LC. Blake Comment apprivoiser un sportif Ch 4b : sérieusement abîmé

Ch 4b : sérieusement abîmé

— Je ne pense pas, articulé-je.


Le coin de sa bouche se relève.


— Tu n’as pas l’air très sûr de toi, mon garçon. Mais enfin soit. J’ai cru comprendre que tu te lances dans un nouveau projet scolaire ? Ne prends pas cet air surpris, Reid. Je sais tout en ce qui concerne mes joueurs. À commencer par l’état de leurs études.


Ça, il n’y a pas de doute. Le coach est intransigeant sur le terrain, mais encore plus sur nos résultats. Pourtant, je connais des gars basés dans d’autres campus où les A+ sont distribués comme des petits pains. C’est à peine si les profs lisent leurs copies, puisqu’ils savent que les sportifs sont nécessaires aux finances des universités.

Mais notre entraîneur est loin d’accepter de tels raccourcis. Je ne compte même plus le nombre de joueurs qu’il a écarté le temps que ces derniers remontent leur moyenne.


— Un travail journalistique, ajoute-t-il, le sourcil arqué.

— Je vous assure que ce n’est pas aussi terrible que ça en a l’air, je dis en m’installant dans l’une des chaises faisant face à son bureau.


J’observe, presque fasciné, les piles de feuilles parfaitement ordonnées et les stylos alignés, prêts à être utilisés. Les murs sont tapissés de fiches techniques et des prochaines tactiques de jeu. Je tends le cou, intrigué par un tableau blanc sur lequel se dessinent de nombreuses lignes, mais le poing du coach frappant la table me stoppe dans mon étude.


— C’est le plan contre l’Utah ? demandé-je, excité.

— Reid. Tu as intérêt à te montrer sérieux pour ce cours. Tes notes dans les matières scientifiques sont excellentes, mais ce n’est pas toujours le cas des autres.

— De la littérature, coach, me plains-je. Je ne peux pas être bon en tout.


Son air blasé me fait lever les yeux au ciel.


— Ne vous en faites pas. J’ai la partenaire idéale. D’ailleurs…


Hum. Comment avancer ça sans ressembler à un trou du cul ?

Disons qu’un mail, ça se perd vite. Surtout pour tomber dans la boîte d’un professeur. Et Jerry a la fâcheuse manie de marcher sur nos claviers en voulant s’installer dans le fauteuil.


Mouais. Autant ne pas passer par quatre chemins : j’ai comme qui dirait un peu bousculé le destin. Mais c’est pour le mieux ! Et puis, pourquoi tourner autour du pot si longtemps ? Ivy a cette stupide tendance à se borner. Et tout ça pour quoi ? Parce que je suis un sportif.

Je ne sais pas ce qu’elle s’imagine nous concernant, mais je suis bien déterminé à lui prouver qu’elle a tort. En plus, le projet proposé a beaucoup de potentiel et lui – nous – offrira plein de possibilités.


— Il se pourrait que mon sujet d’étude soit l’université ainsi que… l’équipe et les Trojans.


Je lui sors ma meilleure mine angélique.


— Remballe-moi ton petit air de simplet, Montgomery, grogne-t-il. Il ne fonctionne pas avec moi.


Je fronce les sourcils, vexé. Je me ramollis, ou quoi ?


— Dans quelle histoire tu nous as encore fourrés ?


Avec quelques tâtonnements, je lui explique rapidement ce que j’ai en tête, depuis les rencontres jusqu’aux évènements organisés par le club.


— Tu oublies tout de suite cette idée, Reid, finit-il par dire.

— Mais pourquoi ?

— Il est hors de question qu’un externe se balade autour de mon staff en plein jeu. Elle peut aller dans les gradins, mais elle ne mettra pas un pied sur le terrain.

— Comment peut-elle prendre conscience de la réalité d’un match si elle ne…

— Je crois avoir mal entendu, me coupe-t-il, le regard sombre. Est-ce que tu tentes de protester ?


Je ravale la fin de ma phrase. Il est déjà assez remonté contre moi pour la blessure – si on peut l’appeler ainsi, parce que ce n’est vraiment rien – alors, autant ne pas en rajouter une couche. C’est sans compter sur Wayne et Garrett qui décident de venir y mettre leur grain de sel.


— Coach, vous ne pouvez pas laisser Reid s’en sortir si facilement, glisse mon pseudo ami.


Je lui jette mon meilleur regard effaré, intimant à Wayne de la fermer.


— La fille n’est comme qui dirait, pas cent pour cent emballée à l’idée de côtoyer le milieu du sport.

— En fait, on est à peu près sûr qu’elle va lui mener la vie dure, vu les menaces qui ont résonné dans notre immeuble toute la soirée.


Ma bouche se crispe dans une grimace. Il n’est pas loin de la vérité.


