delaune
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Il y a 3 ans
LC. Blake
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Il y a 3 ans
Sima Moon
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L'ours qui lit
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Horliana
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LC. Blake
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Il y a 3 ans