Fyctia
Chapitre 26 - Part 2
Son ton implorant, ses yeux embués semblèrent porter son message. Nolane n’eut pas le temps de s’en assurer, déjà elle atteignait le centre de la cour. Elle maudit sa crédulité. Croire que Lawster se contenterait de tuer Will et de fuir se révélait particulièrement naïf.
On tira de nouveau sur ses chaînes, la projetant au sol. Autour d’elle, une foule de curieux se rassembla. Son humiliation appâtait les âmes en mal d’émotion forte. Lawster s’installa sur sa droite. Nolane leva la tête. Pourquoi ne l’entraînait-il pas directement vers les cachots ? Pourquoi lui faire subir cette offense supplémentaire ?
Elle distingua, alors, l’estrade au second plan.
Son sang se figea.
Nolane blêmit.
Des tremblements possédèrent son corps.
Une potence.
Une potence trônait au milieu de la cour centrale.
Lawster n’avait pas perdu de temps. Elle leva un regard terrifié vers son bourreau. Sur son visage, seule une certaine suffisance persistait. Il ne se contenterait pas de l’enfermer. Il la ferait taire en la tuant également. La foule hua. Lui jeta des pierres. Lornac tenta d’intervenir, mais les gardes barrèrent le chemin de leur lance.
Une seule idée parvint à traverser les brumes de son angoisse. Fuir. Loin d’ici. Nolane éprouva les chaînes de ses poignets. Trop solides pour être brisées. Elle se releva et tira avec force. Ses geôliers, leur attention relâchée, perdirent l’équilibre. Sans même attendre, elle frappa en direction de Lawster et, d’un coup de pied sec, le fit tomber. Le regard qu’ils échangèrent lui fit comprendre qu’elle devait vaincre ou mourir. Si la moindre chance avait pu se dessiner en parlementant, son sort était désormais scellé. Reprenant position, elle frappa au visage et, sans attendre, fuit vers l’arrière.
Des voix résonnèrent, les gardes s’organisèrent.
Lawster, plus belliqueux qu’imaginé, se jeta sur elle, la faisant lourdement chuter. Nolane se démena, s’agitant au sol comme lui avait appris Will pour se dépêtre de son adversaire. Un coup de pied féroce s’enfonça dans le ventre de Lawster. Celui-ci, le nez en sang, la dévisagea avec fureur et hurla aux gardes de réagir. En retour, les lourdes chaînes métalliques se tendirent. Nolane tenta de résister. De ne pas plier. Lawster la frappa sans une once d’hésitation. La puissance du coup lui coupant la respiration. Sa tête cogna sur les pavés de la cour. Lawster hurla un ordre et se redressa. Sonnée, on la déplaça sans ménagement vers un mur extérieur de l’écurie. Ses chaînes furent fixées à un anneau. Nolane cracha un caillot de sang. Les mains en hauteur, à genoux, elle tenta de tourner la tête pour espérer comprendre. Brusquement, un claquement de fouet lui arracha un hurlement. Elle s’accrocha désespérément à ses liens, ses articulations blanchissant sur le fer rugueux. Le second coup ne tarda pas. Plus violent encore. Son dos la brûla. La douleur s’avéra intolérable. Une chaleur afflua ; sa tête bourdonna avant de tomber mollement en avant. Un seau d’eau froide la réveilla. Le regard hagard, les cheveux plaqués au visage, le dos cuisant, Nolane tenta de reprendre pied. De ne pas sombrer. Un nouveau coup. Un nouvel hurlement. Dans son dos, sa peau se lacérait, une humidité sanglante imbibait sa chemise. Tout son corps résonnait d’une litanie de souffrance.
Elle vida son estomac. On la força à se redresser.
Le châtiment sembla durer des heures. Les coups de fouet innombrables. Elle perdit conscience de nombreuses fois. Et, chaque fois, son bourreau lui déversa un seau d’eau glacé. Son corps entier tremblait, tétanisé par la douleur, sa position. Chaque muscle convulsait, l’implorant de s’écrouler.
Enfin, son calvaire cessa. D’un coup sec, Lawster tira sa tête en arrière. Le rictus satisfait qu’elle découvrit la terrifia. Les yeux dans le vague, le souffle court, Nolane sentit qu’on la libérait de l’anneau. Elle s’effondra au pied de Lawster ; ses bottes parfaitement cirées comme la première fois où elle l’avait croisé et prit pour le Roi.
On lui parla.
Elle chercha à se redresser.
On ria d’elle.
Une nouvelle question de Lawster que Nolane ne comprit pas.
Pour toute réponse, elle cracha sur ses bottes.
Ce fut son dernier souvenir avant qu’un coup sur le crâne ne la fasse sombrer dans l’inconscience.
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