— Je rectifie. La question n’est pas de savoir dans quelle situation tu as mis l’équipe, mais plutôt dans quoi tu t’es encore lancé, Montgomery.

— C’est vous qui m’avez dit de remonter mes notes, protesté-je, les sourcils froncés. C’est ce que je m’efforce de faire ! Coach, si je ne fais pas ce travail avec elle, ma moyenne va dégringoler.


Il reste silencieux un long moment, perdu dans ses pensées.


— Tu as pris mes conseils…

— Vos menaces, rectifié-je.

— Au pied de la lettre, continue-t-il en m’ignorant. Mais peu importe. J’accepte sa présence ce vendredi – et uniquement ce vendredi – mais tu vas chez le foutu kiné et tu te tiens tranquille la semaine à venir.


J’imagine que c’est une petite victoire ?


— Maintenant, dégagez de ma vue, grogne-t-il en faisant un vague geste de la main.


Nous ne nous faisons pas prier et nous dépêchons de rejoindre le truck de Garrett, non sans avoir récupéré nos sacs dans les vestiaires désormais vides.


— Sérieux, Reid. Tu vas faire quoi avec… c'est quoi son nom, déjà ?

— Princesse, ricane Wayne avant de pousser un couinement quand je lui claque le crâne depuis la banquette arrière.

— C’est moi qui l’appelle ainsi.

— Oh, oh ! Mais c’est que…

— La ferme, le coupé-je.


Il marmonne un truc incompréhensible dans sa barbe et se met à jouer avec les stations de radio. Je laisse le bourdonnement de leurs voix taquines me bercer jusqu’à notre arrivée à la maison.

Le quartier est plutôt calme et sympa. Ce qui explique probablement le prix de notre appartement trois chambres. Les gars y entrent en premier et, surtout, font face au ventre sur pattes qu’est Jerry.


— J’ai rempli ta gamelle juste avant de partir, râle Garrett, et… putain ! Mais c’est ma chaussure que t’as dans la gueule !


Le golden prend ça comme une invitation à jouer et débute une course poursuite autour de la table de salon, l’arrière-train s’agitant d’amusement. Mes colocataires et le chien disparaissent dans le couloir et je m’apprête à en faire de même quand je remarque le trousseau de clés qui pend de la porte de nos voisins de palier.

Voisins de palier qui ne sont autres que Ivy et ses amis.


Quelle surprise de la trouver là, pas plus tard qu’hier soir. Durant un court instant, j’ai même cru m’inventer la silhouette élancée me tournant le dos. Après tout, les longs cheveux blonds et cette teinte de peau dorée sont légion en Californie.

Mais un caractère bien trempé et une langue acérée le sont moins.

À ne pas douter qu’elle doit encore être sur les nerfs à cause de mon embuscade, mais…

Décidé, je balance mon sac dans le hall d’entrée et récupère le trousseau orné d’un porte-clé en forme de planche de surf avant d’abattre mon poing sur la porte qui s’ouvre rapidement sur une mine perplexe.


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39 commentaires

Camille Jobert

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Il y a 3 ans

Et voilà en forçant tout le monde fallait s'y attendre qu'il allait y avoir un couac. On propose pas un projet sans en parler en amont avec les principaux concernés. C'est le B.A.B.A

LC. Blake

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Il y a 3 ans

Et pourtant, tout va bien se passer 😋

Elodie CARRIZO

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Il y a 3 ans

ça serait cool d'avoir des description. je sais, je sais, on a que 7000 caractères. Pas grave tu coupe le chapitre en deux ;-)

LC. Blake

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Il y a 3 ans

Tu pourrais préciser sur le type de description dont tu parles ? 😋 Sur le physique des perso, l’environnement, les vêtements… ? Et oui, les 7000 sont ma bête noire. Surtout que je divise déjà en deux les chapitres 🙃😂

Elodie CARRIZO

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Il y a 3 ans

Non les vêtements c'est pas si importants, mais surtout les lieux, l'environnement

LC. Blake

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Il y a 3 ans

C’est ce que je pense aussi pour les vêtements, mais je sais que certains y accordent de l’importance. Pour les lieux et l’environnement, je pousserai un peu les descriptions pendant la relecture. Merci pour le conseil 😊

Ludivine Delaune

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Il y a 3 ans

Pour le dernier paragraphe ça serait bien que tu dises qu'il ressort pour récupérer les clefs. Reid a l'air du genre possessif non ?

LC. Blake

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Il y a 3 ans

Je l'ajouterai pour bien montrer ce qu'il compte faire :D Il n'est pas vraiment possessif. En tout cas, je ne crois pas. Je vais voir dans les prochains chapitres que j'écrirais si ce trait de caractère ressortira. Mais globalement, j'aime pas le "tu es à moi" donc je ne pense pas que l'on ira jusqu'à cette extrémité :)

Abby.C

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Il y a 3 ans

Encore un super chapitre ^^

LC. Blake

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Il y a 3 ans

Merci <3
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