Fyctia
3.2
La semaine défile à une vitesse folle. Mes journées se ressemblent presque toutes. Je ne suis pas arrivée une seule fois en retard. Il y a même un jour, hier, ou je suis arrivée une heure en avance. Je suis plutôt fière de moi sur ce coup là. J'ai aussi fini presque tous mes dossiers, aujourd'hui, je n'ai plus de retard. J'ai fait des grosses journées où je rentrais chez moi très tard, au alentour de 20 heures. Mon cher mari m'attendait toujours, avec impatience certes, mais avec un bon petit plat. Il est vraiment content de retrouver la femme qui lui raconte tous les potins autour du dîner.
C'était plutôt une très bonne semaine. Je sens que je reprends goût à mon travail et j'en suis plus qu'heureuse. Je me sens bien, je suis dans mon élément, et je prédis que bientôt, je retrouverais cette adrénaline que j'ai perdue. Mon patron aussi est content. J'ai retrouvé la joie de manger avec mes collègues a midi et de les écouter parler de leur grosse enquêtes. Ce qui me donnait la nausée il y a encore quelques semaines, me donne du baume au cœur depuis ce début de semaine.
Tout se passer bien, jusqu'à aujourd'hui. J'ai la boule au ventre, ce matin. Je me lève avec des pieds de plomb, à nouveau. Quand je descends dans la cuisine à peine réveiller, Jim fronce les sourcils.
— Qu'est-ce qui se passe, mon amour ? Tout aller si bien...
Jim à l'air déçu de me voir comme ça ce matin. Les cheveux encore en pagaille et vêtu encore de mon pyjama, j'ai une tête qui fait peur. Lui est toujours vêtu correctement, avec son sempiternel costume. Il est gris aujourd'hui. Mon préféré. Ses cheveux châtain clair coiffée-décoiffée lui donne son allure si sexy. Chaque matin, je le trouve encore plus beau que la veille. Il est toujours de bonne humeur et jamais une seule fois, il n'est arrivé en retard au travail. À part quand on part en voyage, il ne manque pas non plus un seul jour de boulot. Il adore l'homme d'affaires qu'il est, et ne s'en lasse pas du tout. Contrairement à moi...
— C'est aujourd'hui que je dois donner ma réponse.
Il fronce légèrement les sourcils.
— Si je veux être sur l'enquête du tueur de femme.
Il fronce encore plus les sourcils.
— Tu devrais sauter sur l'occasion. Tu as passé une bonne semaine, non ?
Je hoche simplement la tête.
— Tu aimes à nouveau ton travail, Judith. Laisse cette affaire faire en sorte que tu l'aimes encore plus.
Il a raison. Comme toujours.
— Tu es vraiment l'homme de ma vie, tu le sais ça ?
— Je ne t'aurais pas marié, sinon, lâche-t-il avec un clin d'œil.
Après cette phrase qui me fait ricaner, il vient me planter un bisou sur le front, puis me dit de filer dans la salle de bain avec une petite tape sur les fesses.
Je me regarde dans le miroir et c'est une vraie horreur. Il faut vraiment que je me rafraîchisse les idées, alors je décide de prendre une douche. Mes pensées partent vers mon boulot et ce que Jim a dit. J'aime mon travail, je le sais. Mais cette affaire... elle me fait peur. Rien que quand je dis ou pense à son nom, mes poils se hérissent. J'ai peur du tueur de femme. J'ai peur de me louper sur cette enquête. J'ai peur de faire honte à toutes les femmes de cette ville. J'ai vu dans les journaux cette semaine qu'il avait encore tué une femme. J'ai aussi vu que ces pauvres dames de la ville sont très apeurées à l'idée de sortir seules dehors. On a déjà assez peur de se balader toutes seules, ce qui n'est pas normal du tout, et ça devrait changer. Mais avec un tueur de femme à nos trousses, comment faire ? Comment peut-on se sentir en sécurité, dans un monde ou on marche sur les femmes comme sur une merde de chien ?
Je secoue la tête et m'empresse de finir de me préparer. Je peux encore arriver à l'heure.
À peine arrivée, mon chef me convoque dans son bureau. J'ai l'impression que tout est à la même place qu'il y a une semaine. J'espère même avoir fait un bon dans le temps. Qu'au final, ce tueur de femme n'existe pas. J'espère qu'il va me dire qu'il va finalement mettre quelqu'un d'autre sur cette enquête. Ou qu'on a retrouvé cet homme horrible. J'espère tout et n'importe quoi. Quand il ouvre la bouche pour parler, je me raidis sur mon siège.
— C'est l'heure, Judith. Il me faut une réponse.
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