Fyctia

Un silence pesant s’installa. Mon corps se figea quand je compris qu’elle parlait de moi.

Elle s’avança, toujours le doigt pointé en ma direction, le pas résonnant dans la pièce. Arrivé à ma hauteur, elle se pencha sur mon bureau et s’exclama d’une voix perçante :

- Je t’ai dit de te lever.

Je m’exécuta et me redressa en chancelant. Une fois debout, elle m’examina de prêt, portant son regard de mes cheveux jusqu’à mes chaussures. Sa main osseuse agrippa ma manche et la tira légèrement vers elle.

- Tu n’as pas reçu ton uniforme ?

- Euh… Non pas encore.

Elle me toisa d’un coup d’œil et remonta ma manche d’un coup sec. Un rictus apparue sur son visage, la rendant encore plus intimidante qu’elle ne l’était déjà.

- Tu n’as pas reçu ton emblème non plus ?

- Mon… quoi ? Demandais-je perplexe.

Elle fixa encore mon bras pendant quelques secondes avant de le lâcher sèchement. À pas lourd, elle se redirigea vers son bureau et se posa derrière celui-ci.

Je me rassis précipitamment sur ma chaise, perturbé par ce qu’il venait de ce passer. Je tourna la tête vers Isla, dans l’espoir d’obtenir des explications, mais j’eus l’impression que son visage caché de la crainte. Elle croisa mon regard et marmonna quelque chose… je pus lire sur ses lèvres avec certitude : Désolée…

Mon visage se décomposa, ne comprenant pas pourquoi Isla affichée un aire si grave.

Désolée ? Mais pourquoi… qu’est ce qu’elle veut dire ? Et de quoi la professeur parlait… d'un emblème que je n’aurais pas reçu ?

Je retourna la tête vers la prof, qui gardée toujours un œil sur moi, et fondu sur ma chaise, voulant à tout prit me rendre invisible.

Elle projeta sur un grand tableau blanc une image flou, ressemblant fortement à un dessin grec ou mythologique. Après avoir plissés des yeux plusieurs fois, je remarqua au centre du dessin une forme humanoïde et sinistre ; deux grands traits noirs, semblables à des cornes, tranchés le dessin ; quelques hachures rouges sang paraissaient couler le long du croquis ; un brouillard de crayon estompé s'étalait autour de la figure humaine. Tout ces détails rendaient l'image mystérieuse et menaçante, comme si l'aspect de celle-ci faisait flotter dans l'air un sentiment d’oppression.

- Pour commencer, je tient à rappeler à certaines personnes que tout ce qui est dit dans ce cour est relié aux mythes, et donc ne se raccroche à aucune explication rationnel, expliqua t-elle en me fixant de nouveau.

Elle reprit d'un ton morne et sans intérêt :

- Voici la toute première illustration, datant de l'an 600, d'un "esprit psychique", découvert en Égypte antique. Il représente, selon certain dire, notre inconscient sous une forme humaine. Évidement, il existe d'autres illustrations, différentes en générale mais ressemblantes sur un point en particulier...

Elle désigna les deux tranches noirs sur le dessin, parfaitement symétrique, mais pourtant tracées grossièrement sur le papier.

- Ces cornes, symbolique de supériorité et de puissance, sont présentes sur absolument tout les dessins. On peut à partir de cette simple info en déduire plusieurs hypothèses. Par exemple, notre esprit peut être considéré comme une "entité" dépendante de notre corps, ou simplement représenté comme un état supérieur de notre inconscient, ou encore...

Pendant deux heures, je l'ai entendue déballer toute sorte de théories et hypothèses. Elles me semblaient toutes plus tirées par les cheveux. Les unes comme les autres.

Dès que le cour fut fini, je sortis les oreilles fumantes. Je crois que mon cerveau à court-circuité...

Avant que je ne puisse m'en aller trop loin, Isla me rattrapa.

- On a fini les cours de la matinée, vient je vais t'amener au réfectoire, fit t-elle plein d'enthousiasme.

Elle m'entraîna par le bras et nous sortîmes de l'aile centrale, traversant la cour à grand pas. J’aperçus un peu plus loin un petit bâtiment caché par les arbres, où un amas d'élèves s'y engouffrés.

Une fois entrée, je scruta l'intérieur. L'endroit était comparable au bâtiment, propre et spacieux.

Je pris un plateau et je me servis. La nourriture était d'ailleurs bien plus diversifié que dans mon ancien lycée. Après ça, nous nous assîmes à une table, et je n'attendis pas longtemps avant de poser tout un tas du question...

- Dis moi Isla, ce lycée... il est...

- Particulier oui, me coupa t-elle, je ne crois pas qu'il existe d'autre école de ce genre. D’ailleurs, elle a été créée en 1823, par un homme anonyme... plutôt bizarre hein ? fit t-elle en secouant la tête de haut en bas.

- Ah oui...Et... tout à l'heure, la professeur a parlé d'un emblème... à quoi ça correspond ?

Elle sembla gênée et elle se pinça les lèvres, tout en tripotant nerveusement sa cravate. Elle évitait même de me regarder. Qu'est ce qu'elle a d'un coup ?

- Je... je ne sais pas si je peux te le dire... bafouilla t-elle le regard fuyant.

- Quoi ? Ça à l'air important pourtant, j'aimerais vraiment savoir !

Elle grimaça et s'avança légèrement vers moi tout en baissant d'un ton :

- Tout ce que je peux te dire, c'est que ça n'apporte rien de bon...

- Rien de bon, sérieux ?

Elle secoua frénétiquement la tête, sans rien ajouter. Je sentais bien qu'Isla était fermé à cette discussion, et que je n'irais pas bien loin comme ça... Je me sentais maintenant honteux de l'avoir mis mal...

- Bon... je vois... et donc ici, il n'y a pas de maths ou d'étude de langue, un truc dans le genre ?

- Non ! Cette école est spécialisé dans ces trois matières : politique, scientifique et psychologie.

- Mais... ma mère m'a pourtant inscrit dans un lycée générale !

Isla fronça les sourcils et haussa simplement les épaules.

- Ici ça n'as rien de générale comme tu peux le voir. Soit ta mère c'est trompée, soit...

- Soit quoi ? Lui demandais-je intrigué.

- Non... laisse tomber... mais maintenant que tu es ici, tu ne peux pas faire marche arrière.

Ce n'est pas le genre de ma mère de ce tromper, alors il y a forcement un problème autre part. Je croisa les bras et fixa mon assiette, tendu par ce qu'Isla venait de me dire. Évidement qu'elle me mentait, mais pourquoi ?

Après quelques secondes de blanc, elle repris la parole, un peu embarrassé.

- Si tu veux, puisqu'on a deux heures de pause, je pourrais te faire visiter les autres ailes, comme ça tu serras moins perdu ?

- C'est une bonne idée, merci !

Je la vu sourire... d'une manière forcé.

J'avais de plus en plus de doute. Pas sur Isla, mais sur cette école vraiment étrange... En plus d'être mystérieuse, elle avait un côté effrayant, et je pèse mes mots. Depuis ce matin, j'ai l'impression d'avoir des regards constamment posés sur moi, sauf que ce ne son en aucun cas ceux des élèves... j'ai sans arrêt cette impression d'être observé d'en haut, des fenêtres...

Après avoir fini de manger, nous sortîmes dehors. Isla m'emmena devant le bâtiment scientifique pour me le présenter, mais alors qu'elle s’apprêtait à pousser la porte, elle s’arrêta.

- Dis moi Jaiden... tu crois au paranormal ?