Fyctia

— MÉLODY !

Je ferme les yeux. Inspire. Expire.

Ignore-le.

— MÉLODY !

Je me lève en traînant des pieds, mon soupir pourrait faire s’envoler un troupeau de pigeons.

Un an que je travaille ici en tant que chargée de communication. Un an que mon patron, ce tyran à la gueule d’ange —un bug de la nature, vu son caractère de cochon— me prend pour son assistante personnelle. Il a dû zapper la lecture de mon contrat. Ou alors, il s’en cogne. Fort.

— Qu’est-ce que je peux faire pour vous, monsieur Mullins ? demandé-je d’un ton aussi vibrant qu’un lundi matin sans café.

J’entre sans frapper. Tant pis pour les bonnes manières, il a déjà ruiné ma patience depuis… oh, environ 365 jours. Je ravale mon soupir, histoire de ne pas aggraver mon cas auprès de la belle bête qui me fait face.

— Photocopiez-moi tout ça.

Sans lever la tête, il balance une pile de feuilles en vrac sur son bureau, dans un joyeux fracas.

— Et FRAPPER avant d’entrer ! Ce n’est pas la foire ici !

Je ravale un commentaire bien senti et attrape la pile de feuilles, qui pèse au moins aussi lourd que mon envie de venir bosser tous les matins. À ce stade, j’espère presque qu’elles vont m’achever. Un bon lumbago fatal, et hop, plus besoin de mettre les pieds ici.

— MÉLODY !

Je ferme les yeux, inspire un bon coup, puis me retourne, les mâchoires crispées sous le poids de mon fardeau bureaucratique.

— Dépêchez-vous ! On doit encore décorer l’entreprise aux couleurs de Noël. Alors ne passez pas la journée sur trois pauvres photocopies !

Oh, pardon, je ne savais pas que c’était un sprint olympique. J’hésite à lui proposer de les bouffer, ça irait sûrement plus vite.