Fyctia

10 juillet 2011, avant le crash, à l’aéroport GWEN

J’étais là, assise sur un banc à l’aéroport simplement en train de bouquiner quand soudain, mon ventre se mit littéralement à rugir. J’avais faim, j’avais une faim de loup. En un mouvement, je me suis mise debout tel un automate et j’ai dis à mon père :

− J’arrive, je vais me chercher un truc à manger. Je crève de faim.

Marie releva aussitôt la tête de son magazine de sudoku, me fixa, plaça sa main sur son ventre qui criait lui aussi famine et dit :

− Je t’accompagne, j’ai la dalle moi aussi.

Elle se tourna ensuite vers mon père pour lui demander :

− Tu veux quelque chose à grignoter chéri ?

Il ne dédaigna même pas relever la tête de son magazine d’automobile et nous répondit :

− Allez y sans moi, je n’ai pas faim.

Sur ses mots, Marie se leva et nous nous en allions direction la longue allée de restaurant. Il y avait de tout : sandwich, pizza, pâtes, sushis, burgers, hot-dog, … Après avoir fait au moins trois fois le tour de tous les restaurants possibles et imaginables, nous nous étions enfin décidées. Nous avions opté pour des pizza car c’est là qu’il y avait le moins de gens et même si nous savions très bien qu’elles ne seraient certainement pas aussi bonnes que celles que nous mangerions une fois arrivé à Rome, nous n’avions pas la moindre envie de faire la files pendant plus de trente minutes. Alors, nous voilà dans la file du restaurant de pizza. Qu’allais-je prendre ? Une pizza Diavola ? Une quattro stagioni peut-être ? Oh, ou alors, une Hawaïenne, oui je fais partie des gens qui aiment l’ananas sur une pizza. Chacun ses goûts vous savez. Sauf qu’au moment de commander, ma belle-mère m’a planté là en me disant que finalement, elle changeait d’avis et voulait un sandwich jambon fromage crudités mayo, son préféré. Je suis donc restée là et juste avant qu’elle ne parte, je lui ai dis :

− On se rejoint près de papa OK ?

Elle a acquiescé et est partie. Le serveur s’est alors adressé à moi:

− Bienvenue, au Pizza Yolo, qu’est ce que vous désirez ?

Zut, c’était déjà mon tour. Vite, il fallait faire un choix. Que prendre ? Du salami c’est vachement bon c’est vrai mais en même temps, des ananas ça rajoute de la fraîcheur et plein de légumes, ça apporte de la diversité, c’est pas mal non plus.

C’est bon, mon choix était fait, j’allais prendre la préférée de ma papa pour qu’on puisse la partager même si soit disant, il n’avait pas faim.

− Une pizza quattro stagioni s’il vous plaît.

Il tapota quelque chose sur son écran avant d’ajouter :

− Votre nom ?

− Gwen. G-W-E-N. Ai-je répondu.

Il m’a fait signe comme quoi tout était OK et que j’avais juste besoin d’attendre que ma commande soit prête. Je suis alors allée m’asseoir à une table libre et j’ai attendu.

Je me suis alors mise à observer les gens avec leurs valises qui déambulaient dans la galerie. Certains se promenaient, d'autres trottinaient à la limite de courir en entendant le dernier appel pour leurs vols. On pouvait voir la panique sur leurs visages. C’était assez rigolo. Enfin, pas pour eux. C’est là que je l’ai vu pour la première fois, de magnifique yeux bleus azures, une fabuleuse chevelure blonde aux reflets d’or assez longue pour retomber sur son front mais pas assez longue que pour pouvoir les attacher, cette carrure imposante mais pas trop et cet air un peu embarrassé ou plutôt réservé ce qui ne collait pas vraiment avec son physique. Mais c’est ce qui lui donnait tout son charme. C’est aussi là qu’il m’a vu lui aussi, nos regards se sont croisés et nous nous sommes fixés pendant ce qui m’a paru être une éternité. Il m’a sourit et je lui ai rendu son sourire. Il avait l’air si doux et si calme. Quand soudain, un élément vain brisé ce moment magique. Ma commande était prête et le serveur hurlait dans le restaurant :

− Commande trois-cents-trente-deux, pizza quattro stagioni Gweeeeen. Je me levai aussitôt pour aller la chercher et quand je fut revenue, il n’était plus là. J’ai eu sur le moment l’impression d’avoir rêvé, qu’il n’avait jamais été là, que j’avais tout inventé. Mais non, il avait été là, j’en étais convaincue. Je me décidai donc à rejoindre mes parents pour manger et potentiellement partager ma pizza avec mon père. Même s' il n’avait pas faim, je savais qu’il ne dirait jamais non à une bonne part de sa pizza préférée. Je les rejoignis d’un pas lent et dépité en me disant que de toute façon, je ne le reverrai probablement jamais. C’en était presque une certitude.