Herrade_Riard Le lycée des Surnaturels Chapitre 10 (1)

Chapitre 10 (1)

Lorsque le réveil sonne le lendemain matin, j'ai la conviction d'avoir passé la nuit à tourner dans mon lit, l'esprit agité. Le lit est confortable, bien plus que celui de la maison, un vieux meuble bancal que Maman avait récupéré on ne sait où. Les draps sont doux et les oreillers moelleux. Simplement, je ne dors jamais bien les premières nuits, lorsque je ne suis pas chez moi. Le craquement du bois, le murmure du vent et tous les bruits inconnus m'ont tiré de ma torpeur.


Mes omoplates, quant à elles, n'ont cessé de me lancer. Cette douleur sourde m'a maintenu éveillé plus d'une heure, à me retourner sans cesse pour trouver une position qui ne m'arracherait pas une grimace. Je ne comprends pas ce qui leur prend. Si cela continue, je serai obligé d'en parler à Maman, car les fées des plantes sont de très bonnes guérisseuses. Mais l'idée de l'appeler au secours dès le premier jour me remplit de honte.


Je rassemble enfin assez d'énergie pour ouvrir les yeux. Je tourne la tête en direction du lit de mon colocataire. Il est vide. Une note est posée sur les draps soigneusement tirés. Je titube hors du lit pour la lire, les jambes lourdes de sommeil.


Suis parti nager.


Évidemment, Jérémie est un triton. Il ne peut pas rester trop longtemps loin de l'eau.


Je bâille une bonne centaine de fois en me traînant jusqu'à mon placard. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour réussir à enfiler mon uniforme qui dispose de toute sorte de boutons placés à des endroits incongrus.


Devant le miroir, j'essaie de mettre un peu d'ordre dans mes cheveux en bataille. Un rapide passage des doigts suffit à me convaincre de garder un look naturel.


Mon sac de cours rempli la veille trône à côté du lit. Je le balance sur mon dos, malgré la protestation de mes omoplates, et sors dans le couloir.


J'attrape mon sac de cours que j'ai rempli hier de ma trousse et de cahiers neufs pour le caler sur mes épaules. Les choses sérieuses commencent aujourd'hui. Je ferais mieux de ne pas traîner, d'ailleurs. Maman nous a raconté un jour qu'il y avait des croissants à la cantine le jour de la rentrée, mais jamais assez, car les loups-garous sont voraces et trichent sur la quantité.


Je presse le pas vers ce que je pense être la cantine. Hier soir, c'était facile : il m'a suffi de suivre Jérémie. Mais ce matin, seul, je me retrouve obligé de demander ma route à deux fées de terminale qui m'indiquent le chemin avec une certaine condescendance.


— C'était ce garçon fée, non ? demande l'une d'entre elles à l'autre sans prendre la peine de chuchoter.


Si j'étais Morgane, je me serais sans doute retourné pour leur lancer un commentaire cinglant. Ma jumelle est la reine des réparties. Mais, comme je suis juste moi, je me contente de presser encore davantage le pas en faisant mine de ne rien avoir entendu.


Quand j'arrive enfin à la cantine, une longue file d'attente s'est déjà formée. Je prends un plateau et j'observe les élèves autour de moi, espérant apercevoir Morgane ou Jérémie. Les sirènes et tritons sont facilement repérables, avec leurs cheveux mouillés. Je ne vois cependant pas mon colocataire parmi eux. Impossible de manquer les loups qui sont les plus bruyants et se bousculent dans la queue en ricanant. Apparemment, ça les éclate.


Les croissants diminuent dangereusement dans la corbeille au fur et à mesure que j'avance. Les loups devant moi en attrapent deux chacun. Je soupire de soulagement en voyant qu'il en reste un tout dernier.


Je tends ma main vers la corbeille lorsque le croissant se met soudain à léviter et me file sous le nez. J'essaie de l'attraper, mais il finit dans la main du magicien boutonneux que j'avais repéré hier.


— Désolé, me dit-il sur un ton qui ne paraît pas du tout désolé.


Ulcéré, je le regarde enfourner la viennoiserie dans sa bouche alors qu'il était derrière moi dans la queue. Puis il époussette une miette imaginaire de sa veste jaune (pardon, sa veste or) et sort de la file sans m'accorder plus d'attention.


Quel sale type !


Je regarde la corbeille vise, malheureux. Et voilà, plus de croissant. Voilà qui ne présage rien de bon pour le reste de la journée.


Je passe en revue le reste des aliments, de mauvaise humeur. Il n'y a même pas mes céréales préférées. Tout ce qui s'en rapproche ce sont ces espèces de cornflakes sans sucre. Beurk. Les fées aiment les aliments sucrés et je ne fais pas exception à la règle (pour une fois). Le goût des confitures faites maison de Maman me vient à la bouche et je suis pris d'une brusque nostalgie. J'aimerais bien pouvoir me télétransporter à la maison juste pour le petit-déjeuner. Il y a sans doute à l'heure actuelle une grosse brioche odorante qui sort du four, et…


— Eh, toi ! m'interpelle soudain une voix autoritaire dans mon dos.


Celle du loup-garou de la douche.

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29

29 commentaires

cedemro

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Il y a 4 mois

Un baiser fougueux contre un croissant ? 🤣

Herrade_Riard

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Il y a 4 mois

J'ignore qui gagne à l'échange 😆

Fanny Nohal

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Il y a 5 mois

mais heu j avais dit juste un chapitre ce soir... je me vois dans l'obligation de continuer la!

Emmy Jolly

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Il y a 5 mois

Ah le loup garou de la douche j'espère qu'il va prendre sa défense ! Ou bien lui donner un croissant quand même!

Herrade_Riard

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Il y a 5 mois

Oui, les croissants c'est important 😌

Psyckito

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Il y a 5 mois

Fait attention tu as écrit vise au lieu de vide

Herrade_Riard

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Il y a 5 mois

Oups, merci !

Ode 30

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Il y a 6 mois

En attente de la suite donc 😊

Herrade_Riard

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Il y a 6 mois

Dès que ce sera débloqué 😅
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