leysa Le Père Noël m'a donné son numéro Chapitre 5 partie 2

Chapitre 5 partie 2

Aussitôt, tous les regards se braquent sur moi, mais je les ignore royalement. La seule personne qui m’intéresse, c’est mon cher patron, dont le visage oscille entre meurtre prémédité et crise cardiaque imminente.


Ses yeux, déjà noirs en temps normal, deviennent carrément abyssaux. Autour de moi, des chuchotements fusent, comme une rumeur qui enfle, tandis que j’avance d’un pas félin jusqu’au bout de la table. Adam Mullins, alias le tyran en chef, me fusille du regard, l’air de me maudire sur sept générations.


Un sourire narquois étire mes lèvres alors que je prends une grande inspiration. Puis d’une voix de pimbêche insupportable —la version exagérée de toutes les secrétaires clichées des séries télé—, je m’exclame :


— Oh, excusez-moi du dérangement ! Mélody, l’assistante personnelle de Adamounet ! Enchantée, messieurs.


Je leur adresse un petit signe de main digne d’une reine en tournée, avant d’ajouter, faussement gênée :


— Ne vous laissez surtout pas distraire, je ne voudrais absolument pas interrompre cette réunion tellement importante.


Puis, sans la moindre honte, je m’installe sur le bord du bureau, en croisant bien lentement mes jambes gainées de cuir.


À cet instant précis, je n’ai qu’une seule envie : me décerner un Oscar. De moi-même à moi-même. Franchement, je ne me savais pas aussi bonne actrice, ni aussi excellente dans le rôle de peste insupportable.


En face de moi, Adam —pardon, le tyran—, tente désespérément de reprendre le fil de sa réunion. Peine perdue. Chaque fois qu’il ouvre la bouche, je fais glisser ma jambe contre la sienne, dans un geste aussi subtil qu’un éléphant en tutu, mais parfaitement assumé.


Et, oh mon Dieu, ça marche !


Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé un tel spectacle. Adam Mullins, l’homme le plus froid et calculateur que cette terre ait porté, est en train de buguer.


Il bafouille. Il s’étouffe. Il fuit mon regard.


Et surtout, il a perdu sa couleur. Aussi livide qu’un drap passé à la Javel extra-blanche, il s’accroche désespérément à ses notes, comme si elles allaient miraculeusement lui venir en aide.


Un sourire victorieux étire mes lèvres. Chekmate, Adamounet.


Avec des excuses aussi bancales que ma propre existence, le tyran tente —bégaye serait plus juste— de se justifier. Mais franchement, il sonne aussi sincère qu’un télévendeur qui jure que son aspirateur peut aussi faire le café.


Sérieusement, qui pourrait croire à ses piètres justifications ? Même un lama sourd exploserait de rire devant un mensonge aussi mal ficelé.


Je savoure encore quelques secondes ce moment divin, imprimant dans ma mémoire le visage décomposé d’Adam, avant de décider qu’il est temps pour moi de filer.


Ni une, ni deux, j’opte pour une sortie stratégique —comprenez : je m’éclipse tel un ninja invisible—, espérant éviter l’explosion nucléaire imminente du tyran. Parce que soyons honnêtes, dans exactement trois secondes, il va péter un câble d’une force qui ferait trembler la Tour Eiffel.


Et j’ai zéro envie d’être là pour voir ça.


Je me cache là où il ne me trouvera jamais. Enfin, où il pensera ne jamais me trouver : dans son propre bureau.


Qui aurait l’idée saugrenue de chercher l’ennemi en plein coeur de son territoire ? Personne. Enfin, personne de logique. Mais bon, vu mon niveau d’intelligence douteux dans les moments critiques, ça me parait être une stratégie en béton armé.


Bien installée sur sa chaise en cuir —qui, soit disant passant, est bien plus confortable que la mienne—, je pose mes jambes croisées sur son bureau, adoptant une attitude de patronne qui prendrait une pause bien méritée après une dure journée de sabotage.


Malheureusement, mon moment de gloire est de courte durée.


La porte s’ouvre brusquement dans un fracas assourdissant et, en moins d’une seconde, Adam déboule comme un ouragan de catégorie 12.


Il est furieux. Non, pire, il dégouline de rage. Je jurerais même voir de la fumée noire s’échapper de ses narines. Si quelqu’un me disait qu’il allait se transformer en dragon cracheur de feu, je le croirais sur parole.


— VOUS ! hurle-t-il faisant trembler les murs et probablement l’entièreté du bâtiment.


Je bats des cils avec innocence avant de pointer mon propre visage du doigt faussement choquée.


— Moi ? Vous allez enfin me virer ? Oh non, mieux, vous acceptez ma démission ?


Ses mâchoires se crispent si fort qu’on dirait qu’il s’apprête à exploser sur place. Et puis, soudainement, il rit. Un vrai rire, sombre et grave, qui me file un léger frisson.


Il desserre sa cravate dans un geste beaucoup trop sexy pour son propre bien. Et si je ne le détestais pas autant, je serais probablement en train de baver devant cette scène digne d’un film interdit au moins de dix-huit ans.


— Vous allez immédiatement vous changer et mettre une tenue correcte.


Il s’approche lentement, son regard brûlant d’autorité.


— N’est-il pas précisé dans votre contrat que vous devez porter une tenue professionnelle ?


Je hausse mollement les épaules, feignant un ennui profond, avant d’inspecter mes ongles. Ils ont sérieusement besoin d’une bonne manucure.


— Peut-être bien, oui, dis-je distraitement.


Du coin de l’oeil, je le vois contourner son bureau avec la grâce d’un prédateur qui s’apprête à bondir sur sa proie.


Je pourrais fuir, prendre mes jambes à mon cou et partir très loin, direction une île paradisiaque où Adam Mullins et ses chemises hors de prix n’existent pas. Mais non. Je reste assise, bien ancrée dans sa chaise, jusqu’à ce qu’il se plante devant moi et dégage mes pieds de son bureau avec une autorité qui frôle l’abus de pouvoir.


— Changez-vous. Immédiatement.


Je lève les yeux au ciel avec un soupir dramatique.


— J’ai pas de change.


Il ferme brièvement les paupières, comme s’il luttait contre une pulsion meurtrière, puis se masse les tempes du bout des doigts.


— Évidemment, murmure-t-il pour lui-même, probablement en train de prier tous les dieux existants pour garder son calme.


Puis, dans un geste agacé, il ouvre son placard et en sort un cintre où pendent des vêtements propres.


— Mettez ça. Et changez-vous dans les toilettes !


Il me lance un regard assassin.


— Dieu sait jusqu’où peut aller votre folie.

*J’éclate de rire. Un rire clair, un brin moqueur, qui ne fait qu’accentuer la tension déjà palpable entre nous.


D’un geste lent, je me lève et m’approche, réduisant la distance qui nous sépare. Mon doigt effleure le bout de sa cravate.


— Peut-être qu’au fond, vous aimeriez que je me change devant vous ?



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4 commentaires

Mapetiteplume

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Il y a 10 jours

Elle ezt diabolique 🤣 Je pense que tu pourrais encore plus jouer cette scène au niveau gestuel et sentiments ou ressentiments de l'un et de l'autre. Peut-être pour marquer que lui aussi est près a jouer a son jeu

ElisaCB13

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Il y a un mois

Mais elle est hilarante, j'adore 🤪

leysa

-

Il y a un mois

XD
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