Alyana G. / Dérive de Livres Le Reflet de la Lune Argentée. L'amitié, le bourgeon de l'amour.

L'amitié, le bourgeon de l'amour.

Après avoir couru toute la matinée, Lucile et Morgan décidèrent de s'arrêter dans petit snack sur la plage, éreintés, assommés par la chaleur infernale qui se levait sur les maisons et les appartements de Venice Beach. Il n'était que treize heures, la plage était déjà bondée de monde, entre les hommes aux torses dénudés et les jeunes femmes en train de bronzer dans leurs bikinis. Lucile promenait des yeux envieux sur les corps de ces filles minces, aux attributs joliment dessinés. Elle aurait donné cher pour gagner une ou deux tailles de bonnets, afin de palier à sa poitrine inexistante malgré ses vingt-deux ans, pour affiner sa taille et perdre les quelques traces de cellulite que l'on apercevait sous son corps.


Lucile n'avait jamais été complexée avec son corps, jusqu'à ce qu'elle se fasse trompée et plaquée par Ross. Depuis deux ans, la jeune femme n'avait eu personne d'autre, pas même une amourette ni même une aventure d'un soir. Ross était un connard, mais il n'avait pas été le premier. Naïve, Lucile se laissait souvent séduire par le même genre de mec, qui finissait par la mettre dans son lit avant de faire l'autruche ou bien qui allait voir ailleurs dans son dos. Des cinq relations amoureuses qu'elle avait eues, Lucile avait connue quatre cuisants échecs.


A force d'être toujours laissée pour compte, la culpabilité et les questions avaient fini par envahir l'esprit de Lucile. Est-ce que le problème provenait d'elle ? Quelque chose qui faisait que les garçons ne la désiraient que de manière éphémère, jamais plus ? Délaissée, elle avait commencé à observer le genre de filles avec lequel Ross, Derek et Aaron l'avait trompée. C'était toujours le même type de femme : grande, très svelte, élancée, des cheveux très longs et très épais, et des courbes à couper le souffle. Lucile, en revanche, avait des cheveux lisses, plats, quelques grains de beauté, des lentilles de contact en remplacement de ses lunettes, une peau trop claire, des hanches trop développées avec une poitrine qui se cantonnait à un petit bonnet A, des capitons sur les cuisses.


C'était cela. Cela provenait forcément de son corps.


En rentrant de la fête, alors qu'elle s'apprêtait à se mettre au lit, fatiguée d'avoir crié et sauté, son portable avait vibré ; un message de Morgan, qui lui proposait de courir avec lui. Se remémorant les avertissements de Bastian, elle avait hésité un instant, mais la tentation de partager un moment privilégié avec lui - que ce fusse de l'ordre de l'amitié n'y changeait rien - avait été trop forte et elle avait cédé.


Morgan regardait la mer et l'horizon fixement. La mer l'avait toujours calmé. Il avait espéré que cette petite course avec Lucile lui permettrait de se rafraîchir les idées quant à Flavie, mais il se sentait toujours aussi perdu. Peut-être devrait-il abandonner...


C'est Lucile qui aborda le sujet la première.


- Alors, tu sais ce que tu vas faire avec Flavie ?


Morgan garda le silence une bonne minute. Que lui répondre ? En fait, il était presque mal à l'aise de parler de Flavie avec elle. Hier, cela ne l'avait dérangé, bourré comme il l'était, mais maintenant... Le souvenir du mois qui avait suivi leur rencontre ressurgit dans son esprit. Tout s'était arrêté aussi vite que cela avait commencé.


- Je me suis emballé. C'est juste que cela fait tellement longtemps que je... enfin...


Il s'interrompit, réalisant ce qu'il allait dire. Lucile, confuse, avait baissé la tête, ne désirant pas entendre ces mots qui lui briserait un peu plus le cœur. Bastian avait raison, Morgan était une peine perdue. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de le désirer plus que tout.


Mais cet aveu, cela lui faisait mal.


