Fyctia
4 - Réveil
J’avais l’impression de n’avoir fait que ça dans la journée d’hier : m’endormir et me réveiller.
J’avais passé une nuit calme, bien que certaines images m’aient hantées. Maintenant que mon cerveau ne semblait plus autant compressé que la veille, je me souvenais plus ou moins de ce qui s’était passé lors de l’épisode du scanner. Et je comprenais mieux ce que voulait dire la personne quand elle avait exprimé quelque chose à propos d’un réveil brutal.
Si ce que je pensais s’avérait être vrai, alors ces images correspondaient à des souvenirs de mon ancienne vie. Il fallait donc que j’éclaircisse tout ça.
Quelqu’un frappa à ma porte et j’eus la surprise de voir le docteur Mile se présenter à moi. Sans le vouloir, je fronçai les sourcils. Pourquoi était-il là ? Il n’était pas assigné à l’infirmerie.
- Où est le docteur Garance ?
Le docteur s’avança et ajouta quelque chose sur mon dossier, au bout de mon lit, sans me répondre. Quand il eut fini il se décida à relever sa tête pour croiser mon regard.
- Elle avait une réunion. Je suis passé voir comment vous alliez.
- Bien.
Il m’adressa un sourire. Il semblait peu sûr quant à ce qu’il devait me dire après, se balançant sur ses pieds, les deux mains tenant fermement l’écran, comme un enfant pris en faute.
J’avais rarement vu un docteur se comporter ainsi.
- Vu les derniers événements, nous allons vous garder quelques jours en observation.
- D’accord.
Il hocha la tête puis se dirigea vers la porte. Au moment de sortir, il se retourna et commença à ouvrir la bouche, mais aucun son n’en sorti. Il fit le même cinéma plusieurs fois d’affilées, avant qu’agacée, je ne l’encourage à parler.
- Oui ?
- Hum… Avez-vous vu des choses quand vous étiez inconsciente ?
Je le regardai fixement. Pour une raison x ou y, cette question – et ma possible réponse – le mettait mal à l’aise.
Je ne sais pas vraiment ce qui me motiva, mais je décidai de mentir. Pour la seconde fois de ma vie.
- Non.
Ça sembla le rassurer quelques peu car il quitta la pièce derechef. Étrange.
Je me laissai retomber sur mon coussin quand la porte se rouvrit.
- Je peux entrer ? chuchota une voix près de la porte.
- Auguste !
J’avais presque crié, plus par surprise qu’autre chose. Je ne m’attendais pas à recevoir sa visite si tôt après le départ du docteur Miles !
- J’ai été… surpris de recevoir un message de vous. Les Anges n’envoient pas de message. Jamais.
Je balayais ces mots d’une main. Je savais bien que nous n’envoyions pas de message, et je ne l’aurais pas fait si j’avais pu me déplacer. Mais cela semblait être la seule solution que je pouvais envisager sur le moment. Je devais admettre que je ne pourrais trouver mes réponses toute seule.
- J’ai besoin de toi.
- Je vous demande pardon ?
Quoi ?
- Pour quoi faire ? Tu n’as rien fait de mal.
Il plissa les yeux, peu sûr du tour que prenait la discussion. A vrai dire, moi non plus : je ne comprenais pas pourquoi il venait de s’excuser. Il pencha sa tête blonde sur le côté, ferma un instant les yeux, inspira deux fois puis m’adressa un sourire en rouvrant ses paupières.
Je commençai à regretter de lui avoir envoyer un message, il ne semblait pas bien apte à faire des choses basiques.
- Je voulais que vous répétiez ce que vous m’avez dit, m’expliqua-t-il avec lenteur comme si j’étais un enfant.
- Oh. Il fallait le dire, répliquai-je. J’ai besoin de toi.
Il jeta un coup d’œil dans le couloir derrière lui puis ferma la porte. En s’approchant du lit à pas lent, il me dévisagea. J’avais quelque chose sur le visage ?
- Excusez-moi, mais je ne comprends ce que je fais là. Vous êtes un Ange. Vous n’avez pas besoin de moi. Vous n’avez besoin de personne.
Je hochai la tête, contente qu’il soit d’accord avec moi sur ce fait. Il devait donc comprendre à quel point ce que je voulais dire était important.
- C’est exact. Mais je suis diminuée en ce moment et il y a quelques points que j’aimerais éclaircir.
Il s’approcha du lit encore un peu et se laissa tomber dans le fauteuil juste à côté.
- D’accord… pourquoi vous ne demandez pas aux docteurs ? Je veux dire, ils savent tout.
Je me mordis les lèvres. C’est là que ça devenait compliqué. J’avais le sentiment que quelque chose clochait avec moi – enfin non, ça, j’en étais plus que sûre. Le problème c’était les docteurs justement. Le comportement du docteur Miles quand je lui avais dit que je n’avais pas rempli ma mission, celui du docteur Garance quand elle me posait toutes ses questions, et puis l’infirmière Jocelyn qui m’administrait de la morphine presque de force après que je lui ai dit ne pas en avoir besoin…
Mon instinct me disait que je ne devais pas leur faire confiance, du moins, pas entièrement. Ce qui était plutôt étrange quand on savait que je n’étais pas censé ressentir quoi que ce soit.
J’avais été formaté pour obéir et ne pas poser de question. Je ne devais rien ressentir, juste exécuter ; j’étais l’arme du centre dans la guerre contre le Virus de l’âme. Clairement, il y avait eu un dysfonctionnement dans la procédure de ma création. Je voulais savoir pourquoi. Je dirais même plus que j’en avais le droit. Mais les docteurs ne semblaient pas prêts à m’en dire plus.
- Pour faire simple, je ne pense pas qu’ils voudraient répondre à mes questions. Ce que je sais, c’est que Gabriel pourrait, expliquai-je.
- Gabriel, le possédé d’hier ?
J’acquiesçai et je le vis remuer sur le fauteuil. J’entendis les battements de son cœur s’accélérer. J’avais décidemment bien attiré son attention.
- Celui-là même. Est-ce que tu pourrais lui demander de venir me voir ce soir ? Au train où vont les choses, je pense être encore présente ici à ce moment-là.
Il fronça les sourcils et je ne pus m’empêcher de me demander à quoi il pensait. Et s’il décidait d’aller parler aux docteurs ? Je n’étais pas sûre de la façon dont ils réagiraient en apprenant que je prenais ce genre d’initiative… Et ce doute qui persistait m’oppressait plus qu’autre chose.
- Je ne sais pas si je peux le convaincre, mais je lui transmettrais le message. Je suis sûr qu’il viendra, ne serait-ce que par curiosité. C’est pas tous les jours qu’un Ange vous demande de l’aider… Quand je vais raconter ça aux copains !
- Non !
Cette fois j’avais vraiment hurlé. Peut-être même un poil trop fort. Mais il devait comprendre qu’il devait rester discret.
- Ne le dis à personne.
5 commentaires
Siniriel
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Il y a 8 ans
Valerie27( valeriejchesnay)
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Il y a 8 ans
Valerie27( valeriejchesnay)
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Il y a 8 ans
Siniriel
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Il y a 8 ans
marianne07
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Il y a 8 ans