Fyctia
Prologue
Je m’en souviendrais toute ma vie de ce rêve, ou plutôt, de ce cauchemar. Il me hantait petite et il continuera à le faire encore longtemps.
Je sens encore son haleine nauséabonde sur ma peau, son humidité, sa chaleur. Je ressens encore la peur me comprimer, me lacérer les entrailles. Je revois ses yeux reptiliens qui me fixaient, ses crocs luisant et sa peau en écailles se parant des teintes de la pièce. Sa longue griffe acérée d’où du sang coulait en un clapotis dérangeant était pointée vers moi, comme pour me dire quelque chose.
J’avais fait ce cauchemar lorsque j’étais enfant. Je venais de fêter mes cinq ans et curieuse, j’avais voulu regarder un croquis qu’un messager avait transmis à mon père. Il m’avait interdit de le regarder et bien entendu, je ne l’avais pas écouté. J’avais attendu qu’il parte vers les écuries avec mon frère pour me faufiler dans son bureau. J’avais dès lors ouvert presque tous les tiroirs qui m’étaient accessibles et j’avais fini par trouver le sujet de ma convoitise. Je me souviens avoir hésité un instant en me rappelant que si je me faisais prendre, que j’allais me faire réprimander sévèrement par papa. Pourtant, ma curiosité l’avait emportée sur ma raison d’enfant et j’avais pris le dessin. Je m’étais figée sur place en le regardant. Le simple fait de l’avoir vu me mettait mal, très mal. Les coups de crayon c’étaient gravés dans mon âme, creusant des sillons indélébiles que je ne pourrais jamais oublier. J’avais retenu ma respiration et je m’étais mise à trembler avant de ranger précipitamment à sa place le croquis de la créature.
Il n’avait pas fallu bien longtemps à mon père pour savoir que quelqu’un avait été dans son bureau et était tombé dessus. Le simple fait de me regarder avait suffi à lui faire savoir. J’étais terrifiée, livide et tremblante de la tête aux pieds. Malgré mon état, j’avais tout de même reçu une punition adéquate : cinq coups de fouet et trois jours sans manger. Ça avait été la première fois que j’avais ressenti ça face à un portrait : une peur absolue. Et pourtant, j’étais en colère, haineuse et je ne savais pas contre qui ni pourquoi.
C’était fasse à un dessin, un croquis approximatif qui pourtant m’avait valu des cauchemars des années durant, encore aujourd’hui. Et c’était la première fois que je tremblais ainsi face à cette abomination se dressant face à moi. Tremblante, le souffle court, le cœur battant et ensanglantée, j’étais absolument terrifiée. Si petite je l’avais été devant un bout de papier crayonné qui m’avait fait cauchemarder au point de m’arracher des hurlements la nuit, ce n’était absolument rien comparé à l'instant présent. Inconsciemment, je savais que je ne mourrai pas tout de suite, pourtant, je voulais qu’il en finisse et m’ôte la vie. Mais la bête ne bougeait plus, il ne faisait que cliqueter et me pointer du doigt. Puis tout devint sombre autour de moi et mes yeux se fermèrent alors que j’expirais le peu d’air présent dans mes poumons au moment où une douleur fulgurante éclata à l'arrière de mon crâne.
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Anthony Dabsal
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Anthony Dabsal
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Oswine
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maelys_thn
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Anna C
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