Lénovie Le miroir du passé Chapitre 9 : Le livre sans nom

Chapitre 9 : Le livre sans nom

Je tomba lourdement sur le sol, suivi d'Isla. Nous étions de retour dans notre lycée "actuel". Je me retourna, essoufflé, et regarda une dernière fois le miroir, sans savoir quoi penser après ce qu'on venait de vivre.


Le livre que j'avais ramené s'était étalé par terre. Je me traîna jusqu’à lui, le ramassa et le pressa contre moi. La couverture était rugueuse et détériorée ; les pages jaunies et trouées ; les écritures tremblantes, voire frénétiques, inscrites parfois au noir profond, parfois au rouge sang dans une langue étrangère ; les illustrations brouillonnent ou étonnamment précises, montrant des choses qui ne sont pas de ce monde... un livre si particulier et inquiétant, et pourtant, j'ai l'envie irrésistible de me plonger dedans, de tout décrypter, d'y déterrer ses secrets et mystères, de le comprendre de A à Z. Avec ce livre, j'ai au moins une preuve de ce qu'on a pu voir.

En sortant de la pièce, je me racla la gorge et m'exprima d'un ton grave :


- Isla, je crois qu'il vaut mieux ne parler à personne de ce qu'on a vu...

- Je suis de ton avis... Me répondit-elle avec la même intonation, même un peu plus tremblante.


Je la regarda en coin et aperçus l'état de ses yeux. Elle pleurait. Des petites gouttes scintillantes coulaient silencieusement le long de ses joues légèrement rosées. Je croisa son regard et elle s'empressa de s'essuyer le visage avec sa main.


- Ce n'est rien... c'est juste la pression qui redescend.


Ne sachant pas quoi dire, j’hochai la tête. C'est une réaction parfaitement normale, tout être humain réagirait de cette façon... sauf moi. C'est quoi mon problème ? Pourtant, je suis encore effrayé rien que de penser à ce que j'ai vu, mais alors pourquoi je ne ressens pas cette envie de fuir ce danger, pourquoi au contraire j'ai envie d'y retourner...


Il n'était pas loin de 17h, nous avions tous les deux fini les cours depuis un bout de temps. Nous restâmes muets pendant un bout de temps, marchant vers la porte de l'extérieur, jusqu’à ce que Isla le brise.


- Jaiden, j'ai besoin de savoir avant de m'en aller. Qu'est-ce que tu as vu ?


Je ralentis le pas, puis m'arrêta complètement. L'image s'était gravée dans ma mémoire, je ne pourrais jamais l'oublier...


- La même chose que toi. Une silhouette sombre, dépourvue de visage, des bras allongés le long du corps et une sorte de fumée noire tout autour d'elle. Quand je m'étais retourné, elle était juste derrière nous, elle marchait dans notre direction de plus en plus vite. Je crois même qu'elle m'a frôlé le dos, juste avant de passer de l'autre côté du miroir.


Isla ne dit plus un mot, elle se contenta de me regarder avec des yeux anxieux. Après un temps dans le silence, elle dut s'en aller. Je la regarda pousser la porte principale et disparaître de mon champ de vision.

Je n'ai plus rien à faire ici.


Je sortis du bâtiment, suivis le chemin granuleux et m'éloigna du lycée. 15 minutes plus tard, j'étais en face de chez moi. À peine suis-je rentré dans le salon que ma mère débarque, ses lunettes de travail de biais sur son nez, la mine endormie.


- J-Jaiden ! Tu es rentré... Fit-elle légèrement surprise.

- Oui, je suis là.


Elle remonta précipitamment ses lunettes et repassa une mèche de ses cheveux emmêlés derrière ses oreilles. Une petite marque rouge était tracée sur sa joue... Elle dormait...

Elle posa ses yeux sur ma main et fronça les sourcils.


– C’est quoi ce livre ?

– Ça ? Juste un livre que j’ai emprunté à la bibliothèque. Dis-je en détournant le regard.


Quelque chose d’étrange se dégagea de ses yeux, semblable à de la crainte. Elle me fixa bizarrement, comme si elle s'était mise sur la défensive.


– Ah bon...


Elle tourna les talons, je l'entendis fermer la porte de sa chambre dans un claquement sourd.


- Bah ?


Ce n'est pas dans ses habitudes. Elle s'est sûrement mal réveillée, j'aurais dû m'en douter qu'elle s'était endormie... Elle me dit qu'elle dort mal, qu'elle est somnambule, mais au fond, je sais qu'elle se surmène, elle travaille toute la journée, et encore le soir, parfois même jusqu'au milieu de la nuit, sans s'arrêter ou prendre de pause. Je m'inquiète vraiment, mais si je lui en touche un mot, elle va tout nier et dire que tout va bien... Si seulement il n'était pas parti...


Je me laissa tomber maladroitement sur mon lit, restant les yeux fermés un instant. L'image de la chose que j'avais vue "de l'autre côté" me revint immédiatement. Elle me pourchasse jusque dans mes pensées, et elle va prendre de plus en plus de place si je ne fais pas quelque chose, si je ne découvre pas ce que tout ça signifie.

Je tourna la tête sur le côté et fixa le livre un peu distrait. Je me redressa d'un bond, attrapa d'une main le livre et de l'autre mon ordinateur. Si je dois faire des recherches, c'est maintenant.


La couverture du livre était d'un noir profond et rugueux. Ce qui semblait être le titre du livre était effacé par le temps, laissant un creux indéchiffrable, et un nom d'auteur était inscrit tout en bas : Addy Calder.


Je fronça les sourcils, perplexe, et retourna le livre. Rien n'était inscrit derrière, aucun résumé, aucune description. Sur la tranche du livre, la lettre "A" était gravée, suivie de "Tome 3". Pas de titre, rien qui indique le genre de ce livre, seulement le nom de l'auteur.

Je fis glisser les premières pages entre mes doigts et m'arrêta sur ce qu'il semblait être un sommaire...


1- Introduction p. 3-8

2- Les ombres p. 9-34

3- Les invisibles p. 35-57

4- Les visibles p. 58-71

5- Les infiltrés p. 72-99


6- Les prisonniers p. 100-128

7- Les ignorants p. 129-149

8- Les nocifs p. 150-176

9- Les inoffensifs p. 177-196

10 - Les doubles p. 197-213


Des termes étranges s’alignaient, n'ayant pas grand rapport les uns avec les autres. La langue était en anglais, j'avais pourtant eu le souvenir d'avoir vu de curieux symboles à travers plusieurs pages...

Je continua à faire défiler les pages, découvrant multiples textes et dessins, de longs paragraphes explicatifs accompagnés de schémas dans la plupart des cas lugubres, je retrouvais les mots employés dans le sommaire écrit en gros en haut de certaines pages, puis une vingtaine de pages sur le sujet.

Je revins sur l'introduction et parcourus les premières lignes...


Parfois, il arrive que l'âme d'un corps se retrouve à errer dans notre réalité. Pour une quelconque raison, elles peuvent se retrouver bloquées dans notre monde sous plusieurs formes différentes. Vous en avez sûrement déjà croisé, qu'elles soient de forme humaine ou sous une forme spectrale, qu'elles soient enfermées quelque part ou libres de leurs mouvements ou encore qu'elles vous soient agressives ou totalement sans défenses, elles sont là, quelque part, à vous observer en permanence sans vous lâcher du regard... Si vous avez déjà été en contact direct avec elles, il est trop tard pour vous...



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