Fyctia

Cameron patientait devant le bureau du Roi. Voilà déjà plusieurs jours qu’il entraînait Nol et chaque fois, il lui en faisait méthodiquement le retour, s’appliquant à noter les points positifs comme négatifs. L’évolution du palefrenier se montrait régulière et efficace ; le travail d’écurie complétant parfaitement la formation physique. Transporter des ballots de paille, tirer l’eau du puits, porter les seaux, permettait au jeune homme d’étoffer sa musculature. Avec encore un peu de pratique, Nol pourrait prétendre intégrer, si ce n’est l’actuel, le futur, régiment des Faucons. Cameron ne pouvait cacher sa préférence pour que Nol accède sans attendre à la confrérie. Partager des missions avec sa complicité ne se révélerait pas désagréable. Les deux hommes échangeaient avec facilité et Nol ne se montrait clairement pas un rival potentiel auprès de la gent féminine. Deux points possédant une grande valeur à ses yeux.

Un jeune chevalier sortit du bureau et le salua. Alvis ayant récemment intégré la Soutyn découvrait son nouveau rôle. Étonné de le trouver ici, il ne put s’empêcher de le questionner.

— Que faites-vous là, Faucon Cameron ?

— Je viens faire mon rapport au Roi.

— Votre rapport ? Sur quel sujet précisément ?

Le monarque les interrompit, découvrant Cameron à son tour. Sans attendre, il referma la porte de son bureau, invitant le Faucon à le suivre dans le couloir. Le ton informel avec lequel le Roi s’adressait à lui le laissait croire qu’à défaut d’une amitié, un certain respect prenait place entre eux.

— Comment se passe la formation de Nol ? questionna Will tandis qu’Alvis s’éloignait un dernier regard interrogateur.

— Pas grand-chose depuis hier. Il est assidu et fait même plus que je lui demande.

Le Roi acquiesça, satisfait.

— Penses-tu qu’il sera bientôt prêt pour proposer de l’intégrer ?

Étonné qu’il lui demande son avis, Cameron mit un certain temps à répondre.

— J’aimerais vous répondre oui. Mais, si autant, Nol me semble prêt, je ne suis pas certain que mes compagnons le soient.

— J’apprécie ton honnêteté et nous devrions peut-être commencer à travailler le terrain auprès de la confrérie.

— Savez-vous déjà comment procéder ?

Ils empruntèrent un chemin plus étroit et débouchèrent non loin de la salle des hommages. Soucieux de rester à l’écoute, le Roi s’y rendait régulièrement afin d’écouter les doléances du peuple. La compagne du Roi se présenta à ses côtés et le salua poliment. Se faisant violence pour ne pas porter une attention trop appuyée à la favorite, Cameron scrutait consciencieusement son souverain. Le parfum grisant accompagnant chaque mouvement de la jeune femme ne l’aida pas. Ses conquêtes sentaient rarement aussi bon.

— Nous pourrions organiser une séance réunissant tous les Faucons ?

— Je me charge de l’organiser, proposa-t-il spontanément.

— Parfait. Quant à moi je tâcherai de venir à l’un de vos entraînements en amont.

Cameron acquiesça, réalisant une révérence pour se retirer. Se tournant vers la compagne du Roi, il lui rendit également les hommages. Celle-ci le regarda à peine, donnant toute son attention à son amant.

Le Faucon s’éloignant d’un pas rapide, Will adressa un sourire à Méloé. Un mal de crâne commençait à poindre et il se demandait s’il faisait bien de débuter une séance de doléances.

— Tu vas te mêler aux Faucons ? lui demanda-t-elle. Je suis étonnée, cela faisait longtemps.

— En effet. Mais je pense que cela ne fera pas de mal pour lier les futurs membres de la Soutyn. Si je veux qu’ils s’impliquent, je dois en faire autant.

De son joli visage rond, Méloé se satisfit de sa réponse.

— Le château doit accueillir une jeune femme en vue de son mariage. Son père doit te présenter ses respects, justement, durant la séance.

Ennuyé que les nobles utilisent ce genre de moment, normalement réservé au peuple, Will ne cacha pas sa contrariété.

— Dans ce cas, tu ferais mieux d’y aller sans moi. Je n’ai pas besoin de perdre mon temps là-dedans. L’entraînement de Bucéphale m’attend.

Le regard étonné de Méloé se posa sur lui, avant qu’elle ne caresse ses lèvres de ses doigts délicats et qu’elle murmure quelques paroles à son oreille que Will écouta distraitement.

Parvenant à l’apprivoiser par ses gestes, le monarque la suivit finalement dans la salle.