Son attention fut détournée par l'entrain d'Alyssa, qui s'approchait à grands. Le restaurant où elle travaillait n'était pas très loin, mais, avec leur accoutrement, Morgan et Lucile n'avaient même pas eu l'idée d'entrée à l'intérieur. C'était trop guindé pour eux.


Elle s'assit près d'eux en commandant une limonade. Lucile sourit. Dès qu'ils s'étaient arrêtés au snack, avec Morgan, la jeune femme avait envoyé un message à son amie aux cheveux roux. Quelques cernes s'étalaient sous ses yeux, et Morgan s'amusa.


- J'en connais une qui n'a pas dormi !

- Impossible ! Je suis rentrée tard et je prenais mon service à sept heures, je viens de finir.


En fait, c'était un mensonge éhonté, mais Alyssa ne pouvait pas leur révéler la vérité, trop incroyable, trop choquante. Elle-même n'y croyait pas. Elle changea de sujet.


- Flavie est derrière moi, elle arrive, fit-elle.

- Seule ? ne put s'empêcher de s'enquérir Morgan.


Lucile voulut protester, mais un éclat attira son regard ailleurs. Un sourire éclatant d'un jeune homme qui semblait s'avancer vers eux, mais le soleil, aveuglant, l'empêchait de bien le détailler et de le reconnaître. Ce n'est que lorsque le soleil disparut derrière les cheveux blond du jeune homme, l'auréolant de lumière, qu'elle reconnut de doux visage de Taylor. Visiblement, il l'avait reconnu. Piquant un fard immédiatement, Lucile se leva et le rejoignit à petites foulées, sous les regards narquois de ses amis. Il lui sourit.


- Salut, la fugueuse !

- La fugueuse ? pouffa Lucile. Depuis quand tu m'appelles comme ça ?

- Depuis que c'est devenu impossible de te parler plus de deux minutes sans que tu ne me laisses en plan, rit-il de bon cœur.


Lucile gloussa une fois de trop. Merde. Quelle gourde !


Pourquoi ne tombait-elle pas sous le charme d'un garçon aussi adorable que Taylor ? A croire qu'elle avait un faible pour les mecs indisponibles sentimentalement.


Depuis leur table, Morgan jetait de fréquents coup d'œil au couple, ce qui n'échappa pas à Alyssa. Buvant une gorgée de limonade, elle plaisanta :


- Tu t'es autoproclamé chaperon ?


Vexé par la remarque de son amie, il se retourna vers elle.


- Je suis juste intrigué, et je ne veux pas qu'elle tombe mal. Lucile n'a jamais eu de relations depuis que je la connais.

- Pas depuis que cet imbécile qui la draguait s'est mis à embrasser d'autres filles.

- Qui ? s'étonna Morgan, sourcils arqués.


Le jeune homme avait entendu des tas d'histoires sur les échecs amoureux de Lucile, mais jamais celle-ci. Perplexe de ne jamais avoir été mis dans la confidence, il leva des yeux interrogateurs vers Alyssa, qui haussa les épaules.


- Une histoire vieille de deux ans... Elle avait rencontré un mec mais après un mois et du jour au lendemain, plus aucune nouvelle. Puis, elle l'a vu en train de rouler un patin à une autre.


Une pierre tomba dans l'estomac de Morgan, et il combattit de toutes ses forces la tentation de se retourner derechef. Ainsi, Lucile, blessée, avait préféré cacher la vérité.


Nostalgique, il se demanda, en l'observant, ce que ce serait son présent s'il n'avait pas enfoui les sentiments qui naissaient pour elle, à la faveur de Flavie. Cette dernière arrivait, tout sourire, avec une fille à la peau brune. Leurs mains se frôlaient de temps à autre, au hasard de leurs mouvements.

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2 commentaires

Alyana G. / Dérive de Livres

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Il y a 6 ans

Shit ! La relecture survolée, ma bête noire :'(

Rayenn Timeo

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Il y a 6 ans

Ouaiiiiis Morgan, mon grand, tu joues avec le feu là. ET LUCILE PUTAIN TON CORPS EST PARFAIT CEST ROSS QUI EST CON. Petites coquilles à la page un “trompée et plaquée” devraient être à l’infinitif :)
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