Fyctia

10 juillet 2023, Gwen

… Soudain, j’ai entendu un bruit assourdissant provenir de ce qui me semblait être le réacteur. Les gens s’affolaient, je commençais moi aussi à paniquer, mon cœur tambourinait dans ma poitrine, j’avais l’impression qu’il allait sortir de ma cage thoracique comme un oiseau dans une pendule.

On tombait dans le vide, je le sentais, même si les pilotes ne l’annonçaient pas encore, nous tombions. Nous allions tous mourir ici au beau milieu de l’océan Atlantique.

Mais laissez-moi vous raconter le début de cette histoire.

* * *

7 juillet 2011, Gwen

Nous étions trois jours avant l’accident, mais ça, nous ne le savions pas encore, soit deux jours avant le grand départ. Nous devions à la base prendre l’avion de San Francisco direction New York et ensuite New York direction Rome, mais tout avait changé il y a à peine une semaine de cela. Nous devions alors embarquer à San Francisco comme prévu mais cette fois, jusque Nassau aux Bahamas pour ensuite reprendre un second avion toujours de Nassau mais cette fois, direction Rome. La ville de mes rêves. J’ai toujours rêvé d’y aller, bien que la plupart des américains rêvent d’aller à Paris, moi c’est à Rome que je veux me rendre.

Enfin soit, mes parents avaient enfin accepté de faire ce voyage qui promettait d’être fabuleux. Enfin, c’est ce que je croyais ! Nous nous réjouissions tous à l’idée de partir car nous n’avions encore jamais quitté le continent, ni même le pays alors l’Europe, que demander de plus ?

Ah, j’oubliais, moi c’est Gwen, j’ai seize ans et comme vous avez certainement pu le comprendre, je vis à San Francisco avec mon père Louis et ma belle-mère Marie qui est comme une mère pour moi. À vrai dire, je n’ai jamais connu ma mère, elle est décédée un peu plus d’un an après ma naissance. Mais de ce que j’ai cru comprendre, c’était une femme extraordinaire et je n’en doute pas.

Elle était malade, un cancer à un stade bien trop avancé, personne n’aurait pu la sauver. D’ailleurs, c’est surtout pour elle qu’on va à Rome, c’était son rêve à elle aussi. Il paraît qu’elle m’en parlait le soir pour m’endormir. Il lui suffisait de me raconter une histoire qui se passait là-bas et je plongeais aussitôt dans un sommeil profond.

Après sa mort, mon père était dévasté comme chaque personne qui perd un être cher à ses yeux, comme chaque homme qui perd l’amour de sa vie dans des circonstances atroces et qui devient alors veuf et anéanti. Mais il devait s’en sortir car il avait une fille à peine âgée d’un an à élever seul. Trois ans plus tard, il a retrouvé l’amour et à quatre ans, je ne me rendais pas vraiment compte que ce n’était pas ma mère. Alors, je l’ai directement apprécié ( heureusement ). Mon père m’a toujours dit qu’il l’aimait mais pas autant que ma mère, que jamais il n’aimerait une autre femme autant voir plus que ma mère et que jamais Marie ne la remplacerait. Il avait besoin de Marie, elle le rendait heureux et ça se voyait. Alors, je l’étais pour lui. Nous étions à nouveau devenu une belle petite famille et nous n’étions plus la famille brisée par le cancer.

(Suite dans le chapitre 1.2)