Herrade_Riard Le lycée des Surnaturels Chapitre 8 (1)

Chapitre 8 (1)

La chambre qui m'a été allouée se trouve à gauche du couloir, tout au bout. Je tourne la clef dans la serrure et pousse la porte qui s'ouvre avec un léger grincement. La pièce est étroite, presque étouffante, avec deux lits placés contre les murs, chacun accompagné d'un bureau. Une grande commode trône au centre, manifestement partagée entre les deux occupants. L'odeur du bois se mêle à celle légèrement poussiéreuse d'une chambre restée trop longtemps inoccupée.


Mon mystérieux colocataire n'est pas là, mais ses affaires sont déjà entassées dans une moitié de commode. Il a pris le lit de gauche, comme me le prouve son uniforme posé négligemment sur le dossier de la chaise. Une veste bleue. Un triton. Je sens mes épaules se détendre un peu. Je n'aurais pas aimé partager ma chambre avec un vampire. Ils ne sont pas censés boire le sang des fées, mais on ne sait jamais. Et les loups ? Trop bruyants. Et sexistes (les fées aussi, mais passons).


Je pose mon cactus sur le bureau vide, le seul élément familier dans cette chambre impersonnelle. Ma valise finit poussée dans un coin. Si j'étais une bonne petite fée, je l'ouvrirais et passerais des heures à ranger mes affaires méticuleusement comme Morgane doit être en train de le faire. Ma flemme est trop puissante pour cela. Ce genre d'activité peut bien attendre un jour ou deux. En revanche, je réfléchis déjà à l'emplacement futur de mes posters The Witcher pour apporter un peu de chez moi dans ce lieu austère.


Je m'approche de l'unique fenêtre. La chambre donne sur la rue, mais tout ce que j'aperçois, c'est le parc, le grand mur et les élèves qui profitent de leur dernière journée de liberté. La fée rousse et ses copines sont encore là, gloussant à n'en plus finir et agitant leurs ailes pour se faire remarquer. Les loups-garous torses nus, eux, ont disparu, et je sens une pointe de déception. Non que j'avais l'intention de les mater en douce. Mais, bon, un coup d'œil discret ne peut faire de mal à personne.


Je recule en secouant la tête. Je dois me reprendre. Je n'ai pas du tout l'intention de tenter quoi que ce soit avec un loup-garou. Je n'ai pas besoin du petit discours de ma mère pour savoir qu'ils sont des partenaires pénibles pour les autres espèces. En réalité, j'ambitionne de rester discret et de me concentrer sur mes études. Je me contenterai de repousser les prétendantes fées que Grand-mère ne manquera pas de lâcher sur moi, la connaissant.


Je soupire en massant mes omoplates douloureuses. Je me sens sale après le voyage en TGV et notre périple à travers la gare Montparnasse. Une bonne douche me fera du bien.


J'attrape la savonnette remise par ma mère, celle qui est censée "changer mon destin", ou je ne sais quoi, et je me mets en route, impatient de me laver.


La salle de bain commune pour les garçons se révèle heureusement plus moderne que le reste du bâtiment. Elle comporte des cabines individuelles préservant l'intimité et heureusement, car je suis plutôt pudique. L'odeur de l'eau chaude et du savon flotte dans l'air.


J'accroche ma serviette à un portemanteau avant d'aller m'enfermer dans l'une des cabines. Je me déshabille rapidement et laisse l'eau couler le long de mon corps avec un soupir d'aise en sentant la chaleur apaiser mes muscles tendus. J'attrape le cadeau de Maman et me frictionne. Je ne sais pas si mon destin va changer, mais il faut reconnaître que cette savonnette sent plutôt bon la rose, comme le jardin à la maison à certaines saisons. Je frotte vigoureusement, insistant sur mes omoplates douloureuses après avoir traîné cette valise toute la journée.


— Oof, ça fait du bien, je me murmure à moi-même, les yeux fermés.


Puis j'éteins l'eau avant de trop en gaspiller. Je secoue la tête pour chasser les gouttes de mes cheveux mouillés. C'est alors que je réalise mon erreur : j'ai laissé ma serviette hors de la cabine. Je n'ai que mes vêtements et je ne peux pas les enfiler en étant tout mouillé. Après un moment d'hésitation, je finis par mettre au moins mon caleçon qui va être trempé, mais tant pis.


Je me mords la lèvre et entrouvre la porte de la cabine. Je risque un coup d'œil. Personne en vue. Fonçons.


"C'est comme si tu étais à la piscine en maillot de bain", je m'encourage.


Sauf que… je porte le caleçon le plus ridicule du monde, une horreur noire avec de gros cœurs roses à paillettes placés stratégiquement au niveau de mes fesses et la mention "love, love, love" écrite partout. C'est un cadeau de Morgane. Elle l'avait acheté à l'origine pour l'offrir à Noël à l'un de ses Envoûtés. Sauf qu'ils ont rompu avant les fêtes, et c'est donc moi qui ai hérité de cette merveille.


J'avais presque atteint ma serviette, lorsque la savonnette mouillée, que je tenais toujours, me tombe des doigts et glisse sur le carrelage. Je pousse un juron, agacé. Tu parles d'un changement de destin ! Je m'apprête à me pencher pour la ramasser lorsque j'entends du bruit derrière moi. Mon cœur rate un battement.



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21 commentaires

Fanny Nohal

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Il y a 5 mois

Oups...le pauvre. il est déjà pas aidé... il.mecfait un peu mal au cœur le coco.

Emmy Jolly

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Il y a 5 mois

Oui la savonnette qui se fait la malle et Vivien et son caleçon ridicule 😂 le pauvre il est pas aider. On s'attache vraiment à ce personnage avec tous ses petits défauts et ses petites péripéties 💖

Herrade_Riard

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Il y a 5 mois

Merci ^^. Pas sûre que la savonnette magique rende grand service à Vivien 😅

Jude._.

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Il y a 6 mois

La fameuse savonette !!!

Herrade_Riard

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Il y a 6 mois

Eh oui 😉

Le Mas de Gaïa

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Il y a 6 mois

Il a l'air chouette son caleçon :)

Herrade_Riard

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Il y a 6 mois

N'est ce pas ? :)
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